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Le Carême de 1923 - LA VOIE DOULOUREUSE - L’ŒUVRE de Jésus doit être fondée sur beaucoup de souffrance et d'amour - Soeur Josepha Menendez

22 Mars 2024, 19:30pm

Publié par Véronique

Le Carême de 1923

LA VOIE DOULOUREUSE

1er janvier - 17 février 1922

L’ŒUVRE de Jésus doit être fondée sur beaucoup de souffrance et d'amour.

(La Très Sainte Vierge à Josefa, 21 janvier 1923.)

On est à l'aurore de l'année 1923, celle qui s'achèvera sur la mort de Josefa. La dernière étape s'ouvre donc devant elle: elle le pressent. D'ailleurs, le 3 décembre précédent, lors d'une cérémonie de Confirmation dans la chapelle du Sacré-Cœur, la Sainte Vierge lui a annoncé que c'était à l’Évêque de Poitiers qu'elle aurait à transmettre les Paroles de son Fils. Puis, Elle a ajouté : « Tu le verras trois fois avant de mourir. »

Le ciel est donc à l'horizon et cette espérance a ranimé son courage. Elle en a besoin, car bien des ombres descendent sur son chemin et les premiers jours de janvier l'appellent à d'autres épreuves. Le démon entre de nouveau en scène et reprend ses anciennes attaques. Mais au milieu des coups, des menaces, des enlèvements, des longues heures passées en enfer, Jésus sculpte en elle sa ressemblance et l'associe, dans la même mesure, à son ŒUVRE de Rédemption. Elle sauve des âmes et prépare la voie au Message de l'Amour. En vain, la rage de Satan s'exaspère-t-elle et croit-elle parfois triompher. À l'instant marqué par le Maître du ciel et de l'enfer, elle s'évanouit dans un blasphème...

C'est ainsi que le lundi 8 janvier 1923, Josefa écrit :

« J'avais, ce matin, dans mon âme, un grand désir de Jésus. En ces jours où je souffre tant, le moment de la Communion est pour moi un grand soulagement. Aujourd'hui, après la nuit terrible passée en enfer, je l’attendais avec plus de désir encore !...

« Au retour de la Sainte Table, je vis soudain Notre-Seigneur, Il marchait devant moi et, se retournant, Il dit :

« - Viens, Josefa, mon Cœur t’attend ! »

« Aussitôt, je renouvelai mes Vœux et Il répéta :

« - Oui, mon Cœur t’attend ! »

« Je renouvelai mes Vœux une seconde fois et Jésus poursuivit :

« - Tu M'as reposé et c'est à mon tour maintenant de te reposer. »

« Alors, son Cœur s'ouvrit et Il m'y fit entrer. »

Quelques instants, que Josefa appelle « des instants du ciel », se passent dans cette divine Demeure.... « Quand Il m'en fit sortir - écrit-elle - je Lui confiai toute ma crainte du démon et de ses menaces... et je Le suppliai de ne jamais permettre qu'il arrive à me tromper. »

Jésus répondit : « - Pourquoi crains-tu ? Ne sais-tu pas que Je suis plus puissant que lui et que tous tes ennemis ? Le démon avec toute sa rage ne peut faire plus de mal que ce qu'autorise mon Amour. Car c'est Moi qui permets la souffrance des âmes que J'aime. Elle est nécessaire à toutes, mais combien plus à mes âmes choisies ! ... Elle les purifie et Je peux ainsi Me servir d'elles pour arracher beaucoup d'âmes à l'enfer. »

Et faisant allusion aux vaines menaces qu'elle ne cesse d'entendre :

« - Ne les crains pas - répète-t-Il - et confie-toi en mon Cœur qui vous garde comme la prunelle de mes Yeux. Oui, Josefa, cette maison est très aimée de mon Cœur... quoique, plus d'une fois, J'y verse l'amertume de mon Calice....

« Je reviendrai bientôt pour que tu écrives encore les secrets de mon Amour. En attendant continue... continue à travailler à ma tunique ! »

Sur ce rappel de sa demande de Noël, Jésus disparaît et Josefa entre de nouveau dans les obscures tempêtes qu'elle doit traverser.

Une fois encore, le 21 janvier, une clarté céleste brille sur cette nuit. La Très Sainte Vierge n'est-Elle pas toujours proche de son enfant aux heures douloureuses ?

