DU COURONNEMENT D'ÉPINES AU DÉSESPOIR DE JUDAS
22 - 25 mars 1923
Âmes que J'aime, soyez attentives à la souffrance de mon Cœur !
(Notre-Seigneur à Josefa, 24 mars 1923.)
Voici déjà plusieurs jours que la Très Sainte Vierge n'est plus intervenue sur le chemin de Josefa. C'est Elle qui lui apporte la Croix dans la nuit du 21 au 22 mars.
« J'ai été réveillée par un léger bruit - écrit Josefa - et aussitôt je L'ai vue près de mon lit, Elle tenait la Croix appuyée sur son bras droit. » « - Oui, ma fille, c'est Moi qui viens te confier la Croix de Jésus. Il faut Le consoler, car beaucoup d'âmes l'offensent ! Mais une surtout comble son Cœur d'amertume. » Puis, après lui avoir rappelé que le premier et grand moyen de réparation est de laisser à Jésus la liberté de faire d'elle tout ce qu'Il veut : « - Maintenant - dit-Elle - garde ce précieux trésor et prie pour les âmes.... »
Cette prière pour les âmes, commencée sous la Croix, se poursuit dans les douleurs de l'abîme infernal où, depuis quelque temps, chaque nuit complète en elle « ce qui manque à la Passion du Christ ».
Le jeudi 22 mars, vers neuf heures du matin, Notre-Seigneur la rejoint au moment où elle s'apprête à quitter sa cellule.
« - Baise la terre - lui demande-t-Il - et laisse-toi pénétrer des paroles que mon Cœur va te confier. » Alors, elle se prosterne à terre; puis, se relevant, elle recueille d'une plume rapide les confidences qui jaillissent des Lèvres divines avec une douloureuse expansion :
« - Quand les bourreaux se furent lassés à force de frapper, ils tressèrent une couronne d'épines, l'enfoncèrent sur ma Tête et défilèrent devant Moi en disant : « Roi ! Nous te saluons ! ... » Les uns M'insultaient, les autres Me frappaient à la tête et chacun ajoutait une nouvelle douleur à celles qui déjà épuisaient mon Corps....
« Contemplez-Moi, âmes que J'aime, condamné par les tribunaux, abandonné aux insultes et aux profanations de la foule, livré au supplice de la flagellation et, comme si tout cela ne suffisait pas à Me réduire à l'état le plus humiliant, couronné d'épines, revêtu d'un manteau d'écarlate, salué comme un roi dérisoire... et tenu pour fou ! ...
« Oui, Moi qui suis le Fils de Dieu, le soutien de l'univers, J'ai voulu passer aux yeux des hommes comme le dernier et le plus méprisable de tous. Loin de fuir l'humiliation, Je l'ai embrassée pour expier les péchés d'orgueil et entraîner les âmes par mon exemple.
« J'ai permis que ma Tête fût couronnée d'épines et qu'elle souffrît pour réparer les péchés de tant d'âmes superbes qui refusent d'accepter ce qui les abaisse aux yeux des créatures.
« J'ai consenti à couvrir mes Épaules d'un manteau de dérision et à être traité de fou, afin que beaucoup d'âmes ne dédaignent pas de Me suivre dans une voie que le monde estime vile et basse, et qui peut-être, à elles aussi, semble indigne de leur condition.
« Non ! Aucun chemin, aucun état n'est vil et humiliant, dès qu'il s'agit de suivre la Volonté de Dieu.
« Vous qui vous sentez intérieurement attirées à cet état... ne résistez pas... ne cherchez pas, par de vaines et orgueilleuses raisons, à faire la Volonté divine tout en suivant la vôtre.... Ne croyez pas trouver la paix et le bonheur dans une condition plus ou moins brillante aux yeux des créatures. Vous ne les rencontrerez que dans la soumission à la Volonté de Dieu et dans l'entier accomplissement de tout ce qu'elle vous demande....
