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Le.blog.catholique.de.Véronique (Blog personnel)

enseignements

Diocèse de Rennes - Union de prière

13 Novembre 2022, 16:19pm

Publié par Véronique

Déclaration de Mgr Pierre d'Ornellas, archevêque de Rennes après la mise en examen de l'abbé Yannick Poligné

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Montfort-sur-Meu, paroles de Mgr Pierre d'Ornellas - Dimanche 13 novembre 2022

(Lien)

Ces derniers jours, le curé de Saint-Louis-Marie-en-Brocéliande, à Montfort-sur-Meu (Ille-et-Vilaine), a été emprisonné pour viol aggravé sur mineur et usage de stupéfiants.

Ce terrible mal et drame qui nous est révélé nous atteint. Nous sommes tous concernés puisque nous faisons corps dans l’Église, corps mystique du Christ.

Je revois la Vierge Marie, Mère de l’Église, assise sur le siège de Saint Pierre, avec Jésus-Enfant sur ses genoux. Elle nous regarde. Elle nous présente Jésus son Fils. Le tableau n'est pas très en couleur, le fond noir extrêmement opaque est pesant. L’Église traverse une période bien sombre, bien difficile. Nous sommes invités à la prière.

Nous serions peut-être tentés de critiquer, de juger ce prêtre coupable, mais qui sommes-nous pour cela ? Ne commettons-nous pas de péchés ? Ne sommes-nous pas déjà tombés ? Pauvres pécheurs que nous sommes, que Dieu nous fasse miséricorde, qu'Il nous aide et nous apprenne à être amour comme Il est amour, à le mettre en pratique et à lui faire porter des fruits. Laissons la justice civile faire son travail.

Cela n'enlève en rien les douleurs physiques, morales, psychologiques... des victimes. Nos prières quotidiennes ne doivent pas les oublier, nous pouvons même les placer à la première intention. Les victimes et leurs proches doivent être le centre de l'élan de notre cœur.

Nous tous baptisés sommes blessés par les drames causés par certains membres de l’Église. Nous sommes "Un" dans le corps mystique du Christ. Notre cœur souffrant peut faire couler des larmes. Cette lourde et vive émotion était visible et palpable ce matin en l’Église de Dinard. C'était difficile. Ne pouvant me rendre physiquement à la messe ce matin, j'ai regardé cette messe en direct. Le cœur était souffrant et serré. Les yeux étaient inondés de larmes, expression vivante de la douleur du cœur. Offrir, offrir nos émotions à Dieu pour la guérison, pour la paix du cœur et de l'âme, pour que les esprits reviennent à la raison en suivant le chemin le plus sûr qu'est le cœur de Jésus. Offrir pour qu'Il vienne guérir les victimes là où elles doivent être guéries. Lui seul les connaît parfaitement, où se place leur blessure la plus profonde, la plus douloureuse, là où c'est le plus abîmé, le plus meurtri.

Nous, membres de l’Église, tout comme ce prêtre de Dinard très ému par ce drame, nous sommes touchés et blessés par cette terrible nouvelle et les conséquences qu’elle engendre. Alors, tout comme pour les victimes, n'hésitons pas à demander à Jésus de venir nous guérir là où en nous il y a blessure(s), là où c'est le plus blessé, le plus meurtri. Il sait où Il peut agir, il suffit humblement de le Lui demander. Le temps de la guérison est personnel, cela dépend de chacun, faisons confiance au temps de Dieu.

Que nos souffrances ne soient pas vaines mais vie. Après les ténèbres vient la lumière.

Je connais la commune de Montfort-sur-Meu, j'y passe lorsque je vais me recueillir sur les sépultures familiales, à Saint Léry notamment, où j'ai passé beaucoup de mes vacances d'enfance chez ma grand-mère maternelle. J'aime beaucoup sa petite église, ses statues, surtout celle de sainte Jeanne d'Arc qui dominait mon champ de vision pendant la messe le dimanche, et aussi celle de Saint Moïse. J'ai des amis prêtres dans le diocèse de Rennes. Je pense à eux et leur renouvelle mon amitié fraternelle en plus de mon soutien fraternel.

Je témoigne ma compassion et mon soutien aux victimes, à leurs proches, au diocèse de Rennes, aux membre de l’Église. Je leur apporte mon humble prière et offrande afin que Jésus guérisse nos blessures, nous fortifie, nous porte dans son amour, sa miséricorde et son espérance. En nous, qu'Il guérisse tout ce qu'il y a à guérir, qu'Il relève ce qu'Il y a à relever, qu'Il abaisse ce qu'il y a à abaisser, afin de demeurer devant sa Sainte Face. N'oublions pas de prier pour toutes les victimes de tous les diocèses, dans le monde entier.

Amen.

 

 

Je peux me tromper en vous faisant part de ce qui m'est venu à l'esprit pendant la messe ce matin et qui revient plusieurs fois depuis, mais si cela vient de Dieu je préfère vous le transmettre :

Livre de l'Ecclésiaste Qohélet (Bible des Peuples)

Chapitre •3

    1 Il y a sous le soleil un moment pour tout, et un temps pour chaque entreprise :
    2 un temps pour naître, et un temps pour mourir ; un temps pour planter, un autre pour déraciner la plante ;
    3 un temps pour tuer, et un temps pour soigner ; un temps pour démolir, et un temps pour bâtir ;
    4 un temps pour pleurer, et un temps pour rire ; un temps pour le deuil, et un temps pour la danse ;
    5 un temps pour jeter les pierres, un autre pour les ramasser ; un temps pour les embrassements, un temps pour s’en abstenir ;
    6 un temps pour chercher, et un temps pour perdre ; un temps pour conserver, un temps pour se débarrasser ;
    7 un temps pour déchirer, et un temps pour recoudre ; un temps pour se taire, et un temps pour parler ;
    8 un temps pour aimer, et un temps pour haïr ; un temps pour la guerre, et un temps pour la paix :
    9 à la fin, quel profit retirera-t-on de ses peines ?

 

 

Tout comme ceci à l'instant :

 

"Faites-moi confiance" - Jésus 13/11/2022

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Pardonner - père Matthieu Dauchez (Enseignement)

10 Novembre 2022, 16:28pm

Publié par Véronique

 

Sur ce lien, en cliquant sur la flèche bleue, en haut et à gauche de l'écran.

