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Le.blog.catholique.de.Véronique (Blog personnel)

D'UNE TRIPLE OFFRANDE EN L'ÉPIPHANIE DU SEIGNEUR- Sainte Gertrude

4 Janvier 2015, 15:38pm

Publié par Véronique

Sainte Gertrude la Grande

Le Héraut de l'Amour Divin  

Livre 4

 

CHAPITRE VI.

D'UNE TRIPLE OFFRANDE EN L'ÉPIPHANIE DU SEIGNEUR.

1En la fête de l'Épiphanie du Seigneur, elle voulut, à l'exemple des rois, présenter à Dieu son oblation. Afin de satisfaire pour tous les péchés des hommes, depuis Adam jusqu'au dernier de ses fils, elle offrit comme myrrhe le corps du Christ avec toutes les souffrances qu'il endura, et spécialement les douleurs de sa Passion. Pour encens, elle présenta l'âme très sainte du Christ afin que les ardentes prières qui s'élevèrent de cet encensoir, suppléassent à toutes les négligences des créatures. Enfin elle offrit comme or, pour réparer l'imperfection de tous les êtres créés, la très parfaite Divinité et les délices dont elle est la source. Le Seigneur Jésus lui apparut portant cette offrande même, comme un trésor infiniment précieux, afin de la présenter à l'adorable Trinité. Tandis qu'il s'avançait ainsi au milieu du ciel, toute la cour céleste, pénétrée de respect, paraissait fléchir le genou et s'incliner profondément, selon la coutume des personnes dévotes lorsque le Corps. du Seigneur passe devant elles.

2Elle se souvint alors que plusieurs personnes, dans un sentiment d'humilité, lui avaient demandé d'offrir à Dieu pour elles, et en mémoire des présents des Mages, certaines petites prières qu'elle avait récitées avant la fête. Comme elle le faisait avec toute la dévotion possible, le Seigneur Jésus lui apparut de nouveau traversant le ciel avec cette seconde offrande pour la présenter à Dieu le Père. Toute la cour céleste accourait au-devant de lui et célébrait les louanges de ce merveilleux présent. Elle comprit alors que si une personne offre à Dieu ses prières et ses travaux, toute la cour céleste exalte ce don comme une étrenne très précieuse aux yeux du Seigneur. Et lorsque, non content d'apporter son propre bien, on y ajoute les oeuvres plus parfaites du Fils de Dieu, les saints, comme nous l'avons dit, témoignent tant de révérence à ce présent, qu'il semble que rien ne l'égale en grandeur, si ce n'est l'unique et adorable Trinité, qui est au-dessus de tout.

3Une autre fois, tandis qu'on lisait en la même fête, ces paroles de l'Évangile: « Et procidentes adoraverunt eum : et se prosternant ils l'adorèrent », elle fut excitée par l'exemple des bienheureux Mages, se leva en esprit dans une grande ferveur et se prosterna aux pieds sacrés du Seigneur avec la plus humble dévotion, pour les adorer au nom de tout ce qui existe au ciel, sur la terre et dans les enfers. Comme elle ne trouvait cependant aucune offrande digne de Dieu, elle se prit à parcourir le monde avec un désir anxieux, cherchant dans toute la création quelque chose qui pût être offert à son unique Bien-Aimé. Tandis qu'elle courait dans la soif de ses fervents désirs, haletante et brûlante d'amour, elle trouva des choses méprisables, que toute créature aurait rejetées, comme ne pouvant pas contribuer à la louange et à la gloire du Sauveur. Elle s'en empara cependant avec avidité, afin de les rapporter à Celui que toute créature doit seul servir : - Elle attira donc dans son coeur toutes les peines, les douleurs, les craintes et les anxiétés que les créatures ont pu souffrir, non pour la gloire du Créateur, mais par suite de l'infirmité humaine, et les offrit au Seigneur comme une myrrhe de choix - En second lieu elle rassembla toute la fausse sainteté, la dévotion de parade qu'ont affectée les hypocrites, les pharisiens, les hérétiques et gens de même sorte, et la présenta au Seigneur comme le sacrifice d'un encens d'agréable odeur. -Pour la troisième offrande, elle s'efforça de recueillir l'affection naturelle et même l'amour faux et impur dépensé en vain par tant de créatures, afin de les présenter à Dieu comme un or très précieux. En vertu de son ardent et amoureux désir qui s'efforçait de ramener toutes choses à la gloire de son Bien-Aimé, ces misérables offrandes devinrent comme l'or purifié dans la fournaise et séparé par la fusion de toutes ses scories. Elle les présenta ainsi au Seigneur après leur avoir communiqué cette valeur merveilleuse.