Dans cette matinée plus libre du dimanche, Josefa achève d'écrire ses notes. C'est un travail coûteux à son obéissance, surtout lorsqu'elle doit redire ce qu'elle a vu et entendu dans l'abîme où elle descend souvent à cette époque.

« Je l'ai fait - note-t-elle - pour obéir et prouver à Jésus que je L'aime. »

La Très Sainte Vierge, qui lui apparaît à la chapelle vers le soir, souligne d'abord le mérite de cet acte :

« - Parce que tu as vaincu tes répugnances par Amour - lui dit-Elle - le ciel s'est ouvert aujourd'hui pour l'éternité à une âme dont le salut était en péril.

« Si tu savais que d'âmes peuvent être sauvées par ces petits actes ! »

« Elle est si bonne et si Mère, que je me suis enhardie à Lui confier plusieurs choses... et Elle me répondit :

« - Jésus veut que, pendant ta vie, ses Paroles restent cachées. Après ta mort, elles seront connues d'un point à l'autre de la terre et beaucoup d'âmes, à leur lumière, se sauveront par le chemin de la confiance et de l'abandon au Cœur miséricordieux de Jésus. »

Et comme Josefa, toujours craintive en face de si grandes choses, exprime à cette Mère incomparable toutes ses anxiétés :

« - Ma fille - lui dit-Elle avec tendresse - ne t'effraie pas, l’ŒUVRE de Jésus doit être fondée sur beaucoup de souffrance et d'amour.... Ne crains rien, Jésus est Tout-Puissant, et c'est Lui qui agit. Il est Fort, et c'est Lui qui vous souvent. Il est Miséricordieux, et c'est Lui qui vous aime ! »

Puis, la prévenant pour ainsi dire des tribulations par lesquelles elle devra passer :

« - Il connaît le fond des cœurs et c'est Lui qui permet toutes les circonstances. Si, plus d'une fois, ses Plans te semblent traversés, c'est qu'Il veut te garder ainsi, bien humble et bien petite. »

Josefa Lui redit encore sa crainte d'être elle-même un obstacle à ses Desseins.

« - C'est vrai que tu es bien misérable - répond la Vierge avec compassion - mais c'est à cause de cette misère même que Jésus a pitié de toi et qu'Il te met à l'abri au fond de son Cœur, afin que rien ne puisse t’atteindre. Humilie-toi dans ta petitesse et ta misère, ma fille, mais confie-toi à Lui, car Il t'aime et ne t'abandonnera jamais. Que toute ton ambition soit de Lui donner beaucoup d'âmes, beaucoup de gloire et beaucoup d’Amour ! »

« Je lui demandai de me bénir. Elle traça sur mon front le signe de la Croix avec ses deux doigts, en disant :

« - Oui, Je te bénis de tout mon Cœur. »

« Et Elle disparut. »

Le ciel semble se fermer de nouveau et le démon retrouver sa puissance à travers les jours et les nuits de Josefa.

Cependant, le jeudi 1er février, sainte Madeleine-Sophie lui apparaît comme une messagère avant-coureuse de paix. Elle la convoque dans la cellule qu'elle sanctifia jadis par sa prière et sa sainteté. Elle lui annonce l'entrée au ciel de cinq de ses filles dont elle lui donne les noms et, consacrant pour ainsi dire sa présence dans ce lieu de bénédiction, elle ajoute :

« - Tu ne peux savoir avec quelle joie Je vois venir ici mes filles chéries. Du haut du ciel, je les bénis avec une tendresse de mère et je répands sur elles bien des grâces.... Mon désir est que chacune soit pour le Cœur de Jésus un lieu de repos et d’Amour. »

Quelques jours après, 4 février, Elle la réconforte par ces mots :

« - Ne te lasse pas de souffrir. Les âmes qui souffrent par Amour verront de grandes choses, je ne dis pas dans le temps, mais dans l'éternité ! »

C'est Elle encore qui, le lundi 10 février, après des jours de dures épreuves, lui annonce le retour prochain de Notre-Seigneur :

« - Que sa Paix garde ton cœur, ma fille.... Il va bientôt venir console-Le avec grande confiance. N'oublie pas que s'Il est ton Dieu, Il est aussi ton Père, et non seulement ton Père, mais encore ton Époux.... Ne crains rien et parle-Lui de tout, car Il est toujours prêt à t'écouter. Il est si bon notre Dieu! Et son Cœur si compatissant ! ... »