(Possibilité d'enregistrer l'enseignement, avec un clique droit de votre sourie sur la barre du temps)

 

 

 

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2 novembre - Commémoration de tous les fidèles défunts

2 Novembre 2022, 10:35am

Publié par Véronique

Aujourd'hui, journée dédiée spécialement à la prière, accompagnée dans l'Eucharistie elle serait complète.

 

 

Saint Jean-Marie Vianney - Saint curé d'Ars

2 NOVEMBRE
COMMÉMORATION DES MORTS

(PREMIER SERMON)

 

Venil nox, quando nemo potest operari.
La nuit vient, pendant laquelle personne ne peut plus travailler.
(S. Jean, IX, 4.)

Telle est, M.F., la cruelle et affreuse position où se trouvent maintenant nos pères et mères, nos parents et nos amis, qui sont sortis de ce monde sans avoir entiè-rement satisfait à la justice de Dieu. Il les a condamnés à passer nombre d'années dans ces prisons ténébreuses du purgatoire, où sa justice s'appesantit rigoureusement sur eux, jusqu'à ce qu'ils lui aient entièrement payé leurs dettes. « Oh ! qu'il est terrible, nous dit le saint Roi-prophète, de tomber entre les mains du Dieu vivant  ! « Mais pourquoi, M.F., suis-je monté en chaire aujourd'hui ; que vais-je vous dire ? Ah ! je viens de la part de Dieu même ; je viens de la part de vos pauvres parents, afin de réveiller en vous cet amour de reconnaissance que vous leur devez ; je viens vous re-mettre devant les yeux toutes les bontés et l'amour qu'ils ont eus pour vous pendant qu'ils étaient sur la terre ; je viens vous dire qu'ils brûlent dans les flammes, qu'ils pleurent, et qu'ils demandent à grands cris le secours de vos prières et de vos bonnes oeuvres. Il me semble les entendre s'écrier du fond de ces brasiers qui les dévorent : « Ah ! dites bien à nos pères, à nos mères, dites à nos enfants, à tous nos parents, combien sont cruels les maux que nous souffrons. Nous nous jetons à leurs pieds pour implorer le secours de leurs prières. Ah ! dites-leur que depuis que nous sommes séparés d'eux, nous sommes ici à brûler dans les flammes ! Oh ! qui pourra être insensible à tant de maux que nous endurons ? « Voyez-vous, M.F., entendez-vous cette tendre mère et ce bon père, et tous ces parents qui vous tendent les mains ? « Mes amis, s'écrient-ils, arrachez--nous à ces tortures, vous le pouvez. » Voyons donc, M.F., 1° la grandeur des tourments qu'endurent les âmes du purgatoire, et 2° les moyens que nous avons de les soulager, qui sont : nos prières, nos bonnes oeuvres, et surtout le saint sacrifice de la Messe.