« Il y a aussi dans le monde bien des âmes qui cherchent à fixer leur avenir ici-bas.... Peut-être l'une ou l'autre se sent-elle inclinée par un secret attrait vers quelqu'un en qui elle a découvert les qualités, l'honneur, la foi et la piété, la conscience professionnelle et le sens familial... en un mot, tout ce qui répond à son besoin d'aimer.... Mais, soudain, son esprit se laisse envahir par l'orgueil. Sans doute, les désirs du cœur seraient-ils satisfaits de ce côté, mais non la vaine ambition de reluire aux yeux du monde. Alors cette âme se détourne pour chercher ailleurs ce qui lui attirera mieux l'attention des créatures en la faisant paraître extérieurement et plus riche, et plus noble.... Ah ! Comme cette âme s'aveugle ainsi
consciemment !... Non, certes, vous ne trouverez pas le bonheur que vous cherchez en ce monde et, plaise à Dieu, qu'après vous être mise en un si grand péril, vous le trouviez dans l'autre !
« Et que dire de tant d'âmes que J'appelle au chemin de la perfection et de l'amour, et qui font comme si elles n'entendaient pas ma Voix ! ...
« Que d'illusions en celles qui se disent prêtes à faire ma Volonté, à Me suivre et à s'unir à Moi ! ... et qui enfoncent cependant sur ma Tête les épines de la couronne !...
« Ces âmes que Je désire pour Épouses, Je les connais jusqu'aux plus intimes replis de leur cœur... et les aimant comme Je les aime, avec une délicatesse infinie Je les attire là où, dans ma Sagesse, Je sais qu'elles trouveront les moyens les plus sûrs pour arriver à la sainteté. C'est là que Je leur découvrirai mon Cœur, là qu'elles Me donneront le plus d'amour et le plus d'âmes aussi!... « Mais que de résistances et de déceptions !... Que d'âmes aveuglées par l'orgueil, le besoin désordonné d'estime, le désir de satisfaire leur nature, la mesquine ambition d'être quelqu'un... se laissent envahir par de vains raisonnements et, finalement, se refusent à prendre le chemin tracé par l'Amour !
« Âmes que J'avais choisies, croyez-vous en suivant vos goûts, Me donner la gloire que J'attendais de Vous ?... Croyez-vous faire ma Volonté en résistant à ma Grâce qui vous appelle à cette voie que votre orgueil repousse ?
« Ah ! Josefa, que d'âmes aveuglées par l'orgueil ! ... Je voudrais que tu multiplies aujourd'hui les actes d'humilité et de soumission à la Volonté divine pour obtenir que beaucoup d'âmes se laissent guider dans la voie que Je leur prépare avec tant d'amour!
« Demain, nous insisterons encore sur ce point essentiel. »
Dès le matin du 23 mars, vendredi de la Passion, Josefa attend son Maître, mais Il tarde à venir. Elle a repris son aiguille, assise près de la table où son cahier est déjà ouvert. Soudain, Il apparaît:
« - Josefa ! Tu M'attends ? »
« Oui. Seigneur! - répond-elle. »
« - Il y a déjà longtemps que Je suis ici, mais tu ne Me voyais pas. Baise la terre et baise aussi mes Pieds. Nous allons continuer à expliquer aux âmes comment elles se laissent tromper par l'orgueil.
« C'est donc couronné d'épines et revêtu d'un manteau de pourpre, que les soldats Me ramenèrent à Pilate en M'accablant à chaque pas de cris, d'insultes et de moqueries....
« Pilate, ne trouvant en Moi aucun crime digne de châtiment, me questionna de nouveau, sachant qu'il avait tout pouvoir sur Moi. Je ne lui répondais rien.
