Sainte Jeanne d'Arc
« La Pucelle d'Orléans »
Patronne secondaire de la France
Sainte Jeanne d'Arc montre d'une manière particulièrement éclatante combien Dieu se plaît à choisir les plus faibles instruments pour l'accomplissement des plus grandes choses.
Jeanne d'Arc naît à Domrémy, dans la Lorraine actuelle, le 6 janvier 1412 ; ses parents, Jacques d'Arc et Isabelle Romée, étaient des cultivateurs faisant valoir leur petit bien. La première parole que lui apprit sa mère fut le nom de Jésus ; toute sa science se résuma dans le Pater, l'Ave, le Credo et les éléments essentiels de la religion. Elle se confessait et communiait très régulièrement ; tous les témoignages contemporains s'accordent à dire qu'elle était « une bonne fille, aimant et craignant Dieu », priant beaucoup Jésus et Marie. Son curé put dire d'elle : « Je n'ai jamais vu de meilleure chrétienne, et il n'y a pas sa pareille dans toute la paroisse. »
La France était alors à la merci des Anglais et des Bourguignons, leurs alliés ; la situation du roi Charles VII était désespérée. Jeanne avait treize ans quand l'Archange saint Michel lui apparut une première fois, vers midi, dans le jardin de son père et lui donna des conseils pour sa conduite. Il lui déclara que Dieu voulait sauver la France par elle. Les visions se multiplièrent ; l'Archange protecteur de la France était accompagné de sainte Catherine et de sainte Marguerite, que Dieu donnait à Jeanne comme conseillères et comme soutien.
Jusqu'ici la vie de Jeanne est celle d'une pieuse bergère ; elle va devenir celle d'une guerrière vaillante et inspirée ; elle avait seize ans quand le roi Charles VII, convaincu de sa mission par des signes miraculeux, lui remit la conduite de ses armées. Bientôt Orléans est délivrée, les Anglais tremblent et fuient devant une jeune fille. Quelques mois plus tard, le roi est sacré à Reims.
Jeanne fut trahie à Compiègne, vendue aux Anglais, et après un long emprisonnement, où elle subit de nombreux outrages, elle fut condamnée et brûlée à Rouen (30 mai 1431).
Jeanne d'Arc a été béatifiée le 18 avril 1909, par saint Pie X (Giuseppe Melchiorre Sarto, 1903-1914), et proclamée sainte le 16 mai 1920 par le pape Benoît XV (Giacomo della Chiesa, 1914-1922).
Sainte Jeanne d'Arc a été déclarée Patronne secondaire de la France par un Bref du pape Pie XI, le 2 mars 1922.
Pour approfondir, lire la Catéchèse du pape Benoît XVI :
>>> Sainte Jeanne d’Arc
[Allemand, Anglais, Croate, Espagnol, Français, Italien, Portugais]
Un documentaire sur sainte Jeanne d'Arc
On a tendance à oublier que Jeanne d'Arc, symbole de courage, de fidélité et d'espérance, fut imprégnée dès l'enfance d'une mission divine. À peine se souvient-on du soutien que lui apportèrent les voix de l'archange Saint Michel, de Sainte Catherine et de Sainte Marguerite, qui l'inspirèrent constamment. Mais que sait-on réellement de la spiritualité profonde de celle dont l'Église a réhabilité la mémoire en l'élevant au rang de sainte de telle sorte qu'elle demeure la gloire de la France dont elle fut déclarée patronne secondaire ? Ce programme captivant, tourné sur les lieux où naquit, vécut et mourut Jeanne d'Arc, fait la part belle à la spiritualité de celle dont la bonté transcenda la grandeur et qui reste l'un des personnages les plus marquants de notre Histoire. Un splendide et passionnant documentaire qui éclaire d'un jour nouveau la personnalité de Jeanne d'Arc dont Jules Quicherat a eu raison de dire que " sainte du Moyen-Âge que le Moyen-Âge a rejetée, elle doit devenir celle des temps modernes ". Un film de Janine et Armand Isnard.
Emission du 30/05/2012
Sa vie racontée aux enfants
L'anneau de sainte Jeanne d'Arc de retour en France - Au Puy du Fou, le 20 mars 2016
Litanies de sainte Jeanne d'Arc
Père céleste, qui êtes Dieu, --> ayez pitié de nous.