I. – Je ne veux pas m'arrêter à vous prouver l'exis-tence du purgatoire ; ce serait perdre mon temps. Nul d'entre vous n'a le moindre doute là-dessus. L'Église à qui Jésus-Christ a promis l'assistance du Saint-Esprit, et qui, par conséquent, ne peut ni se tromper ni nous tromper, nous l'enseigne d'une manière assez claire et assez évidente. Il est certain et très certain qu'il y a un lieu où les âmes des justes achèvent d'expier leurs péchés, avant d'être admises à la gloire du paradis qui leur est assurée. Oui, M.F., et c'est un article de foi : si nous n'avons pas fait une pénitence proportionnée à la grandeur et à l'énormité de nos péchés, quoique par-donnés dans le saint tribunal de la pénitence, nous serons condamnés à les expier dans les flammes du purgatoire. Si Dieu, la justice même, ne laisse pas une bonne pensée, un bon désir et la moindre action sans récompense, de même aussi il ne laissera pas impunie une faute, quelque légère qu'elle soit ; et nous irons souffrir en purgatoire tout le temps que la justice de Dieu l'exigera, pour achever de nous purifier. Dans l'Écriture sainte, grand nombre de textes montrent que, bien que nos péchés soient pardonnés, le bon Dieu nous impose encore l'obligation de souffrir dans ce monde, par des peines temporelles, ou dans l'autre, par les flammes du purgatoire .
Voyez ce qui arriva à Adam : s'étant repenti après son péché, Dieu l'assura qu'il l'avait pardonné, et cependant il le condamna à faire pénitence pendant plus de neuf cents ans  ; pénitence qui surpassa tout ce que l'on peut imaginer. Voyez encore   : David ordonne, contre le gré de Dieu, le dénombrement de ses sujets ; mais, poussé par les remords de sa conscience, il reconnaît son péché, se jette la face contre terre et prie le Seigneur de lui pardonner. Dieu, touché de son repentir, le par-donne en effet ; mais, malgré cela, il lui envoie Gad pour lui dire : « Prince, choisissez l'un des trois fléaux que le Seigneur vous a préparés en punition de votre faute : la peste, la guerre et la famine. » David dit : « Il vaut mieux tomber entre les mains du Seigneur dont j'ai tant de fois éprouvé la miséricorde, que dans celles des hommes. » Il choisit donc la peste, qui dura trois jours et qui lui enleva plus de soixante-dix mille sujets ; et, si le Seigneur n'avait arrêté la main de l'ange déjà étendue sur la ville, tout Jérusalem eût été dépeuplé ! David voyant tant de maux causés par son péché, demanda en grâce au bon Dieu de le punir lui seul, et d'épargner son peuple qui était innocent . Hélas ! M.F., quel sera donc le nombre d'années que nous aurons à souffrir en purgatoire, nous qui avons tant de péchés ; qui, sous prétexte que nous les avons confessés, ne faisons point de pénitence et ne versons point de larmes ? Que d'années de souffrances nous attendent dans l'autre vie !
Mais comment pourrai-je vous faire le tableau déchi-rant des maux qu'endurent ces pauvres âmes, puisque les saints Pères nous disent que les maux qu'elles endurent dans ces lieux, semblent égaler les souffrances que Jésus-Christ a endurées pendant sa douloureuse passion ? Cependant, il est certain que si le moindre supplice de Jésus-Christ avait été partagé entre tous les hommes, ils seraient tous morts par la violence des souffrances. Le feu du purgatoire est le même que celui de l'enfer, la différence qu'il y a, c'est qu'il n'est pas éternel. Oh ! il faudrait que le bon Dieu, dans sa miséri-corde, permit qu'une de ces pauvres âmes qui brûlent dans ces flammes, parût ici à ma, place, tout environnée des feux qui la dévorent, et qu'elle vous fît elle-même le récit des maux qu'elle endure. Il faudrait, M.F., qu'elle fît retentir cette église de ses cris et de ses sanglots, peut-être enfin cela attendrirait-il vos cœurs. « Oh ! que nous souffrons, nous crient-elles, ô nos frères, délivrez--nous de ces tourments ; vous le pouvez ! Ah ! si vous sentiez la douleur d'être séparées de son Dieu !... » Cruelle séparation ! Brûler dans un feu allumé par la justice d'un Dieu !... souffrir des douleurs incompréhen-sibles à l'homme mortel !... être dévoré par le regret, sachant que nous pouvions si bien les éviter !... «  Oh ! mes enfants, s'écrient ces pères et mères, pouvez-vous  bien nous abandonner, nous qui vous avons tant aimés ? Pouvez-vous bien vous coucher dans la mollesse et nous laisser étendus sur un brasier de feu ? Aurez-vous le courage de vous livrer au plaisir et à la joie, tandis que nous sommes ici à souffrir et à pleurer nuit et jour ? Vous possédez nos biens et nos maisons, vous jouissez du fruit de nos peines, et vous nous abandonnez dans ce lieu de tourments où nous souffrons des maux si affreux, depuis tant d'années !... Et pas une aumône, pas une messe qui nous aide à nous délivrer ! – Vous pouvez nous soulager, ouvrir notre prison ; et vous nous abandonnez ? Oh ! que nos souffrances sont cruelles !... » Oui, M.F., l'on juge bien autrement dans les flammes, de toutes ces fautes légères, si toutefois l'on peut appeler léger, ce qui nous fait endurer des douleurs si rigou-reuses. « 0 mon Dieu, s'écrie le Roi-prophète, malheur à l'homme, même le plus juste, si vous le jugez sans miséricorde . « Si vous avez trouvé des taches dans le soleil et de la malice dans les anges, que sera-ce donc de l'homme pécheur  ? Et pour nous, qui avons commis tant de péchés mortels, et qui n'avons encore presque rien fait pour satisfaire à la justice de Dieu, que d'années de purgatoire ! ...