« Alors, sortant de mon silence, Je lui dis : « Tu n'aurais aucun pouvoir s'il ne t'avait été donné d'En-haut, mais il faut que les Écritures s'accomplissent! » et, fermant de nouveau les lèvres, Je M'abandonnai.... « Pilate, troublé par l'avertissement de sa femme, tiraillé entre les remords de sa conscience et la crainte de voir le peuple déchaîné se soulever contre lui, s'il se refusait à ma Mort, Me présenta à la foule dans l'état pitoyable où l'on M'avait réduit et proposa de Me rendre la liberté en condamnant à ma place Barabbas, qui était un insigne voleur. Mais la multitude s'écria avec rage et d'une seule voix : « Qu'Il meure ! ... Nous voulons qu'Il meure et que Barabbas soit délivré ! »
« O vous qui M'aimez, voyez comment ils M'ont comparé à un voleur... ou plutôt comment ils M'ont rabaissé au-dessous du plus pervers des criminels.... Entendez les cris de fureur qu'ils vocifèrent contre Moi en demandant ma Mort.
« Loin de fuir cet affront, Je l'embrassai au contraire par amour pour les âmes et par amour pour vous.... Je voulus vous montrer que cet amour ne Me conduisait pas seulement à la mort, mais au mépris, à l'ignominie, à la haine de ceux-là mêmes pour qui mon Sang allait être répandu avec tant de profusion.
« On M'a traité de perturbateur, d'insensé, de fou... et J'ai tout accepté avec la plus grande douceur et la plus profonde humilité.
« Ne croyez pas cependant que Je ne sentis alors ni répugnance, ni douleur.... J'ai voulu, au contraire, que ma nature humaine expérimentât toutes celles que vous éprouveriez vous-mêmes, afin que mon exemple vous fortifie en toutes les circonstances de votre vie. Aussi, quand sonna pour Moi cette heure si douloureuse et dont il M'eût été si facile de Me libérer, non seulement Je ne le fis pas, mais Je l'embrassai amoureusement pour accomplir la Volonté de mon Père... réparer sa Gloire... pour expier les péchés du monde et acheter le salut de beaucoup d'âmes.
« Revenons, ici, à celles dont Je parlais hier... à ces âmes appelées à l'état parfait et qui, plus d'une fois, discutent cependant avec la voix de ma Grâce et lui répondent ainsi : « Comment me résigner à vivre dans cette continuelle obscurité ?... Je ne suis pas habituée à ce genre de vie... à de si basses occupations.... Ma famille, mes amis le jugeront ridicule... car j'ai des capacités et je pourrais être plus utile ailleurs, etc.... »
« C'est à ces âmes que Je veux répondre : « Lorsque Je dus naître de parents pauvres et ignorés... loin de mon pays et de ma demeure... dans une étable... pendant la saison la plus dure de l'année, à l'heure la plus glaciale et la plus sombre de la nuit... Ai-Je refusé ? Ai-Je hésité ?
« Trente années durant, Je connus les rudes labeurs de la vie d'ouvrier. Je souffris, avec mon père Saint Joseph, les mépris de ceux pour lesquels il travaillait.... Je ne dédaignai pas d'aider ma Mère dans le soin de sa pauvre maison.... Et cependant, n'avais-Je pas plus de connaissances qu'il n'en faut pour exercer le modeste métier de charpentier, Moi qui, dès l'âge de douze ans, instruisis les Docteurs dans le Temple ?... Mais telle était la Volonté de mon Père Céleste et c'est ainsi que Je Le glorifiais....
« Dès le début de ma Vie publique, J'aurais pu Me révéler aussitôt comme le Messie et le Fils de Dieu, afin de subjuguer les foules et de les rendre attentives à mes enseignements. Mais Je ne le fis pas, car Je n'avais d'autre désir que de faire en tout la Volonté de mon Père.
« Et quand vint l'heure de ma Passion, à travers la cruauté des uns, les affronts des autres, l'abandon des Miens, l'ingratitude de la foule... à travers l'indicible martyre de mon Corps et les vives répugnances de ma nature humaine, c'est avec plus d'amour encore que mon Cœur embrassa cette Volonté sainte.