Fils, Rédempteur du monde, qui êtes Dieu, --> ayez pitié de nous.
Esprit-Saint, qui êtes Dieu, --> ayez pitié de nous.
Sainte Trinité, qui êtes un seul Dieu, --> ayez pitié de nous.
Sainte Jeanne d'Arc, née à Domrémy, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, née dans la nuit de l'Épiphanie, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, fille de laboureurs, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, faisant l'aumône aux pauvres, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, simple et douce fille de France, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, qui avez entendu la voix d'un ange, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, qui avez vu saint Michel, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, qui avez écouté tous les bons conseils de saint Michel, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, à qui saint Michel demanda de secourir le roi de France, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, qui avez promis à l'Ange de garder votre virginité, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, qui avez refusé le mariage, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, qui vous êtes consacrée uniquement à l'appel de Dieu, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, protégée par sainte Marguerite et sainte Catherine, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, qui vous êtes fait accompagner auprès du Dauphin, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, à qui vos compagnons furent entièrement dévoués, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, qui vous êtes agenouillée devant le Roi, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, qui avez annoncé au Dauphin qu'il serait sacré et couronné à Reims, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, qui avez pris l'armure, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, qui avez annoncé la défaite des Anglais, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, portant l'étendard de Notre-Seigneur, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, qui encouragiez les hommes de votre armée à la confession, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, qui avez ordonné par trois fois aux Anglais de quitter le Royaume de France, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, qui avez donné l'assaut vaillamment, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, qui avez délivré la ville assiégée d'Orléans, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, qui avez remporté toutes vos batailles contre les Anglais, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, qui avez ouvert la route vers Reims, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, très priante, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, très patiente, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, toujours gaie, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, revêtue d'humilité, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, très courageuse et pleine d'audace, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, enthousiaste et forte de vos étonnantes victoires, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, avertie par les voix de sainte Marguerite et sainte Catherine de votre emprisonnement, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, trahie par le Roi, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, persécutée durant de longs interrogatoires, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, menacée de tortures, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, condamnée au bûcher, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, qui avez accepté héroïquement la sentence, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, glorifiant Dieu par des louanges sur le bûcher, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, qui avez prononcé le nom de Jésus avant de mourir, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, qui avez fait l'admiration de vos bourreaux, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, qui avez rendu l'âme en état de grâce, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, dont le cœur fut découvert intact dans les cendres, --> priez pour nous.
Sainte Jeanne d'Arc, par qui Dieu sauva le royaume de France, --> priez pour nous.
Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde, --> pardonnez-nous Seigneur.
Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde, --> exaucez-nous Seigneur.
Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde, --> ayez pitié de nous.
Prions : Seigneur, Vous avez sauvé la France du grand péril qui la menaçait, et Vous nous rappelez par l'intermédiaire de sainte Jeanne d'Arc, qu'elle est et restera à tout jamais la Fille Aînée de l'Église. Suscitez, en notre pays, des âmes fidèles et vaillantes, humbles et obéissantes à Vos commandements, et, par l'intercession de Jeanne d'Arc, nous Vous demandons le courage et la persévérance pour préserver la foi sur notre sol de France. Ainsi soit-il.
Source
Sainte Jeanne d'Arc, par le pape Benoït XVI
Audience générale du pape Benoît XVI, le 26 janvier 2011 - Sainte Jeanne d'Arc
Chers frères et sœurs,
Aujourd'hui, je voudrais vous parler de Jeanne d'Arc , une jeune Sainte de la fin du Moyen Age, morte à 19 ans, en 1431. Cette sainte française, citée plusieurs fois dans le Catéchisme de l'Eglise catholique , est particulièrement proche de sainte Catherine de Sienne , patronne de l'Italie et l'Europe, dont j'ai parlé dans une récente catéchèse. Ce sont en effet deux jeunes femmes du peuple, laïques et consacrées par la virginité; deux mystiques engagées, non pas dans le cloître, mais au milieu des réalités les plus dramatiques de l'Eglise et le monde de leur temps. Ce sont peut-être les figures les plus caractéristiques de ces "femmes fortes" qui, à la fin du Moyen Age, portèrent sans crainte la lumière de l'Evangile dans les événements complexes de l'histoire. On pourrait les rapprocher des saintes femmes qui sont restés près du Calvaire, auprès de Jésus crucifié, et de Marie, sa Mère, tandis que les apôtres avaient fui, et que Pierre lui-même l'avait renié à trois reprises. L'Eglise à cette époque, vivait la crise profonde du Grand Schisme d'occident, qui a duré près de 40 ans. Lorsque Catherine de Sienne est morte en 1380, il y avait un pape et un antipape ; quand Jeanne est née en 1412, il y a un pape et deux antipapes. Avec cette déchirure au sein de l'Église, il y avait des guerres fratricides continuelles entre les peuples chrétiens d'Europe, dont la plus dramatique fut l'interminables "Guerre de cent ans" entre la France et l'Angleterre.