«  Mon Dieu, disait sainte Thérèse, quelle âme sera assez pure pour entrer dans le ciel, sans passer par les flammes vengeresses ? » Dans sa dernière maladie elle s'écria tout à coup : « O justice et puissance de mon Dieu, que vous êtes terrible ! » Pendant son agonie, Dieu lui fit voir sa sainteté, telle que les anges et les saints la voient dans le ciel, ce qui lui causa tant de frayeur, que ses sœurs la voyant toute tremblante et dans une agitation extraordinaire, s'écrièrent tout en larmes : « Ah ! notre mère, que vous est-il donc arrivé ; craignez-vous encore la mort, après tant de pénitences, des larmes si abondantes et si amères ? » – « Non, mes enfants, leur répondit sainte Thérèse, je ne crains pas la mort, au contraire, je la désire, afin de m'unir à jamais à mon Dieu. » – « Est-ce donc que vos péchés vous effraient, après tant de macérations ? » – « Oui, mes enfants, leur dit-elle, je crains mes péchés, mais je crains encore quelque chose de plus. » – « Est-ce donc le jugement ? » – « Oui, je frémis à la vue du compte redoutable qu'il faudra rendre au bon Dieu, qui, dans ce moment, sera sans miséricorde ; mais il y a encore quelque chose dont la seule pensée me fait mourir de frayeur. » Ces pauvres sœurs se désolaient. – « Hélas ! serait-ce l'enfer ? » – « Non, leur dit-elle, l'enfer, grâce à Dieu, n'est pas pour moi ; oh ! mes sœurs, c'est la sainteté de Dieu ! Mon Dieu, ayez pitié de moi ! Il faut que ma vie soit confrontée avec celle de Jésus-Christ lui--même ! Malheur à moi si j'ai la moindre souillure, la moindre tache ! Malheur à moi si j'ai même l'ombre du péché ! » – « Hélas, s'écrient ces pauvres religieuses, quel sera donc notre sort  !... » Que sera-t-il donc de nous, M.F., de nous qui peut-être dans toutes nos péni-tences et nos bonnes oeuvres, n'avons pas encore satisfait à un seul péché pardonné dans le tribunal de la pénitence ? Ah ! que d'années et de siècles de tourments pour nous punir !... Que nous paierons cher toutes ces fautes que nous regardons comme un rien, telles que les petits mensonges que nous disons pour nous divertir, les petites médisances, le mépris des grâces que le bon Dieu nous fait à chaque instant, ces petits murmures dans les peines qu'il nous envoie ! Non, M.F., jamais nous n'aurions la force de commettre le moindre péché, si nous pouvions comprendre combien il outrage le bon Dieu, et combien il mérite d'être puni rigoureusement, même en ce monde.
Nous lisons dans l'Écriture sainte  que le Seigneur dit un jour à un de ses prophètes : « Va trouver de ma part le roi Jéroboam, pour lui reprocher l'horreur de son idolâtrie ; mais je te défends de prendre aucune nourri-ture chez lui, ni en chemin. » Le prophète obéit sur le champ, il s'exposa même au danger évident de périr. Il se présenta devant le roi, et lui reprocha son crime, ainsi que le Seigneur le lui avait dit. Le roi, tout en fureur de ce que le prophète avait la hardiesse de le reprendre, étend la main et ordonne de le saisir. La main du roi se dessèche à l'instant même. Jéroboam se voyant puni, rentre en lui-même. Dieu, touché de son repentir, lui pardonne son péché et lui rend sa main. Ce bienfait changea le cœur du roi, qui invita le prophète à manger avec lui. « Non, lui dit le prophète, le Seigneur me l'a défendu ; quand bien même vous me donneriez la moitié de votre royaume, je ne le ferais pas. » Comme il s'en retournait, il trouve un faux prophète se disant envoyé du Seigneur, qui l'engage à manger avec lui. Il se laissa tromper par ce discours, et prit un peu de nourriture. Mais, au sortir de la maison du faux prophète, il rencontra un lion d'une grosseur énorme qui se jeta sur lui et le tua. Maintenant, si vous demandez au Saint-Esprit quelle a été la cause de cette mort, il vous répondra que la désobéissance du prophète lui a mérité ce châtiment. Voyez encore Moïse, qui était si agréable au bon Dieu. Pour avoir douté un instant de sa puissance, en frappant deux fois une pierre pour en faire sortir de l'eau, le Sei-gneur lui dit : « J'avais promis de te faire entrer dans la Terre promise, où le miel et le lait coulent par ruisseaux ; mais, en punition de ce que tu as frappé deux fois la pierre, comme si une seule n'avait pas suffi, tu iras jus-qu'aux pieds de cette terre de bénédictions, et tu mourras avant d'y entrer  ». Si Dieu, M.F., punit si rigoureuse-ment des péchés si légers, que sera-ce donc d'une dis-traction dans la prière, de tourner la tête à l'église, etc... Oh ! que nous sommes aveugles !... Que nous nous pré-parons d'années et de siècles de purgatoire, pour toutes ces fautes que nous regardons comme rien... Comme nous changerons de langage, lorsque nous serons dans ces flammes où la justice de Dieu se fait sentir si rigou-reusement !...
Dieu est juste, M.F., dans tout ce qu'il fait ; quand il nous récompense pour la moindre bonne action, il le fait au delà de tout ce que nous pouvons désirer ; une bonne pensée, un bon désir, c'est-à-dire, désirer faire quelque bonne oeuvre, quand bien même on ne pourrait la faire, il ne nous laisse pas sans récompense ; mais aussi, lors-qu'il s'agit de nous punir, c'est avec rigueur, et nous n'aurions qu'une légère faute, nous serons jetés en pur-gatoire. Cela est vrai, car nous voyons dans la vie des saints, que plusieurs ne sont allés au ciel qu'après avoir, passé par les flammes du purgatoire. Saint Pierre Da-mien raconte que sa sœur demeura plusieurs années en purgatoire, pour avoir écouté une mauvaise chanson avec quelque peu de plaisir. On rapporte que deux religieux se promirent l'un à l'autre que le premier qui mourrait viendrait dire au survivant l'état où il serait ; en effet, le bon Dieu permit à celui qui mourut le premier d'appa-raître à son ami. Il lui dit qu'il était resté quinze jours en purgatoire pour avoir trop aimé à faire sa volonté. Et comme cet ami le félicitait d'y être si peu resté : « J'au-rais bien mieux aimé, répondit le défunt, être écorché vif pendant dix mille ans continus, car cette souffrance n'aurait pas encore pu être comparée à ce que j'ai souf-fert dans les flammes. » Un prêtre dit à un de ses amis, que le bon Dieu l'avait condamné à rester en purgatoire plusieurs mois, pour avoir retardé l'exécution d'un tes-tament destiné à faire de bonnes oeuvres. Hélas ! M.F., combien parmi ceux qui m'entendent ont à se reprocher pareille faute ? combien en est-il qui peut-être, depuis huit ou dix ans, ont reçu de leurs parents ou de leurs amis, la charge de faire dire des messes, de donner des aumônes, et qui ont tout laissé ! Combien y en a-t-il qui, dans la crainte de trouver quelques bonnes oeuvres à faire, ne veulent pas prendre la peine de regarder le testament que leurs parents ou leurs amis ont fait en leur faveur ? Hélas ! ces pauvres âmes sont détenues dans les flammes, parce que l'on ne veut pas accomplir leurs dernières volontés ! Pauvres pères et mères, vous vous êtes sacrifiés pour rendre heureux vos enfants ou vos héritiers ; vous avez peut-être négligé votre salut pour augmenter leur fortune ; vous vous êtes refié sur les bonnes oeuvres que vous laisseriez dans votre testa-ment ! Pauvres parents ! que vous avez été aveugles de vous oublier vous-mêmes ! ....