« Et sachez-le bien, âmes choisies, lorsque vous aurez surmonté vos répulsions naturelles... les oppositions de votre famille, etc..., et les jugements du monde... lorsque vous vous serez livrées généreusement à la Volonté de Dieu, alors viendra l'heure où, dans cette étroite union de volonté avec l'Époux divin, vous jouirez des plus ineffables douceurs.
« Ce que J'ai dit aux âmes qui éprouvent de telles répugnances pour la vie humble et cachée, Je le répète aussi à celles qui sont appelées, au contraire, à prodiguer leur vie au service du monde, alors que leur attrait les porterait vers la solitude et l'obscurité.
« Comprenez-le, âmes choisies : vivre connues ou inconnues des hommes, utiliser ou non les talents que vous avez reçus... être peu ou beaucoup estimées... jouir ou non de la santé... rien de tout cela n'est en soi votre bonheur.... Savez-vous l'unique chose qui vous l'assurera ?... Faire la Volonté de Dieu, l'embrasser avec amour, vous unir et vous conformer à tout ce qu'elle exige pour sa Gloire et pour votre sainteté.
« Arrêtons-nous, Josefa, demain nous continuerons. Aime et embrasse allègrement ma Volonté, car tu sais bien, qu'en tout, elle est tracée par l'Amour ! »
Au soir du même jour, Josefa avoue humblement que cette recommandation de son Maître n'est pas inutile. Il veut qu'elle obtienne par sa propre victoire sur les répugnances de sa nature, la grâce semblable dont tant d'âmes ont besoin. Grande leçon qu'il faut recueillir dans cette confidence de son humilité : « Je sens en moi de nouveau, pour ce genre de vie si extraordinaire, une sorte de révolte qui m'enlève la paix, car je voudrais tant travailler beaucoup ! ... »
Mais Notre-Seigneur ne tient pas compte de cette répulsion qui n'enchaîne ni sa Volonté ni celle de Josefa et, dès le matin du samedi de la Passion, 24 mars, Il est au rendez-vous.
« - Occupons-nous de ma Passion », dit-Il, comme pour l'arracher à elle-même. N'est-ce pas, d'ailleurs, le grand moyen de s'oublier que l'amour offre à toutes les âmes ?...
« - Médite un instant la souffrance de mon Cœur souverainement tendre et délicat. Lorsqu'Il se vit préférer Barabbas... et que, Me voyant méprisé à tel point... Je fus transpercé au plus intime de l'âme par les cris de la foule qui demandait ma Mort !
« Comme Je Me rappelais les tendresses de ma Mère quand Elle Me serrait sur son Cœur... les fatigues et les soins que mon Père adoptif s'était imposés pour mon Amour !...
« Comme Je repassais les bienfaits si libéralement répandus sur ce peuple... la vue rendue aux aveugles... la santé aux malades... l'usage de leurs membres, aux infirmes... les foules nourries dans le désert... les morts eux-mêmes ressuscités ! ... Et maintenant, contemplez-Moi, réduit à l'état le plus méprisable... objet, plus qu'aucun autre, de la haine des hommes... et condamné comme un voleur infâme ! ... La multitude a demandé ma mort... et Pilate a prononcé la sentence !...
« Âmes que J'aime, soyez attentives à la souffrance de mon Cœur !
« Après que Judas M'eut trahi au Jardin des Olives, il s'en alla, errant et fugitif, sans pouvoir étouffer les cris de sa conscience qui l'accusait du plus horrible des sacrilèges. Et quand parvint à ses oreilles la sentence de mort prononcée contre Moi, il se livra au plus terrible des désespoirs et se pendit ! ...
