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Le.blog.catholique.de.Véronique (Blog personnel)

"Il remit l'Esprit"

4 Avril 2012, 16:21pm

Publié par Véronique

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I - "Il remit l'Esprit"

Le don parfait est l'acte par lequel le Père donne librement sa vie au Fils, se confiant totalement à lui en son mystère prorpe et en son dessein de salut (et c'est tout un). Donner à l'autre, c'est se donner et se confier à lui et lui confier une mission. Or, pour recevoir ce don plénier qui le fait vivre, le Fils se redonne entièrement au Père. L'accueil du don trouve sa réalité dans le don en retour qui n'est pas moins que le don de soi-même dans la pauvreté et le détachement. La marque filiale du contre-don de Jésus au Père est la bénédiction ; toute sa vie filiale est le mouvement de la louange et de l'eucahristie : reconnaître le don qui le fait vivre et glorifier le Père qui est la source du don ! Ce mouvement tout filial de la mémoire du don et de l'action de grâce se réalise pleinement dans l'offrande de Jésus au Père sur la Croix. Or le don de Jésus au Père trouve alors son accomplissement quand il lui redonne sa vie jusqu'à son Esprit !

La source de notre vie filiale et de notre prière est cet acte par lequel jésus redonne entièrement sa vie au Père en lui remettant son Esprit. Ce don en effet réalise et même accomplit le désir ultime que Jésus a exprimé dans sa dernière demande : "J'ai soif !". C'est la prière du psaume : "Mon âme a soif du Dieu vivant ! " (Ps 41, 3). C'est la soif du Père, lui qui est la source de la vie. Le fond de notre vie filiale et de notre prière est de laisser Jésus désirer en nous le Père. Deux actes de Jésus au terme de sa vie se réalisent et se comprennent l'un par l'autre : sa demande - "J'ai soif" - et aussitôt après, son don plénier - la remise de son Esprit au Père. C'est par ces deux actes que Jésus rassemble sa vie et l'accomplit dans son don total au Père. Reprenons-en le contexte dans l'évangile de Jean :

"Après quoi, sachant que dès lors tout était achevé, pour que l'Ecriture soit accomplie jusqu'au bout, jésus dit : "J'ai soif.". Il y avait là une cruche remplie de vinaigre, on fixa une éponge imbibée de ce vinaigre au bout d'une branche d'hysope et on l'approcha de sa bouche. Dès qu'il eut pris le vinaigre, Jésus dit : "Tout est achevé" et, inclinant la tête, il remit l'esprit." (Jn 19, 28-30)

Cette brève séquence est traversée et orientée par le thème de l'accomplissement qui évoque la Passion de Jésus comme son investiture en tant que grand prêtre. Jésus sait qu'il a accompli la volonté du Père our l'oeuvre de la réconciliation. Accomplir, c'est davantage que réaliser un programme annoncé, c'est conduire à la perfection. Il y a, dans l'accomplissement, le propos d'amener une personne à sa maturité, à la plénitude de son être dans le don entier de soi-même. Ici, en Jésus lui-même, l'accomplissement est une nouvelle révélation de Dieu, un nouveau don. La science et joyeuse au dessein du Père : c'est la certitude, la liberté et même l'autorité que confère l'obéissance.

Tout est accompli, mais il reste pourtant à accomplir l'Ecriture et même à l'accomplir "parfaitement", le teste le souligne. Que vient ajouter l'Ecriture ? Elle révèle la volonté du Père. Dans les heures de sa Passion, comme il ne peut plus agir ni enseigner, jésus obéit au Père en réalisant l'Ecriture en sa propre chair. C'est donc pour accomplir l'Ecriture que Jésus exprime son ultime demande - "J'ai soif " - qui résume son oeuvre de Rédempteur, son ammour infini pour l'homme pécheur et même son désir sans mesure de se donner pour nous. De quoi a t-il soif ? Réduit à toute extrémité par un supplice qui le vide de son sang, Jésus connaît une soif paroxystique. mais, en cela même, il éprouve la soif de notre adhésion, dans la foi et l'amour, à la vie qu'il nous propose de la part du Père. Il veut nous communiquer sa soif du Père qui est la source des eaux vives. Et c'est bien pour cela que Jésus, plus que tout, a soif de nous donner son Esprit, puisque l'Esprit conduit au Père.

Une fois que Jésus a parfaitement accompli l'Ecriture en exprimant sa soif, il peut dire : "Tout est accompli (1).". A sa soif, les hommes ont donné la réponse décevante de l'eau vinaigrée qui marque la division du coeur de l'homme pécheur. Le geste de donner à Jésus un peu d'eau vinaigrée exprime en même temps la pitié et la dérision. Mélange fermenté, le vinaigre signifie le don qui se dénature. Les hommes laissent donc jésus à sa totale solitude dans la détresse. Il ne lui reste plus qu'à remettre au Père, et à lui seul, sa soif, sa demande d'amour qui n'a pas reçu de réponse adéquate. Il incline la tête comme pour entrer volontairement dans le repos, son travail de rédemption achevé. Enfin, il remet l'Esprit : c'est là l'acte du don total qui est le sommet et le centre de toute la vie de Jésus. L'esprit est le don que Dieu ne cesse de faire à l'homme pour lui permettre d'entrer en relation personnelle et immédiate avec lui. Il est le foyer intime de la vie de la personne (le centre le plus profond de l'âme). En son dernie rsouffle de vie, Jésus redonne au Père tout ce qu'il a reçu de lui en son humanité. la vie de Jésus, Homme parfait, trouve son centre en son achèvement dans le don. C'est en redonnant ainsi tout au Père qu'il est accompli en son Être filial. Il apleinement accueilli du Père le don de la vie dans l'acte par lequel il lui redonne tout.

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"Accompagnement spirituel & vie d'oraison"

Père Jean-Claude SAGNE

Editions des Béatitudes

     

(1). En voulant cerner la dernière prière de Jésus, nous avons pris en compte la finale de la passion dans les évangiles de Jean ou de Luc qui centrent tout sur la confiance de Jésus au Père (Lc 23, 46) ; mais à tout prendre, le cri de Jésus que rapportent les évangiles de Matthieu et de Marc : "Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?" (Mt 27, 46 ; Mc 15, 34) peut être compris lui aussi comme l'expression suprême de la confiance de Jésus en son Père. 

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