4Le Seigneur trouva ses délices dans la variété de ces offrandes qu'il estimait comme des étrennes de grand prix. Il les recueillit sous forme de pierres précieuses et les attacha à son diadème royal : « Voici ces pierreries que tu viens de m'offrir, dit-il, je les accepte avec joie à cause de leur rareté. En souvenir de ton amour très spécial, je les porterai toujours sur le diadème qui orne ma tête, et je me glorifierai devant toute la milice céleste de les avoir reçues de toi, ô mon épouse : c'est ainsi que l'empereur de la terre fixe sur sa couronne la pierre appelée vulgairement ein Besant 1 ; il la porte à cause de sa beauté, car il ne s'en trouve pas de semblable dans tout l'univers.

5Elle se souvint alors d'une personne qui maintes fois l'avait priée d'offrir quelque chose pour elle au Seigneur en ce jour ; et lorsqu'elle eut demandé à Dieu ce qui lui serait agréable, il répondit : « Offre-moi ses pieds, ses mains et son cœur : - Les pieds désignent les désirs : puisque cette personne voudrait me dédommager pour les douleurs de ma mort, qu'elle s'applique à supporter toutes ses propres douleurs physiques et morales. Qu'elle les souffre en union avec ma Passion, pour la louange et la gloire de mon Nom, l'utilité de l'Église mon Épouse ; j'accepterai ce présent comme une myrrhe choisie - Les mains symbolisent l’action ; qu'elle ait soin d'accomplir ses oeuvres corporelles et spirituelles en les unissant aux oeuvres très parfaites de ma sainte Humanité. Cette intention ennoblira, sanctifiera tous ses actes et me sera aussi agréable que le sacrifice d'un encens parfumé. -Enfin le coeur désigne la volonté : que, pour connaître mon bon plaisir, elle ait soin de consulter humblement un homme prudent, et se tienne pour assurée que toutes les paroles de ce conseiller seront l'expression de ma volonté. Si elle s'applique à suivre ses avis, j'accepterai tous ses actes comme la parfaite oblation d'un or très pur. Pour cette humble confiance qui l'a portée à rechercher mes désirs par un intermédiaire, sa volonté sera unie à ma divine volonté, aussi étroitement que l'or et l'argent soumis ensemble à l'action du feu forment un alliage indissoluble. »

6Comme elle voulait offrir à Dieu ensuite les prières que certaines personnes lui avaient dévotement confiées, elle vit le Seigneur porter à son côté gauche, quoique dissimulée sous son bras et à portée de sa main droite, une bourse dans laquelle étaient déposées les prières que ces personnes lui avaient adressées : le Seigneur puisait souvent dans cette bourse pour combler de bienfaits ses amis particuliers. Lorsque, selon la demande de ces personnes, elle offrit ces mêmes prières, elles apparurent placées devant le Seigneur sous la forme de présents et de bijoux variés, et il les distribuait à ceux qui se présentaient moins préparés et moins ornés. Elle comprit que le Seigneur acceptait ces prières d'une double manière, pour récompenser la confiance avec laquelle ces personnes les avaient remises à celle-ci, leur libéralité estimant chose égale qu'elle les présentât en son propre nom ou de leur part, pourvu que le Seigneur daignât les avoir pour agréables.

1. Différentes éditions ont conservé ce mot, ainsi écrit dans l'allemand. C'est en réalité le nom d'une monnaie byzantine, dont on peut supposer qu'on donnait le nom et la forme à cette pierre réservée à la couronne impériale. (Note de l'édition latine.)

 

Source : http://jesusmarie.free.fr/gertrude_d_helfta_le_heraut_de_l_amour_divin_livre_4.html

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