Et comme on est à la veille des Quarante-Heures :

« - Consolez-Le et aimez-Le - ajoute-t-Elle. - Que son Cœur se repose parmi vous et que ta petitesse Lui sauve beaucoup d'âmes !... »

Puis, appuyant sur la pensée maîtresse de toute sa vie : « - Oui, consolez-Le par votre humilité, car là où il y a l'humilité, tout va bien ; mais là où l'humilité manque, tout va de travers. »

Et après lui avoir confié ses désirs maternels :

« - À Dieu ! - lui dit-Elle en la bénissant.

- Ne refuse rien à ton Dieu. »

Dès le soir, le démon s'exaspère contre intervention de la Sainte et surtout contre ses conseils :

« - Cette bienheureuse ruine mon pouvoir par sa seule humilité. »

Et comme s'il était forcé de livrer son infernal secret :

« - Ah ! - rugit-il dans un blasphème  - si je veux tenir à fond une âme, je n'ai qu'à exciter en elle l'orgueil... Si je veux la perdre, je n'ai qu'à lui laisser suivre l'instinct de son orgueil. C'est l'orgueil qui fait mes victoires et je ne prendrai pas de repos jusqu'à ce qu'il surabonde dans le monde. Je me suis perdu par l'orgueil, je ne consentirai pas à ce que les âmes se sauvent par l'humilité.

« Voilà qui est bien clair - conclut-il dans un cri de rage - toutes les âmes qui arrivent au comble de la sainteté sont celles qui se sont enfoncées, le plus profondément, dans l'abîme de l'humilité ! »

« Josefa transcrira cette confession diabolique avec une grande émotion et son amour filial exultera, au milieu de ses douleurs, à ce témoignage inattendu rendu à l'humilité de sa Sainte Mère Fondatrice.

L'époque des Quarante-Heures a toujours été pour elle un sommet de vie réparatrice. Mais cette année est la dernière ici-bas, où Notre-Seigneur la convie à porter avec Lui la Croix des âmes qui se perdent en ces jours de plaisirs déréglés et de réjouissances sans frein.

Son Amour a bien grandi depuis un an et c'est en Épouse maintenant qu'elle va partager les amertumes du Cœur blessé de son Maître. Elle L’attend, car Sainte Madeleine-Sophie l'a préparée à cette prochaine rencontre.

Le 11 février, dimanche des Quarante-Heures, pendant la Sainte Messe, Il lui apparaît soudain. Il y a déjà un mois qu'elle ne L'a plus revu :

« - Josefa - lui dit-Il - veux-tu Me consoler ? »

Elle renouvelle ses Vœux et Lui exprime son ardent désir, non sans quelque réticence, « car - ajoute-t-elle - J'ai peur de moi qui suis chaque jour plus misérable.... »

« - Ne pense pas à ce que tu es - répond Notre-Seigneur - Je te donnerai la force pour tout ce que Je te demanderai. N'oublie pas, Josefa, que Je permets tes misères et tes chutes afin que, malgré les grâces que Je te fais, tu restes sans cesse en face de ton rien. »

Puis, son Cœur s'embrase : « - Et maintenant, allons nous occuper des âmes !... Beaucoup se perdent, il est vrai... mais nous pourrons en arracher beaucoup d'autres au chemin de la perdition et mon Cœur, du moins, sera consolé des offenses qu'Il reçoit.

« Sais-tu, Josefa, combien les pécheurs Me déchirent et comme J'ai besoin d'âmes qui réparent ?

« C'est pourquoi Je viens Me reposer parmi celles que J'ai choisies Moi-même. Que ces âmes sachent, par leur fidélité et leur amour, cicatriser les blessures que Je reçois des pécheurs. Comme il est nécessaire qu'il y ait des victimes pour réparer l'amertume de mon Cœur et soulager sa Douleur! Que de péchés!... et que d'âmes se perdent ! ... »

Elle Le supplie de venir parmi ses Épouses qui ne désirent pas autre chose et de leur inspirer ce qu'elles peuvent faire pour consoler une telle douleur.