Vous me direz peut-être : « Nos parents ont bien vécu, ils étaient bien sages. » Ah ! qu'il en faut peu pour aller dans ces feux ! Voyez ce que dit à ce sujet Albert le Grand, lui dont les vertus brillèrent d'une manière si extraordi-naire ; il révéla un jour à un de ses amis, que Dieu l'a-vait conduit en purgatoire, pour avoir eu une petite pen-sée de complaisance à cause de sa science. Ce qu'il y a encore de plus étonnant, c'est qu'il y a eu des saints, même canonisés, qui ont passé par le purgatoire. Saint Séverin, archevêque de Cologne, apparut à un de ses amis longtemps après sa mort, et lui dit qu'il avait été en purgatoire, pour avoir remis au soir des prières qu'il devait faire le matin . Oh ! que d'années de purgatoire, pour ces chrétiens qui ne font point de difficulté de re-mettre leur prière à un autre temps, sous prétexte qu'ils ont de l'ouvrage qui presse ! Si nous désirions sincèrement le bonheur de posséder le bon Dieu, nous évite-rions aussi bien les petites fautes que les grandes, puis-que la séparation de Dieu est un tourment si affreux à ces pauvres âmes !
Les saints Pères nous disent que le purgatoire est un lieu près de l'enfer. Ceci est très facile à comprendre, puisque le péché véniel est voisin du péché mortel ; mais ils croient que toutes les âmes ne sont pas détenues dans ce lieu pour satisfaire à la justice de Dieu, et que plu-sieurs souffrent dans le lieu même où elles ont fait le mal. En effet, saint Grégoire, pape, nous en donne une preuve assez forte. Il rapporte qu'un saint prêtre, in-firme, allait tous les jours, par ordre de son médecin, prendre des bains dans un lieu écarté ; il trouvait chaque fois un personnage inconnu qui l'aidait à se déchausser, et, après qu'il avait pris son bain, lui présentait un linge pour s'essuyer. Le saint prêtre, touché de reconnais-sance, venant un jour de dire la sainte Messe, présenta à son inconnu un morceau de pain bénit. « Mon père, lui répondit cet homme, vous me présentez une chose dont je ne fais point usage, quoique vous me voyiez avec un corps. Je suis le seigneur de ce lieu, qui fais ici mon purgatoire. » Et il disparut en disant : « Ministre du Sei-gneur, ayez pitié de moi ! Oh ! que je souffre ! vous pou-vez me délivrer ; de grâce, offrez pour moi le saint sacri-fice de la messe, offrez vos prières et vos infirmités, le Seigneur me délivrera. » Si nous étions bien con-vaincus de cela, pourrions-nous oublier si facilement nos pauvres parents, qui sont peut-être continuelle-ment autour de nous ? Si le bon Dieu leur permettait de se montrer, nous les verrions se jeter à nos pieds. « Ah ! mes enfants, diraient ces pauvres âmes, ayez pitié de nous ! De grâce, ne nous abandonnez pas ! » Oui, M.F., le soir en nous couchant, nous verrions nos pauvres pères et mères réclamer le secours de nos priè-res ; nous les verrions, dans nos maisons, dans nos champs. Ces pauvres âmes nous suivent partout: mais, hélas ! ce sont de pauvres mendiants auprès de mauvais riches. Elles ont beau leur exposer leurs besoins et leurs tourments, ces mauvais riches n'en sont malheureuse-ment point touchés. « Mes amis, nous crient-elles, un Pater et un Ave ! une sainte Messe ! » Quoi ! nous se-rions assez ingrats pour refuser à un père, à une mère, une si petite partie des biens qu'ils ont acquis ou con-servés avec tant de peines ? Dites-moi, si votre père, votre mère ou un de vos enfants étaient dans le feu, et qu'ils vous tendissent les mains pour vous prier de les délivrer, auriez-vous le courage d'y être insensibles et de les laisser brûler sous vos yeux ? Or, la foi nous apprend que ces pauvres âmes souffrent ce que jamais l’homme mortel ne pourra comprendre...
Si nous voulons, M.F., nous assurer le ciel, ayons une grande dévotion à prier pour les âmes du purgatoire. L'on peut même dire que cette dévotion est une mar-que presque certaine de prédestination, et un puissant moyen de salut. L'Écriture sainte nous fournit une com-paraison admirable dans l'histoire de Jonathas . Saül, son père, avait défendu à tous les soldats, sous peine de mort, de prendre aucune nourriture jusqu'à ce qu'ils eus-sent défait les Philistins. Jonathas, qui n'avait pas en-tendu cette défense, étant épuisé de fatigue, trempa le bout de sa baguette dans un rayon de miel et en goûta. Saül consulta le Seigneur, pour savoir si personne n'a-vait violé la défense. Apprenant que son fils l'avait violée, le père commanda qu'on se saisit de lui, en disant : « Je veux que le Seigneur me punisse, si vous ne mourez pas aujourd'hui. » Jonathas se voyant condamné à mort par son père, pour avoir violé une défense qu'il n'avait pas entendue, tourna ses regards vers le peuple, et, laissant couler ses larmes, il semblait lui rappeler tous les ser-vices qu'il lui avait rendus, et toutes les bontés qu'il avait eues pour lui. Le peuple se jeta aussitôt aux pieds de Saül : « Quoi ! vous feriez mourir Jonathas, lui qui vient de sauver Israël ! lui qui nous a délivrés des mains de nos ennemis ! Non, non, il ne tombera pas un cheveu de sa tête, nous avons trop à cœur de le conserver, il nous a trop fait de bien pour si tôt l'oublier. » Ceci est l'image sensible de ce qui arrive à l'heure de la mort. Si nous avons eu le bonheur de prier pour les âmes du purgatoire, lorsque nous paraîtrons devant le tribunal de Jésus-Christ pour rendre compte de toutes nos actions, ces âmes se jetteront aux pieds du Sauveur en lui disant : « Seigneur, grâce pour cette âme ! grâce, miséricorde pour elle ! ayez pitié, mon Dieu, de cette âme si chari-table, qui nous a arrachées aux flammes, et qui a satisfait à votre justice ! Mon Dieu ! mon Dieu ! oubliez, nous vous en prions, ses fautes, comme elle vous a fait oublier les nôtres ! » Oh ! que ces motifs sont puissants pour vous inspirer une tendre compassion envers ces pauvres âmes souffrantes !... Hélas ! elles sont bientôt oubliées. L'on a bien raison de dire que le souvenir des morts s'en va avec le son des cloches. Souffrez, pauvres âmes, pleurez dans ce feu allumé par la justice de Dieu, c'est en vain ; l'on ne vous écoute pas, l'on ne vous soulage pas !... Voilà donc, M.F., la récompense de tant de bonté et de charité qu'elles ont eues pour nous pendant leur vie. Non, ne soyons pas du nombre de ces ingrats ; puisque, travaillant à leur délivrance, nous travaillerons à notre salut.