« Qui pourra comprendre la douleur intense et profonde de mon Cœur, lorsque Je vis se précipiter vers sa perte éternelle cette âme qui avait passé tant de jours à l'école de mon Amour... recueilli ma Doctrine... qui avais appris mes Leçons et si souvent entendu tomber de mes Lèvres le pardon des plus grands péchés !
« Ah ! Judas ! Pourquoi ne viens-tu pas te jeter à mes Pieds, afin que Je te pardonne aussi ?... Si tu n'oses t'approcher de Moi, par crainte de ceux qui M'entourent avec tant de fureur, du moins, regarde-Moi ! ... et tu rencontreras aussitôt mes Yeux qui sont fixés sur toi !
« O vous qui êtes plongés dans le mal et qui, pendant un temps plus ou moins long, avez vécu errants et fugitifs à cause de vos crimes... si les péchés dont vous êtes coupables ont endurci et aveuglé votre cœur... si, pour satisfaire vos passions, vous êtes tombés dans les plus grands scandales...lorsque votre âme se rendra compte de son état et que les motifs ou les complices de vos fautes vous abandonneront, ne laissez pas le désespoir s'emparer de vous ! Tant qu'il reste à l'homme un souffle de vie, il peut encore recourir à la Miséricorde et implorer le Pardon.
« Si vous êtes jeune et que déjà les désordres de votre jeunesse vous ont dégradé aux yeux du monde, ne craignez pas ! ... Même si le monde a sujet de vous traiter en criminel, de vous mépriser et de vous abandonner... votre Dieu, Lui, ne consent pas à ce que votre âme devienne la proie de l'enfer ! ... Bien au contraire, c'est avec ardeur qu'Il désire que vous vous approchiez de Lui pour vous pardonner. Si vous n'osez Lui parler, dirigez vers Lui vos regards et les soupirs de votre cœur, et bientôt vous verrez comment sa Main si bonne et si paternelle vous conduira à la source du Pardon et de la Vie !
« Si vous avez passé volontairement la plus grande partie de votre vie dans l'impiété ou l'indifférence, et que, soudain, proche de l'éternité, le désespoir tente de vous aveugler... ah ! ne vous laissez pas tromper, car c'est encore le temps du Pardon !... Même s'il ne vous reste qu'une seconde de vie, en cette seconde, vous pouvez racheter la vie éternelle !
« Si votre existence plus ou moins longue s'est écoulée dans l'ignorance et dans l'erreur... si vous avez été cause de grands maux pour les hommes, la société, la religion même, et si, par une circonstance quelconque, vous connaissez enfin que vous vous êtes trompé... ne vous laissez pas écraser par le poids de vos fautes et du mal dont vous avez été l'instrument. Mais que votre âme, pénétrée du plus vif repentir, se jette dans un abîme de confiance et accoure à Celui qui vous attend toujours pour vous pardonner toutes les erreurs de votre vie.
« Je parlerai aussi pour cette âme qui a d'abord vécu fidèle dans l'observance de ma Loi, mais qui s'est refroidie peu à peu jusqu'à la tiédeur d'une existence commode. Elle a oublié son âme, pour ainsi dire, et les aspirations de cette âme vers le mieux. Dieu lui demandait plus d'efforts, mais aveuglée par ses défauts habituels, elle est tombée dans les glaces de la tiédeur, pires encore que celles du péché, car la conscience sourde et endormie ne sent plus le remords et n'entend plus la Voix de Dieu.
« Vienne une forte secousse qui la réveille soudain : sa vie lui apparaît alors inutile et vide pour l'éternité.... Elle a perdu d'innombrables grâces... et le démon qui ne veut pas lâcher sa proie, exploite son angoisse, la plonge dans le découragement, la tristesse, l'abattement et, peu à peu, la submerge dans la crainte et le désespoir !