« - L'unique chose que Je veux - répond-Il - c'est l’Amour: Amour docile qui se laisse conduire par l'action de Celui qu'il aime.... Amour désintéressé qui ne cherche ni son plaisir, ni son intérêt propre, mais ceux du Bien-Aimé. Amour zélé, ardent, dévorant qui franchit tous les obstacles que lui oppose l'égoïsme: voilà le véritable Amour, celui qui arrache les âmes à l'abîme où elles se précipitent. »

Encouragée par tant de condescendance, Josefa poursuit ses naïves questions.

« Comment se fait-il - écrit-elle - lorsqu'on prie pour une âme des mois et des mois, que la prière semble ne rien obtenir ?... Comment Lui, qui désire tant la conversion des pécheurs, ne touche-t-Il pas leurs cœurs pour que tant de prières et de sacrifices ne se perdent pas ?... Et je Lui parlai de trois pécheurs, de deux surtout, pour lesquels nous prions ici depuis si longtemps ! »

« - Quand une âme prie pour un pécheur avec l'ardent désir de sa conversion - répond-Il avec condescendance - elle obtient le plus souvent son retour, ne serait-ce qu'au dernier moment. Et l'offense qu'a reçue mon Cœur est réparée.

« De toute manière, la prière n'est jamais perdue car, d'une part, elle console la douleur que Me cause le péché, de l'autre, son efficacité et sa puissance servent, sinon à ce pécheur, du moins à d'autres âmes mieux disposées à en recueillir le fruit.

 « Il y a des âmes qui, pendant leur vie et durant toute l'éternité, sont appelées à Me rendre la gloire qu'il leur appartient, à elles, de Me donner, et celle qu'auraient dû Me procurer d'autres âmes qui se sont perdues.... C'est ainsi que ma Gloire n'est pas atteinte et qu'une âme juste peut réparer les péchés de beaucoup d'autres.

« Que ta prière constante soit celle-ci, Josefa :

« Père Éternel qui, par Amour pour les âmes, avez livré à la mort votre Fils unique, par son Sang, par ses Mérites et par son Cœur, ayez pitié du monde entier et pardonnez tous les péchés qui se commettent. « Recevez l'humble réparation que Vous offrent vos âmes choisies. Unissez-les aux Mérites de votre divin Fils, afin que tous leurs actes soient de grande efficacité. « O Père Éternel! Ayez pitié des âmes et n'oubliez pas que le temps de la Justice n'est pas encore arrivé, mais celui de la Miséricorde. »

« - Ne Me refuse rien - dit-Il avant de s'éloigner - et n'oublie pas que J'ai besoin d'âmes qui continuent ma Passion pour retenir la Colère divine. Mais - ajoute- t-Il - en la rassurant, Je te soutiendrai. »

L'entretien du matin s'achève dans la soirée: Josefa est à la chapelle des Œuvres, dont elle est sacristine, quand soudain, le Seigneur lui apparaît:

« - Tu ne peux savoir comme Je Me repose en toi - lui dit-Il avec bonté. »

« Mais, Seigneur - répond-elle - est-ce possible ! Je ne fais rien d'extraordinaire ! »

« - Ne t'étonne pas ! ... Malgré tant d'offenses que Je reçois des pécheurs, mon Cœur est consolé, car J'ai beaucoup d'âmes qui M'aiment. Oui, sans doute, Je sens vivement la perte de tant d'âmes !... mais cette douleur n’atteint pas ma Gloire. Comprends-le bien, une âme qui M'aime peut réparer les offenses de beaucoup de pécheurs et soulager mon Cœur. »

« Je Lui expliquai que je voudrais bien être une de ces âmes qui L'aiment. Que pourrai-je faire pour Lui prouver mon Amour ?... Pendant ce Carême, je voudrais essayer d'être très simple et très docile... mais surtout Le consoler par mon humilité, comme notre bienheureuse Mère me l'a dit l'autre jour; seulement, je ne sais pas très bien que faire pour cela ?... »

Alors, comme un père s'incline vers son enfant pour lui mieux expliquer sa leçon, Notre-Seigneur lui dit :

« - L'humilité dont ta bienheureuse Mère t'a parlé, ne consiste pas précisément en paroles ni en actes extérieurs, mais elle est dans la fidélité de l'âme mue par la grâce, à en suivre toutes les inspirations, sans se laisser entraîner par les suggestions de l'amour-propre. Cela n'empêche pas, d'ailleurs, cette âme de s'aider par des actes extérieurs à acquérir la vraie et profonde humilité. C'est ce qu'a voulu te dire ta bienheureuse Mère.