Jeanne d'Arc ne savait ni lire ni écrire, mais on peut la connaître au plus profond de son âme grâce à deux sources de grande valeur historique : les deux procès qui les concernent. Le premier, le procès de condamnation (PCon), contient la transcription des interrogatoires longs et nombreux de Jeanne pendant les derniers mois de sa vie (Février-mai 1431) et rapporte les paroles de la Sainte elles-mêmes. Le second, le procès de nullité de la sentence, ou de «réhabilitation» (PNul), contient les dépositions de 120 témoins oculaires de toutes les périodes de sa vie. (cfr Procès de Condamnation de Jeanne d'Arc, 3 vol. et Procès en Nullité de la Condamnation de Jeanne d'Arc, 5 vol., ed. Klincksieck, Paris l960-1989).
Jeanne est née à Domrémy, un petit village situé sur la frontière entre la France et la Lorraine. Ses parents étaient des paysans aisés, connus de tous comme d'excellents chrétiens. Elle reçut d'eux une bonne éducation religieuse, avec une influence notable de la spiritualité du Nom de Jésus, enseignée par saint Bernardin de Sienne et diffusée en Europe par les Franciscains. Au nom de Jésus est toujours uni le nom de Marie, et ainsi, sur un fond de religiosité populaire, la spiritualité de Jeanne est profondément christocentrique et mariale. Dès l'enfance, elle montre beaucoup d'amour et de compassion envers les pauvres, les malades et tous ceux qui souffrent, dans le contexte dramatique de la guerre.
Selon ses propres paroles, nous savons que la vie religieuse de Jeanne mûrit comme une expérience mystique dès l'âge de 13 ans (PCon, I, p. 47-48). Par la voix de l'archange saint Michel, Jeanne se sent appelée par Dieu à renforcer sa vie chrétienne et à s'engager en personne pour la libération de son peuple. Sa réponse immédiate, son «oui» est le vœu de virginité, avec un nouvel engagement à la vie sacramentelle et dans la prière: participation quotidienne à la messe, confession et communion fréquentes, longs moments de prière silencieuse devant le crucifié ou une image de la Sainte Vierge. La compassion et l'engagement de la jeune paysanne française face aux souffrances de son peuple sont rendus plus intenses par son rapport mystique avec Dieu. Un des aspects les plus originaux de la sainteté de cette jeune femme est justement ce lien entre l'expérience mystique et la mission politique. A ces années de vie cachée et de maturation intérieure succèdent les deux brèves mais intenses années de sa vie publique : une année d'action et une année de passion.
Au début de l'année 1429, Jeanne commence son œuvre de libération. Les nombreux témoignages nous montrent cette jeune femme de seulement 17 ans comme une personne très forte et décidé, capable de convaincre ses hommes peu sûrs, et découragés. Surmontant tous les obstacles, elle rencontre le Dauphin de France, le futur roi Charles VII, qui à Poitiers la soumet à un examen de plusieurs théologiens de l'université. Leur jugement est positif: en elle, ils ne voient rien de mal, seulement une bonne chrétienne.