« Âmes que J'aime, n'écoutez pas ce cruel ennemi ! Venez au plus tôt vous jeter à mes Pieds et, pénétrées d'une vive douleur, implorez ma Miséricorde et ne craignez pas ! Je vous pardonne ! Reprenez de nouveau votre vie de ferveur, vous retrouverez vos mérites perdus et ma Grâce ne vous manquera pas.
« Faut-il enfin M'adresser à mes âmes choisies ? Se pourrait-il que l'une d'elles ait passé de longues années dans la pratique constante de sa Règle et de ses devoirs religieux ?... Oui ! C’est une âme que J'avais favorisée de mes Grâces et instruite de mes Conseils... une âme longtemps fidèle à la voix de la grâce et aux inspirations divines.... Et voici que, pour une petite passion... une occasion non évitée... une satisfaction accordée à la nature... un relâchement dans l'effort nécessaire... elle s'est refroidie peu à peu... elle est tombée dans une vie ordinaire... puis vulgaire... tiède enfin ! ... Ah ! Si pour une cause ou une autre, vous sortez un jour de votre sommeil, sachez qu'à cet instant le démon, jaloux de votre bien, vous assaillira de toutes manières. Il vous persuadera qu'il est trop tard et que tout est inutile, il vous remplira de crainte et de répugnance pour découvrir l'état de votre âme... il vous serrera à la gorge pour vous empêcher de parler et de vous ouvrir à la lumière... il travaillera à étouffer en vous la confiance et la paix.
« Écoutez plutôt ma Voix vous dire ce que vous devez faire : dès que la grâce vous touche et avant même que la lutte ne soit engagée, accourez à mon Cœur; demandez-Lui de verser sur votre âme une goutte de Mon Sang. Oui, Venez à Moi ! ... Et ne craignez rien pour le passé : mon Cœur l'a submergé dans l'abîme de sa Miséricorde et mon Amour vous prépare de nouvelles grâces. Le souvenir de votre vie passée ne sera plus qu'une raison de vous humilier et d'accroître vos mérites, et si vous voulez Me donner la plus grande preuve d'amour, comptez sur mon Pardon et croyez que vos péchés n'arriveront jamais à dépasser ma Miséricorde, car elle est infinie !...
« Josefa, reste cachée dans l'abîme de mon Amour et prie pour que les âmes se laissent pénétrer des mêmes sentiments. »
Cette semaine de la Passion allait s'achever sur un appel douloureux, à travers lequel se découvre, une fois de plus, la tendre et forte compassion du Cœur de Jésus pour les âmes. Quelques jours avaient passé depuis cette nuit du 21 mars, où la Très Sainte Vierge, apportant à Josefa la Croix de Jésus, lui avait dit :
« - Il y a beaucoup d'âmes qui L'offensent, mais une surtout comble son Cœur d'amertume.»
De telles paroles ne la laissent jamais dans l'indifférence. Le souci des âmes est toujours à l'horizon de ses prières, de son travail et de ses souffrances. Mais quand elle sait qu'une âme blesse le Cœur de son Maître, elle ne peut en distraire le sien et ne connaît plus de repos.
Le samedi 24 mars, vers huit heures et demie du soir, Notre- Seigneur lui apparaît au moment où elle sort de sa cellule et l'arrêtant, Il lui dit :
« - Josefa ! »
« Il portait sa Croix - écrit-elle. - Sa physionomie était triste, mais d'une grande beauté. »
« - Veux-tu Me consoler pour cette âme qui me fait souffrir ?»
Prosternée à ses Pieds, Josefa s'offre à tout ce qu'Il voudra.
« - Prends ma Croix - lui dit-Il - et aide-Moi à en soutenir le poids. »
Puis, Il poursuit en la lui remettant :
« - Allons devant mon Père Céleste et demandons-Lui de donner à cette âme un rayon de lumière qui l'éclaire et l'aide à repousser ce péril.... Présentons-nous comme intercesseurs devant Lui pour qu'Il ait compassion de cette âme.... Supplions-Le de l'aider, de l'illuminer, de la soutenir, afin qu'elle ne succombe pas à la tentation.