II. – Mais, me direz-vous, comment pouvons-nous les soulager et les conduire au ciel ? – Si vous désirez, M.F., leur prêter secours, je vais vous montrer que c'est facile, 1° par la prière et les aumônes ; 2° par les indulgences, et 3° surtout, par le saint sacrifice de la Messe.
Je dis 1° par la prière. Quand nous faisons une prière pour les âmes du purgatoire, nous leur cédons tout ce que le bon Dieu nous accorderait si nous la faisions pour nous--même ; mais hélas ! que nos prières sont peu de chose, puisque c'est encore un pécheur qui prie pour un coupa-ble ! Mon Dieu, qu'il faut que votre charité soit grande !... Nous pouvons, chaque matin, offrir toutes nos actions de la journée, toutes nos autres prières pour le soulage-ment de ces pauvres âmes souffrantes. Tout cela est bien peu de chose, il est vrai ; mais voilà : nous leur faisons comme à une personne qui aurait les mains liées et serait chargée d'un pesant fardeau, à qui nous viendrions de temps en temps ôter un peu de cette charge ; peu à peu elle se trouverait délivrée de tout. Il en est de même pour les pauvres âmes du purgatoire, quand nous faisons quelque chose pour elles ; une fois, nous abrégerons leurs peines d'une heure, une autre fois, d'un quart d'heure, de sorte que, chaque jour, nous les approchons du ciel.
Nous disons 2° que nous les pouvons délivrer par les indulgences, qui les conduisent à grands pas vers le ciel. Le bien que nous leur communiquons est d'un prix infini ; car nous leur appliquons les mérites du Sang adorable de Jésus-Christ, des vertus de la sainte Vierge et des saints, qui ont fait plus de pénitences que leurs péchés n'en méritaient. Hélas ! si nous voulions, comme nous aurions bientôt vidé le purgatoire, en appliquant toutes les indulgences que nous pouvons gagner pour ces âmes souffrantes !... Voyez, M.F., l'on peut gagner quatorze indulgences plénières en faisant le chemin de la croix . On le fait de plusieurs manières ... Oh ! que vous êtes coupables d'avoir laissé brûler vos parents, lorsque vous pouviez si bien et si facilement les délivrer !
3° Le moyen le plus puissant pour hâter leur bonheur, c'est la sainte Messe, parce qu'alors ce n'est plus un pécheur qui prie pour un pécheur, mais un Dieu égal à son Père qui ne lui refusera jamais rien. Jésus-Christ nous l'assure dans l'Evangile quand il dit : « Mon Père, je vous rends grâce, parce que vous m'écoutez toujours  ! » Afin de mieux vous en convaincre, je vais vous citer un exemple des plus touchants, et qui vous montrera combien est grand le pouvoir de la sainte Messe. Il est rapporté dans l'histoire de l'Église que, peu de temps après la mort de l'empereur Charles , un saint homme du diocèse de Reims, nommé Bernold, étant tombé malade et ayant reçu les derniers sacre-ments, demeura près d'un jour sans parler, à peine pouvait-on s'apercevoir qu'il fut en vie ; il ouvrit enfin les yeux et commanda à ceux qui le gardaient de faire venir au plus tôt son confesseur. Le prêtre accourut, et trouva le malade tout en pleurs, qui lui dit : « J'ai été transporté en l'autre monde, je me suis trouvé dans un lieu où j'ai vu l'évêque Pardule de Laon, qui passait vêtu de haillons crasseux et noirs, et souf-frait horriblement dans les flammes ; il m'a tenu ce lan-gage : « Puisque vous avez le bonheur de retourner sur la terre, je vous prie de m'aider et de me soulager ; vous pouvez même me délivrer et me procurer le grand bonheur de voir le bon Dieu. – Mais, lui ai-je répondu, comment pourrai-je vous procurer ce bonheur ? – Allez trouver ceux à qui j'ai fait du bien pendant ma vie, dites- leur qu'en retour ils prient pour moi, et le bon Dieu m'aura en pitié. » Après avoir fait ce qu'il a ordonné, je l'ai revu beau comme un soleil, il ne paraissait plus souf-frir, et, dans son contentement, il m'a remercié en disant: « Regardez combien les prières et la sainte Messe m'ont procuré de biens et de bonheur. » Un peu plus loin, j'ai vu le roi Charles, qui me parla en ces termes : « Mon ami, que je souffre ! Va trouver l'évêque Hincmar, dis- lui que je souffre pour n'avoir pas suivi ses conseils, mais que je compte sur lui pour m'aider à sortir de ce lieu de souffrances ; recommande aussi à tous ceux à qui j'ai fait du bien pendant ma vie, de prier pour moi, d'offrir le saint sacrifice de la Messe, et je serai délivré. »  J'allai trouver l'évêque, qui se préparait à dire la messe, et qui, avec tout son peuple, se mit à prier dans cette intention. Je revis ensuite le roi couvert de ses habits royaux et tout brillant de gloire : « Regarde, dit-il, quelle gloire tu m'as procurée, maintenant me voilà heureux pour toujours. » Dans ce moment, je sentis l'odeur d'un parfum exquis, qui venait du séjour des bienheureux. Je m'en approchai, dit le Père Bernold, j'ai vu des beautés et des délices que le langage humain ne peut expri-mer . »
Voilà qui nous prouve combien nos prières et nos bonnes oeuvres, et surtout la sainte Messe, sont puissantes pour tirer ces pauvres âmes de leurs souffrances. Mais en voici un autre exemple, que nous trouvons aussi dans l'histoire de l'Église : il est encore plus frappant. Un saint prêtre ayant appris la mort de son ami qu'il aimait uniquement pour le bon Dieu, ne trouva point de moyen plus efficace pour sa délivrance, que d'aller promptement offrir le saint sacrifice de la Messe. Il commença avec toute la ferveur possible et la douleur la plus vive. Après avoir consacré le Corps adorable de Jésus-Christ, il le prit entre ses mains, et, levant les mains et les yeux au ciel : « Père éternel, dit-il, voilà que je vous offre le corps, l'âme de votre très cher Fils. 0 Père éternel ! ren-dez-moi l'âme de mon ami, qui souffre dans les flammes du purgatoire ! Oui, mon Dieu, je suis libre de vous offrir ou non votre Fils, vous pouvez m'accorder ce que je vous demande ! Mon Dieu, faisons échange : délivrez mon ami, et je vous donnerai votre Fils ; ce que je vous présente vaut infiniment mieux que ce que je vous demande. » Cette prière fut faite avec une foi si vive, qu'à l'instant même il vit l'âme de son ami sortir du pur-gatoire et monter au ciel. Il est encore rapporté qu'un prêtre, disant la sainte Messe pour une âme du purga-toire, l'en vit sortir sous la forme d'une colombe et monter au ciel. Sainte Perpétue recommande fortement de prier pour les âmes du purgatoire. Dans une vision, Dieu lui fit voir son frère qui brûlait dans les flammes, et qui, cependant, était mort à peine âgé de sept ans, après avoir souffert presque toute sa vie d'un cancer qui le faisait crier nuit et jour. Elle fit beaucoup de prières et de pénitences pour sa délivrance, aussi le vit-elle monter au ciel brillant comme un ange. Oh ! qu'ils sont heureux, M.F., ceux qui ont de pareils amis !
A mesure que ces pauvres âmes s'approchent du ciel, elles semblent encore souffrir davantage. Elles font comme Absalon : après être resté quelque temps en exil, il revient dans son pays, mais sans avoir la permission de voir son père qui l'aimait tendrement. Quand on lui annonça qu'il resterait près de son père, mais qu'il ne le verrait pas : « Ah ! s'écria-t-il, je verrai les fenêtres et les jardins de mon père, et je ne le verrai pas lui-même ? Dites-lui que j'aime mieux mourir, que de rester ici sans avoir le bonheur de le voir. Dites-lui que ce n'est pas assez de m'avoir pardonné ; mais qu'il faut encore qu'il m'ac-corde le bonheur de le voir . » De même aussi ces pauvres âmes se voyant près de sortir de leur exil, leur amour pour Dieu, le désir de le posséder deviennent si ardents, qu'elles semblent ne plus pouvoir y résister. « Seigneur, s'écrient-elles, regardez-nous des yeux de votre miséricorde, nous voilà à la fin de nos souffrances. Oh ! que vous êtes heureux, nous crient-elles du fond des flammes qui les brûlent, vous qui pouvez encore éviter ces tourments !... » Il me semble encore entendre ces pauvres âmes qui n'ont ni parents ni amis : « Ah ! s'il vous reste encore quelque peu de charité, ayez pitié de nous, qui, depuis tant d'années, sommes abandonnées dans ces feux allumés par la justice de Dieu ! Oh ! si vous pouviez comprendre la grandeur de nos souf-frances, vous ne nous abandonneriez pas comme vous le faites ! Mon Dieu ! personne n'aura-t-il donc compas-sion de nous ? »
Il est certain, M.F., que ces pauvres âmes ne peuvent rien pour elles-mêmes, mais elles peuvent beaucoup pour nous. Cela est si vrai qu'il n'y a presque personne qui ait invoqué les âmes du purgatoire, sans avoir obtenu la grâce demandée. Cela n'est pas difficile à comprendre : si les saints qui sont dans le ciel et n'ont pas besoin de nous, s'intéressent à notre salut, combien plus encore les âmes du purgatoire, qui reçoivent nos bienfaits spiri-tuels à proportion de notre sainteté. « Ne refusez pas cette grâce, Seigneur, disent-elles, à ces chrétiens qui donnent tous leurs soins à nous tirer des flammes ! » Une mère pourrait-elle refuser de demander au bon Dieu une grâce pour des enfants qu'elle a aimés et qui prient pour sa délivrance ? Un pasteur, qui, pendant sa vie, n'aura eu que du zèle pour le salut de ses parois-siens, pourra-t-il ne pas demander pour eux, même en purgatoire, les grâces dont ils ont besoin pour se sauver ? Oui, M.F., toutes les fois que nous aurons quelque grâce à demander, adressons-nous avec confiance à ces saintes âmes, et nous sommes sûrs de l'obtenir. Quel bonheur pour nous d'avoir, dans la dévotion aux âmes du purgatoire, un moyen si excellent pour nous assurer le ciel ! Voulons-nous demander au bon Dieu la douleur de nos péchés ? Adressons-nous à ces âmes, qui, depuis tant d'années, pleurent dans les flammes ceux qu'elles ont commis. Voulons-nous demander au bon Dieu le don de la persévérance ? Invoquons-les, M.F., elles en sentent tout le prix ; car il n'y a que ceux qui persé-vèrent qui verront le bon Dieu. Dans nos maladies, dans nos chagrins, tournons nos prières vers le purgatoire, elles obtiendront leur effet.
Que conclure de tout cela, M.F. ? Le voici. Il est cer-tain qu'il y a très peu d'élus qui n'aient passé par les flammes du purgatoire, et que les peines qu'on y endure sont au-delà de ce que nous pourrons jamais compren-dre. Il est certain encore que nous avons entre les mains tout ce qu'il faut pour soulager les âmes du pur-gatoire, c'est-à-dire nos prières, nos pénitences, nos au-mônes et surtout la sainte Messe ; et enfin, nous sommes sûrs que ces âmes étant pleines de charité, elles nous obtiendront mille fois plus que nous ne leur donnerons. Si un jour nous sommes dans le purgatoire, ces âmes ne manqueront pas de demander au bon Dieu la même grâce que nous aurons obtenue pour elles ; car elles ont senti combien l'on souffre dans ce lieu et combien est cruelle la séparation de Dieu. Donnons quelques ins-tants, pendant cette octave, à une oeuvre si bien placée. Combien vont aller au ciel par la sainte Messe et nos prières !... Que chacun de nous pense à ses propres pa-rents, et à toutes les pauvres âmes délaissées depuis de longues années. Oui, M.F., offrons toutes nos actions pour les soulager. Nous plairons ainsi à Dieu, qui désire tant les délivrer, et nous leur procurerons le bonheur de la jouissance de Dieu même. C'est ce que je vous souhaite.