« Et maintenant - poursuit-Il - voilà ce que tu feras pour Me consoler des péchés du monde... et surtout de ceux de mes âmes choisies.

« Pendant le Carême, tu réciteras chaque jour le Miserere avec une vraie humilité, en y ajoutant le Pater.

« Tu te prosterneras à terre trois fois, pendant l'espace d'un Ave Maria, pour demander miséricorde et pardon au nom des pécheurs, et tu feras, dans cette même intention, les pénitences qui te seront permises.

Puis le Seigneur exprime le désir que trois fois par semaine, entre onze heures et minuit, Josefa s'unisse à sa prière, pour apaiser la colère irritée du Père et obtenir le pardon des âmes.

Elle n'ose s'engager en face de cette dernière demande, « car - dit-elle - je ne sais si on me le permettra ? »

« - Soumets-le, comme tout le reste, au jugement de tes Supérieures - répond le divin Maître. - Et maintenant - poursuit-Il - Je vais de nouveau reprendre mes Confidences.

« Durant ce Carême, Je te ferai connaître aussi tout ce qui pourrait Me déplaire dans ton âme et Je Me servirai de toi pour consoler mon Cœur chaque fois qu'Il en aura besoin.

« Adieu, Je reviendrai bientôt.... Ne Me laisse pas seul ! ... Ne M'oublie pas ! »

Ce désir du Cœur de Jésus la soutient dans les jours douloureux qui suivent. Comment Le laisserait-elle seul, alors que les péchés des âmes se multiplient et sollicitent sans cesse sa pensée réparatrice ?.

Le mardi des Quarante-Heures, 13 février, la remet en présence de cette grande douleur qu'elle partage de toute son âme: tandis qu'elle fait avec ses Sœurs le Chemin de la Croix, Jésus lui apparaît, la Figure ensanglantée et triste, mais le Cœur brûlant. Il lui demande de rester avec Lui quelques instants. Elle en sollicite la permission et Le rejoint à la grande chapelle, où le Saint Sacrement est exposé :

« - Regarde mon Visage, Josefa, c'est le péché qui le met en cet état. Le monde se précipite pour s'abîmer dans les plaisirs. La multitude des péchés qui se commettent est telle, que mon Cœur est comme noyé dans un torrent d'amertume et de tristesse (1) ...

« Où trouverai-Je un soulagement à ma Douleur ?... « C'est pourquoi Je viens Me réfugier ici et chercher l’Amour pour oublier l'ingratitude de tant d'âmes ! ... »

« J'essayai de Le consoler - écrit-elle - et un moment après, Il reprit :

« - Viens avec Moi dans ta cellule. Là, nous réparerons tant d'offenses et tant de péchés ! ...»

« Je sortis de la chapelle : Jésus marchait devant moi...puis, Il disparut. Quand j'ouvris la porte de la cellule, Il était déjà là. Je me mis à genoux et Il dit :

« - Prosterne-toi jusqu'à terre et adore la Majesté divine méprisée par les hommes.*(1) Revoir la note de la page 206

« Fais un acte de réparation et répète avec Moi :

« O Dieu infiniment Saint ! Je Vous adore. Je me prosterne humblement en votre Présence et Je Vous prie, au nom de votre divin Fils, de pardonner à tant de pécheurs qui Vous offensent ! Je Vous offre ma vie et je désire réparer tant d'ingratitudes ! »

« Il s'arrêta encore... et comme je Lui demandais si ces âmes pécheresses Le blessaient :

« - Oui - dit-Il - ces âmes M'offensent beaucoup, mais mes âmes choisies Me consolent. »

« Je Lui parlais ainsi de temps en temps, Lui redisant mon désir de Le consoler.... Mais que puis-je ?... si misérable et capable de si peu de choses.... »

« - Sans doute - reprit-Il - mais ne sais-tu pas que la misère M'importe peu ?... Ce que Je veux, c'est être le Maître de ta misère. Ne t'occupe pas du reste.... Mon Cœur transforme tout !