« Répète avec Moi ces paroles :
« O Père Très Aimant ! Dieu infiniment bon ! Regardez votre Fils Jésus-Christ qui, se plaçant entre votre Justice divine et les péchés des âmes, implore votre Pardon !
« O Dieu de Miséricorde ! Ayez pitié de la fragilité humaine. Éclairez les esprits égarés, afin qu'ils ne se laissent pas séduire et entraîner.... Donnez la force aux âmes, afin qu'elles repoussent les pièges que leur tend l'ennemi du salut et reviennent avec une nouvelle vigueur au chemin de la vertu.
« O Père Éternel ! Regardez les souffrances que Jésus-Christ, votre divin Fils, a endurées dans sa Passion. Voyez-Le devant Vous, offert en Victime, pour obtenir aux âmes lumière et force, pardon et miséricorde ! »
« Josefa, unis ta douleur à ma Douleur, ton angoisse à mon Angoisse et présente-les à mon Père Éternel avec les mérites et les souffrances de toutes les âmes justes. Offre-Lui les douleurs de ma Couronne d'épines pour expier les pensées perverses de cette âme.
« Répète encore avec Moi : « O Dieu Très Saint ! En présence duquel les anges et les saints sont indignes de paraître, pardonnez toutes les fautes qui se commettent par pensées et par désirs. Recevez en expiation de ces offenses, la Tête transpercée d'épines de votre divin Fils. Recevez le Sang très pur qui en jaillit avec tant d'abondance! Purifiez les esprits souillés !... Éclairez et illuminez les entendements obscurcis, et que ce Sang divin soit leur Force, leur Lumière et leur Vie !
« Recevez, ô Père Très Saint, les souffrances et les mérites de toutes les âmes qui, unies aux Mérites et aux Souffrances de Jésus-Christ, s'offrent à Vous, avec Lui et par Lui, afin que Vous pardonniez au monde.
« O Dieu de Miséricorde et d'Amour ! Soyez la Force des faibles, la Lumière des aveugles et l'objet de l'amour des âmes. »
« Ainsi s'écoula un long moment - écrit Josefa. - De temps à autre, Il demeurait en silence. Le lourd fardeau de sa Croix pesait sur moi avec les grandes souffrances du corps et de l'âme. Il dit encore :
« - Répète avec Moi : « Dieu d'Amour ! Père de Bonté ! Par les Mérites, les Souffrances et les Supplications de votre Fils Très Aimé donnez la lumière à cette âme, afin qu'elle ait la force de repousser le mal et d'embrasser votre Volonté avec énergie. Ne permettez pas qu'elle soit la cause d'un si grand mal pour elle, et pour d'autres âmes innocentes et pures ! »
La nuit s'avançait, Jésus ajouta : « - Maintenant, garde ma Croix, jusqu'à ce que cette âme connaisse la vérité et se laisse envelopper et illuminer de la vraie Lumière. »
« Puis Il partit et je restai dans la souffrance jusqu'au matin. »
Souffrances mystérieuses dans leur intensité ! Josefa les porte humblement et courageusement unie à son Maître. Elle sait que Lui seul leur donne la Valeur divine qui répare, l'efficacité qui peut atteindre et transformer cette âme.
Toute la journée du dimanche des Rameaux se passe dans cette douloureuse supplication, et tandis qu'elle s'offre en victime - ô merveille des échanges de la Communion des Saints ! - Jésus attire, détache, touche et ressaisit cette âme qu'Il aime avec tant de prédilection.
Ce soir-là, son Cœur tressaillira de joie au retour de l'enfant prodigue. Le ciel sera dans l'allégresse, car sur ses épaules, le Bon Pasteur ramène la brebis perdue que son Amour a reconquise !
Source (Chapitre 7 - page 33 à 39)
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