Les promesses de la Miséricorde et les menaces de la Justice
IV. – Dieu Justice
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dément. Quels que soient leurs tourments, les damnés ne peuvent perdre l’être ; ils demandent la mort sans pouvoir l’obtenir, le péché ne leur ôte que la vie de la grâce. » (Dialogue,
ch..XV.)
6. Les promesses de la miséricorde et les menaces de la justice
Le Seigneur se plaignit souvent à sainte Brigitte des désordres des pécheurs et lui
fit connaître combien il est terrible pour eux de tomber entre les mains de sa justice : « Je veux entrer dans leurs cœurs ; mais
ils disent : nous aimons mieux mourir que de quitter nos volontés. Vois, ô mon épouse, de quelle trempe ils sont : je les ai faits, et d’une seule parole je pourrais les détruire ; cependant vois
comme ils s’enorgueillissent contre moi. Maintenant, à cause des prières de ma Mère et de tous les saints, je suis encore si miséricordieux et si patient que je veux leur envoyer des paroles
sorties de ma bouche et leur offrir ma miséricorde. S’ils veulent la recevoir, je serai apaisé et je les aimerai ; sinon, je leur ferai ressentir ma justice et ils seront confondus publiquement
devant les anges et les hommes, et ils seront jugés comme des larrons. Comme des larrons pendus au gibet sont dévorés par des corbeaux, de même ceux-ci seront dévorés par des démons sans
jamais se consumer; comme ceux qui sont punis par le cep de bois ne trouvent aucun repos, de même ceux-ci seront en tout et partout environnés de douleur et d’amertume. Un fleuve de feu coulera
en leur bouche ; de jour en jour ils seront en proie à de nouveaux supplices. » (Liv. Ier, ch v.)
O mon Seigneur, dit Brigitte, donnez-leur la force d’éviter le péché et la grâce de vous aimer. Notre-Seigneur lui répondit : « Ils sont
accoutumés aux souillures et ne peuvent être enseignés que par les verges. Et plût à Dieu qu’ils ne connussent et se repentissent de leurs fautes quand ils seront châtiés. » (Liv. IV,
ch. CXXXI.)
O Seigneur, dit encore Brigitte, ne vous indignez-pas si je parle. Envoyez quelques uns
de vos amis qui les avertissent des périls prochains et terribles qui pendent sur leur tête. "Il est écrit, dit Notre-Seigneur,
que le mauvais riche du fond de
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l’enfer demanda qu’on envoyât quelqu’un pour avertir ses frères, afin qu’ils ne se perdissent pas comme lui, et il lui fut répondu : non, car
ils ont Moïse et les prophètes pour les enseigner. Je dis maintenant de même : ils ont maintenant les évangiles, les prophéties, les exemples et les paroles des docteurs ; ils ont la raison et
l’intelligence ; qu’ils en usent et ils seront sauvés ; car si je t’envoie, tu ne pourras pas crier si haut que tu sois entendue. Si j’y envoie mes amis, ils sont en si petit nombre qu’à peine
les entendront-ils. Néanmoins j’enverrai mes amis à ceux qu’il me plaira, et ils prépareront la voie à Dieu. » (Liv. IV, ch. XXXVII.)
1 La vénérable Marguerite du Saint-Sacrement (1619 – 1648) vécut au Carmel de Beaune et mourut
dans une grande réputation de sainteté, qui s’accrut encore après sa mort par les miracles dus à son intercession. Nous citons la Vie composée par le P. Amelote, oratorien, et publiée à £Paris en
1654.
SOURCE
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