Le 22 Mars 1429, Jeanne dicte une lettre importante pour le roi d'Angleterre et ses hommes qui assiègent la ville d'Orléans (ibid., p. 221-222). Il s'agit d'une proposition pour une paix véritable dans la justice, entre les deux peuples chrétiens, à la lumière des noms de Jésus et Marie, mais cette proposition est repoussée, et Jeanne doit s'engager dans la lutte pour la libération de la ville, qui aura lieu le 8 mai. L'autre point fort de son action politique est le couronnement du roi Charles VII à Reims, 17 Juillet 1429. Pendant une année entière, Jeanne vit avec les soldats, portant parmi eux une véritable mission d'évangélisation. Nombreux sont leurs témoignages sur sa bonté, son courage et son extraordinaire pureté. Elle est appelée par tous, et se définit elle-même comme "la pucelle", c'est-à-dire la vierge.
La Passion de Jeanne commence le 23 mai 1430, quand elle tombe prisonnière entre les mains de ses ennemis. Le 23 Décembre, elle est menée dans la ville de Rouen. Là, se tient le long et dramatique Procès de Condamnation, qui débute en Février 1431 et se termine le 30 mai sur le bûcher. C'est un grand et solennel procès, présidé par deux juges ecclésiastiques, l'évêque Pierre Cauchon, et l'inquisiteur Jean Le Maistre, mais en réalité entièrement mené par un groupe nombreux de théologiens de renom de la célèbre Université de Paris, qui participent au procès comme assesseurs. Ce sont des ecclésiastiques français qui, ayant fait le choix politique opposé à celui de Jeanne, on a priori un jugement négatif sur sa personne et sur sa mission. Ce procès est une page bouleversante de l'histoire de la sainteté et aussi une page éclairante du mystère de l'Église qui, selon les paroles du Concile Vatican II, est "à la fois sainte et a toujours besoin de purification" (LG 8). C'est la rencontre dramatique entre cette Sainte et ses juges, qui sont membres du clergé. Jeanne est accusée par eux et jugée, jusqu'à être condamné comme hérétique et envoyé à la mort terrible du bûcher. A l'inverse des saints théologiens qui avait illuminé l'Université de Paris, comme saint Bonaventure, saint Thomas d'Aquin et le Bienheureux Duns Scot, dont j'ai parlé dans plusieurs catéchèse, ces juges sont des théologiens à qui manquent la charité et l'humilité de voir dans cette jeune fille l'action de Dieu. Viennent à l'esprit les paroles de Jésus selon lesquelles les mystères de Dieu sont révélés à ceux qui ont le cœur des enfants, tout en restant cachés aux savants et aux sages (cf. Lc 10:21). Ainsi, les juges de Jeanne sont radicalement incapables de la comprendre, de voir la beauté de son âme : ils ne savaient pas qu'ils condamnaient une Sainte.
L'appel de Jeanne au jugement du Pape, le 24 mai, est rejeté par le tribunal. Dans la matinée du 30 mai, elle reçoit pour la dernière fois la sainte communion en prison, et est été immédiatement conduite au supplice sur la place du Vieux marché. Elle demande à l'un des prêtres de tenir devant le bûcher une croix de procession. Ainsi, elle meurt en regardant Jésus Crucifié et répète à haute voix à plusieurs reprises le nom de Jésus (PNul, I, p. 457, voir Catéchisme de l'Église catholique, 435). Environ 25 ans plus tard, le procès de nullité, ouvert sous l'autorité du pape Calixte III, se termine par une décision solennelle déclarant nulle la déclaration de culpabilité (7 Juillet 1456; PNul, II, p 604-610). Ce long procès, qui recueillit les dépositions de témoins et les avis de nombreux théologiens, tous en faveur de Jeanne, met en évidence son innocence et une parfaite fidélité à l'Eglise. Jeanne d'Arc sera canonisée par Benoît XV en 1920.