 

AUTRE SERMON
POUR LE JOUR DES MORTS

 

Miseremini mei miseremini mei, saltem vos amici mei, quia manus Domini tetigit me.
Ayez pitié de moi, vous au moins qui êtes mes amis, car la main du Seigneur s'appesantit sur moi.
(Job., IX, 2l.)

D'où sortent, M.F., ces prières touchantes, ces tristes accents ? Serait-ce des profondeurs d'un sépulcre ? Non, car si les sépulcres nous instruisent, c'est sur le néant des grandeurs humaines ; les morts qui y sont étendus, ne nous parlent que par leur silence. Serait-ce du haut de ce beau ciel, l'heureux séjour des élus, que se font entendre ces tristes gémissements capables de fendre les rochers les plus durs ? Non, M.F., la même main qui leur a distribué ces brillantes couronnes, a en même temps essuyé leurs larmes ; l'on n'y entend plus que chants de joie et d'allégresse éternelle. Serait-ce du fond des enfers, de ces lieux d'horreur et de tourments, que se font entendre ces cris si tendres et si déchirants ?
Hélas ! M.F., non ; les noirs habitants de ces lieux de ténèbres ne demandent ni n'espèrent aucun soulage-ment ; ils sont damnés, ils sont séparés de leur Dieu, ils le seront pour jamais. Ils ont fait un adieu éternel au ciel et à tous ses biens ; ils sont très assurés que jamais ils ne sortiront de ces abîmes ; la main du Seigneur ne les touche pas seulement, mais les foudroie et les écrase. C'est donc du purgatoire que se font entendre ces pressantes sollicitations, ces tendres gémissements.
Mais à qui, M.F., s'adressent ces larmes et ces san-glots ? Écoutez l'Église, cette tendre mère qui pleure amèrement sur les tourments qu'endurent ses enfants... Elle prie et nous conjure d'avoir pitié d'eux et de leur porter secours. Oui, après nous avoir fait le tableau du bonheur dont jouissent les bienheureux dans le ciel, elle nous transporte dans cette région de larmes et de tourments, pour nous faire la triste peinture des peines qu'y endurent ces pauvres âmes. Quoi de plus digne et de plus capable d'attendrir nos cœurs, que les cris de ces âmes souffrantes ? Écoutez-les : « O vous, mes amis, arrachez-nous, arrachez-nous de ces flammes qui nous dévorent ! » Voyez-vous cette mère ? Elle vous tend ces mains qui tant de fois vous ont porté. Voyez-vous cette pauvre enfant, dont la séparation vous fut si cruelle ? En l'embrassant pour la dernière fois, vous lui avez promis de ne jamais l'oublier... Nous pouvons, M.F., les soulager, que dis-je ? nous pouvons leur ouvrir les portes du ciel, et les faire jouir d'un bonheur qui n'aura point de fin. Pour vous y engager, je vais vous montrer, autant qu'il me sera possible, 1° la grandeur des tour-ments qu'elles endurent, et 2° la facilité des moyens que nous pouvons employer pour les soulager.

