L’Esprit, lien d’amour du Père et du Fils.

L’Esprit, lien d’amour du Père et du Fils

La scène du baptême de Jésus est pour nous la première révélation de la Trinité en acte, puisque chacune des Personnes divines intervient de manière originale. Le Père est celui qui donne : il comble son Fils de sa vie dans l’Esprit, il le reconnaît comme son Fils et lui confie le monde à sauver. Le Père ne dira plus rien ; il s’efface devant son Fils qui est sa Parole de vie. Pour recevoir le don du Père, le Fils se remet à lui dans l’humilité et l’obéissance, se faisant Serviteur jusqu’à donner sa vie sur la croix, jusqu’à lui remettre son Esprit. La conduite de Jésus traduit le plus profond de son mystère dans la vie divine, et cela d’autant plus qu’il communie à notre faiblesse. Plus Jésus se montre homme, plus il manifeste sa divinité en tant que Fils.

C’est en aimant parfaitement le Fils jusqu’à s’effacer devant lui que le Père produit l’Esprit ; c’est en aimant parfaitement le Père jusqu’à tout quitter pour lui que le Fils produit l’Esprit. L’Esprit jaillit à la rencontre de ces deux mouvements d’élan mutuel où le don d’amour se parachève en abandon. Issu de la pureté du don du Père, l’Esprit est générosité, ouverture, puissance au service de la Parole de vie (Ph 2, 16). Issu de la pureté du don du Fils, l’Esprit est recueillement dans les profondeurs divines, intériorité : il glorifie le Père.

L’Esprit est le fruit et le signe de l’amour du Père et du Fils l’un pour l’autre. Entre eux deux, il n’est pas l’amour à la manière d’un principe ou d’une source, mais comme un terme vivant, comme un objet d’amour qui attire. Il met en mouvement le Père et le Fils, et il leur donne d’aimer en attirant leur amour vers lui : en étant désiré par eux. L’Esprit Saint est « amour qui procède¹ ». C’est ici l’organisation mystérieuse de la personne de l’Esprit ; Comme il est en personne l’amour et le don², quand il attire l’amour du Père et du Fils, l’Esprit ne les centre pas sur lui comme personne, mais il leur atteste la perfection de leur amour mutuel, il les porte à la générosité infinie comme aussi au recueillement dans l’UN éternel de la vie divine. L’Esprit n’est pas situé, en effet, en face à face avec le Père ou le Fils, mais il est au service de leur relation réciproque qui est la source unique d’où il provient. Il est en personne leur lien vivant ou le témoin de leur amour³. Le propre du lien est de sceller la promesse de fidélité qui est le somme du don mutuel.

¹. « Caritas procedens », dit saint Thomas d’Aquin, ST 1, 37, 1, 4, m. Augustin n’a pas employé cette formule telle quelle, mais il a parlé de l’Esprit comme amour (caritas) ; De Trinitate IX, I, 1 et IX, XII, 17. Il emploie le terme de « don » pour désigner l’Esprit : De Trinitate XV, XVIII, 32-33.

². Jean-Paul II, Encyclique sur l’Esprit Saint Dominum et vivificantem, n° 10 et 21.

³. L’Esprit, « témoin » de l’amour du Père et du Fils : S. Bernard, 8ᵉ sermon sur le Cantique, Seuil, 137. Jean-Paul II, Dominum et vivificantem, 34. Andrienne Von Speyr, Le discours d’adieu, t. I, p118.

« Dieu notre père »

Père Jean-Claude SAGNE

La vie filiale, chemin de guérison

Éditions Parole et Silence

Pages 64 et 65.

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