Chers frères et sœurs, le nom de Jésus, invoquée par notre Sainte jusqu'aux derniers instants de sa vie terrestre, était comme le souffle continu de son âme, comme le battement de son cœur, le centre de toute sa vie. Le "Mystère de la Charité de Jeanne d'Arc", qui avait tant fasciné le poète Charles Péguy, c'est cet amour total de Jésus, et du prochain en Jésus et pour Jésus. Cette Sainte avait compris que l'Amour embrasse toute la réalité de Dieu et l'homme, du ciel et de la terre, de l'Eglise et du monde. Jésus est toujours à la première place dans sa vie, selon sa belle expression: "Notre Seigneur, premier servi" (PCon, I, p. 288, voir Catéchisme de l'Église catholique, 223). L'aimer signifie toujours obéir à sa volonté. Elle affirme avec une totale confiance et un total abandon: "Je me confie à Dieu mon créateur, je l'aime de tout mon cœur" (ibid., p. 337). Avec le vœu de virginité, Jeanne consacre de manière exclusive tout son être à l'unique amour de Jésus: c'est "sa promesse faite à notre Seigneur de garder sa virginité de corps et d'âme" (ibid., p. 149 -150). La virginité de l'âme est l'état de grâce, valeur suprême, pour elle plus précieuse que la vie; c'est un don de Dieu qui doit être reçu et gardé avec humilité et confiance. Un des textes les plus célèbres du premier procès se réfère justement à cela: "Interrogée si elle sait être dans la grâce de Dieu, elle répond: Si je n'y suis pas, Dieu veuille m'y mettre; si j'y suis, Dieu veuille m'y garder" (ibid. , p. 62, voir Catéchisme de l'Église catholique, 2005).
Notre Sainte vit la prière sous la forme d'un dialogue continu avec le Seigneur, qui éclaire aussi sur son dialogue avec ses juges et lui donne paix et sécurité. Elle demande avec confiance: "Mon doux Dieu, en l'honneur de votre sainte Passion, je vous demande, si vous m'aimez, de me dire comment je dois répondre à ces hommes d'Église" (ibid., p. 252). Jésus est contemplé par Jeanne comme le "Roi du Ciel et la Terre." Ainsi, sur son étendard, Jeanne avait fait peindre l'image de "Notre-Seigneur, qui tient le monde" (ibid., p. 172): icône de sa mission politique. La libération de son peuple est une œuvre de justice humaine, que Jeanne accomplit dans la charité, par amour de Jésus. Son exemple est un bel exemple de sainteté pour les laïcs engagés dans la vie politique, en particulier dans les situations les plus difficiles. La foi est la lumière qui guide toutes les décisions, comme en témoignera, un siècle plus tard, un autre grand saint, l'Anglais Thomas More. En Jésus, Jeanne contemple également toute la réalité de l'Eglise, l'"Eglise triomphante du ciel, comme l'Église militante" sur la terre. Selon ses paroles, "notre Seigneur et l'Église sont un" (ibid., p. 166). Cette affirmation, citée dans le Catéchisme de l'Église catholique (n ° 795), a un caractère véritablement héroïque dans le contexte du Procès de condamnation, face à ses juges, hommes d'Eglise, qui l'ont persécutée et condamnée. Dans l'amour de Jésus, Jeanne trouve la force d'aimer l'Eglise jusqu'à la fin, même au moment de sa condamnation.
Je voudrais rappeler que sainte Jeanne d'Arc a eu une profonde influence sur une jeune Sainte de l'époque moderne : Thérèse de l'Enfant-Jésus. Dans une vie totalement différente, passée au cloître, la carmélite de Lisieux se sentait très proche de Jeanne, vivant dans le cœur de l'Eglise, et participant aux souffrances du Christ pour le salut du monde. L'Eglise les a réunies comme patronnes de la France, après la Vierge Marie. Sainte Thérèse avait exprimé son désir de mourir comme Jeanne, en prononçant le nom de Jésus (Manuscrit B, 3r), et était animée par le même grand amour pour Jésus et le prochain, vécu dans la virginité consacrée.
Chers frères et sœurs, avec son témoignage lumineux, Sainte Jeanne d'Arc nous invite à une mesure élevée de la vie chrétienne : faire de la prière le fil conducteur de nos journées ; avoir pleinement confiance en accomplissant la volonté de Dieu, quelle qu'elle soit ; vivre la charité sans favoritisme, sans limite, et atteignant comme elle, dans l'amour de Jésus, un profond amour pour l'Eglise.
Le cœur de Sainte Jeanne d'Arc resté intact et plein de sang
Déposition de Jean Massieu, huissier :
« Le mercredi suivant eut lieu l’exécution. Dès le matin, après avoir ouï deux fois Jeanne en confession, frère Martin Ladvenu m’envoya trouver l’évêque de Beauvais pour l’informer qu’elle s’était confessée et demandait la communion.
L’évêque réunit quelques docteurs.
Après qu’ils eurent délibéré il revint me dire : « Dites à frère Martin de lui donner la communion et tout ce qu’elle demandera ». Je revins au château et avisai frère Martin.