« Baise encore la terre et répète avec Moi: « Mon Père! Dieu Saint et Miséricordieux, recevez mon désir de Vous consoler! Je voudrais pouvoir réparer toutes les offenses des hommes.... Mais comme cela m'est impossible, Je Vous offre les Mérites de Jésus-Christ, Rédempteur du Genre humain, afin de satisfaire à votre Justice. »

« Après un moment de silence, je Lui demandai si le démon me persécuterait encore cette nuit comme les précédentes, ou si je pourrai faire l'Heure Sainte, ce soir, avec tout le monde ? »

« - Oui, Je te laisserai passer cette heure unie aux sentiments de mon Cœur qui se consume du désir d'attirer les âmes à Lui, afin de leur pardonner.

« Pauvres pécheurs ! Comme ils sont aveugles ! Je ne désire que leur pardonner et ils ne cherchent qu'à M'offenser !

« Voilà ma plus grande Douleur : que tant d'âmes se perdent et qu'elles ne viennent pas toutes à Moi, afin que mon Cœur leur pardonne. »

Alors profitant de la Bonté de Notre-Seigneur qui semble disposé à répondre à toutes ses questions, Josefa les multiplie avec la simplicité d'une enfant.

« Je Lui ai demandé s'Il se souvient de nos fautes lorsque nous nous repentons après nos chutes et que nous Lui demandons son Pardon ? »

« - Dès que l'âme se jette à mes Pieds et implore ma Miséricorde, Josefa, J'oublie tous ses péchés. »

« Je Lui ai demandé encore s'il y aura, jusqu'à la fin du monde toujours autant d'âmes pour L'offenser ? »

« - Oui, hélas !... Mais jusqu'à la fin du monde, J'aurai aussi des âmes qui Me consoleront. »

« J'ai voulu savoir s'Il ne fait pas entendre sa Voix aux âmes qui sont plongées dans le péché pour les arracher de cet état, car je le vois bien pour moi : quand je suis en tentation et que je Lui résiste, tout à coup, je sens en moi quelque chose qui me fait connaître la vérité et aussitôt je suis saisie de regrets. Jésus m'a répondu :

« - Oui, Josefa, Je cours à la poursuite des pécheurs comme la justice à celle des criminels. Mais la justice les cherche pour les châtier et Moi, pour leur pardonner ! »

Puis, comme elle Lui offre, pour Le consoler, les désirs des âmes religieuses, plus ardents ces jours-ci que d'ordinaire, Il ajoute avant de disparaître :

« - Mes âmes sont pour mon Cœur ce qu'est le baume pour les blessures.

« Je reviendrai plus tard, Josefa continue à Me consoler ! »

Pour l'instant, elle doit Le consoler par sa fidélité, malgré les pièges que le démon sème sous ses pas.

Le samedi 17 février, la Très Sainte Vierge, dissipant toutes les ombres, lui rapporte la Couronne d'épines de son Fils.

« - Elle est pour toi, ma fille - lui dit-Elle. - Ne t'occupe plus des mensonges par lesquels le démon cherche à te troubler. »

Et comme Josefa lui dit sa peine de ne savoir comment résister à tant de pièges, la Vierge lui donne ce grand secret :

« - Pense à la Passion et aux Souffrances de Jésus. »

Puis, plaçant la Couronne d'épines sur la tête de son enfant :

« - Prends-la - ajoute-t-Elle en la bénissant. - C'est elle qui te gardera en la Présence de mon Fils. » Quelques heures après, Jésus lui apparaît avec sa Paix :

« - Viens... approche-toi - dit-Il à Josefa qui hésite - et promets-Moi de ne plus te laisser prendre ainsi aux embûches de l'ennemi. »

 

Elle le voudrait, mais elle n'ose le promettre, car elle sent vivement sa faiblesse.

« - Si tu tombes, Je te relèverai. »

Alors, elle Lui confie ingénument le conseil de sa Mère Immaculée, qu'elle essaie déjà de suivre en fixant sa pensée, d'heure en heure, sur la Passion.

« - Oui - répond le Seigneur avec bonté - pense à mes Souffrances. »

Et indiquant le sens où va se poursuivre son Message, Il ajoute : « - Désormais Je viendrai chaque jour te parler de ma Passion, afin qu'elle soit l'objet de tes pensées et de mes Confidences pour les âmes.»

 

"Un appel à l'Amour " - Sœur Josepha Menendez

Chapitre 8 - Le Carême de 1923

 

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