Certain clerc, messire Pierre apporta à Jeanne le corps de Notre-Seigneur, mais avec bien de l’irrévérence, sur une patène enveloppée du conopée dont on couvre le calice, sans lumière, sans cortège, sans surplis et sans étole.
Frère Martin en fut mécontent. Il envoya quérir une étole et de la lumière, puis il communia Jeanne. J’y étais. Elle reçut l’hostie très dévotement et en répandant beaucoup de larmes.
Cela fait, Jeanne fut conduite au Vieux-Marché ; frère Martin et moi nous la conduisîmes. Il y avait plus de huit-cents hommes d’escorte portant haches et glaives. Sur le chemin, Jeanne faisait de si pieuses lamentations que frère Martin et moi ne pouvions nous tenir de pleurer.
Au Vieux-Marché, Jeanne ouït le sermon de maître Nicolas Midi bien paisiblement.
Le sermon fini, maître Midi dit à Jeanne : « Jeanne, va en paix, l’Eglise ne peut plus te défendre et te livre au bras séculier ».
A ces mots, Jeanne, s’étant agenouillée, fit à Dieu les plus dévotes oraisons. Elle eut une merveilleuse constance, montrant apparences évidentes et grands signes de contrition, pénitence et ferveur de foi, tant par ses piteuses et dévotes lamentations que par ses invocations de la benoîte Trinité, de la benoîte glorieuse Vierge Marie et de tous les benoîts saints du paradis, parmi lesquels elle en nommait expressément plusieurs. Au milieu de ses lamentations, dévotions et attestations de vraie foi, elle demandait merci très humblement à toute manière de gens, de quelque condition ou état qu’ils fussent, tant de l’autre parti que du sien, en requérant qu’ils voulussent prier pour elle et en leur pardonnant le mal qu’ils lui avaient fait. Elle continua ainsi longtemps, environ une demi-heure.
A cette vue les juges assistants se mirent à pleurer avec abondance. Plusieurs des Anglais présents reconnaissaient et confessaient le nom de Dieu au spectacle d’une si notable fin. Ils étaient joyeux d’y avoir assisté, disant que ç’avait été une bonne femme.
Quand Jeanne fut abandonnée par l’Eglise, j’étais encore avec elle.
Elle requit avec grande dévotion qu’on lui donnât une croix. Un Anglais en fit une avec le bout d’un bâton et la lui donna. Jeanne la reçut dévotement, la baisa tendrement, faisant de piteuses lamentations et oraisons à Dieu notre Rédempteur qui souffrit en la croix pour notre salut ; de laquelle croix elle avait le signe et la représentation. Elle mit cette croix en son sein, entre sa chair et son vêtement.
De plus, elle me demanda humblement de lui faire avoir la croix de l’église afin qu’elle la vît continuellement jusqu’à la mort. Je fis tant que le clerc de la paroisse Saint-Sauveur la lui apporta. Quand on la lui eut apportée, Jeanne l’embrassa bien fort et longuement en pleurant, et elle la serra dans ses mains jusqu’à ce que son corps fût lié au poteau.
Pendant que Jeanne faisait ses dévotions et pieuses lamentations, les soldats anglais et plusieurs de leurs capitaines nous harcelaient, ayant hâte qu’elle fût mise entre leurs mains pour la faire plus tôt mourir.
Je réconfortais Jeanne sur l’échafaud du mieux que je pouvais quand ils me dirent : « Comment, prêtre, nous ferez-vous dîner ici ? » Et incontinent, sans aucune forme ni signe de jugement, ils l’envoyèrent au feu en disant au bourreau : « Fais ton office ».
Accompagnée de frère Martin, Jeanne fut conduite et liée, et jusqu’au dernier moment elle continua les louanges et lamentations dévotes envers Dieu, saint Michel, sainte Catherine et tous les saints.
En mourant, elle cria à haute voix : Jésus !
Je tiens de Jean Fleury, clerc et greffier du bailli, qu’au rapport du bourreau, le corps étant réduit en cendres, le coeur de Jeanne était resté intact et plein de sang.
On donna ordre au bourreau de recueillir tout ce qui restait de Jeanne et de le jeter à la Seine, il le fit. »