I. – Si je parlais, M.F., à des impies, à des incrédules, ou bien à des personnes croupissant dans une ignorance grossière, qui ne croient à rien et qui nient tout, je com-mencerais par leur prouver l'existence de ce lieu destiné à expier les fautes vénielles, et les péchés mortels qui ont été pardonnés dans le tribunal de la pénitence, et qui n'ont pas encore entièrement été expiés par des peines temporelles ; mais, puisque je parle à des chrétiens ins-truits, et parfaitement convaincus de cette grande vérité, je n'en donne donc point d'autres preuves que celles que vous avez trouvées dans votre catéchisme. Je vous dirai qu'il est certain, très certain qu'il y a un purgatoire, c'est-à-dire un lieu de tourments, où les âmes des justes achèvent d'expier leurs fautes, avant d'être admises à la gloire du paradis qui leur est assurée. Rien n'est mieux prouvé que l'existence de ce lieu. Nous lisons dans l'Écriture que « rien de souillé n'entrera dans le ciel  » –  « Il y a des péchés qui ne seront remis ni dans le siècle présent ni dans le siècle à venir  », mais dans le purga-toire. Saint Paul nous dit encore que plusieurs ne seront sauvés, qu'après avoir passé par les flammes du purga-toire . Oh ! combien d'âmes justes la mort surprend dans quelques fautes vénielles ! Où vont-elles, ces pauvres âmes, puisqu'elles ne sont pas assez pures pour entrer dans le ciel ? Seront-elles jetées en enfer ? Si cela était, où seraient donc les élus ? Non, non, ce sont des âmes justes, et les flammes des abîmes ne sont point pour ceux qui brillent du feu de la charité ; c'est donc dans les flammes du purgatoire qu'elles vont achever l'expiation de leurs fautes, avant d'être réunies à leur cher et céleste Époux, qu'elles aiment et dont elles sont aimées.
Oui, M.F., c'est une vérité de foi, que, quoique nos péchés nous soient pardonnés dans le tribunal de la pé-nitence, nous ne sommes pas pour cela exempts de souffrir des peines temporelles. Voyez le saint roi David, à qui Dieu même envoya son prophète pour l'assurer que son péché lui était pardonné. Le Seigneur fit cepen-dant mourir l'enfant qui était pour lui l'espérance d'une heureuse vieillesse . La justice de Dieu, non contente de cette punition, frappa encore tout son royaume des fléaux les plus terribles. La peste semble le vouloir laisser seul dans le monde , il se voit chassé de son trône par celui-là même à qui il avait donné le jour. Ce malheureux fils ne craint pas de le poursuivre ; il veut ôter la vie à celui dont Dieu s'est servi pour la lui don-ner . Jusqu'à sa mort, David passa les jours et les nuits dans les larmes et les pénitences. Il les porta à une telle rigueur, que ses pieds ne pouvaient plus le sou-tenir . Voyez encore le pieux roi Ézéchias ; pour une légère pensée d'orgueil, le Seigneur mit son royaume en proie à mille malheurs . Voyez saint Pierre et sainte Madeleine. Personne ne doit douter que, quoique nos péchés soient pardonnés au tribunal de la pénitence, il nous reste encore des peines temporelles à souffrir, ou dans ce monde ou dans les flammes du purgatoire. Il nous est aussi nécessaire de croire cette vérité pour être sauvés, que le mystère de l'Incarnation . Arrêtons-nous là, M.F., descendons en esprit dans ces lieux de tourments ; soyons témoins des maux qu'endurent ces pauvres âmes, elles vont elles-mêmes nous faire la triste peinture des peines qui les rongent et les dévorent.
Deux supplices leur sont très sensibles : 1° la peine du dam, c'est-à-dire la privation de la vue de Dieu, et la peine du sens. L'amour qu'elles ont pour Dieu est si grand, la pensée qu'elles en sont privées par leur faute, leur cause une douleur si violente, que jamais il ne sera donné à un mortel d'en concevoir la moindre idée. Du milieu de ces flammes qui les brûlent, elles voient les trônes de gloire qui leur sont préparés et qui les atten-dent, une voix semble leur crier : « Ah ! que vous êtes privées de grands biens ! si vous aviez eu le bonheur de redoubler vos pénitences et vos larmes, vous seriez au-jourd'hui assises sur ces beaux trônes tout rayonnants de gloire ; ah ! que vous avez été aveugles de retarder un tel bonheur par votre faute ! » Ce seul langage aug-mente leur douleur et le désir d'être réunies à leur Dieu ; elles s'en prennent au ciel et à la terre ; elles in-voquent et les anges et les hommes. « Ah ! mes amis, nous crient-elles, s'il vous reste encore quelque amitié pour nous, ayez pitié de nous, arrachez-nous de ces flammes : vous le pouvez !... Beau ciel, quand te ver-rons-nous ? » Il est rapporté dans l'histoire de Cîteaux, qu'un religieux, après avoir été toute sa vie un modèle de vertu, apparut à un religieux, en lui disant qu'il avait été en purgatoire ; et la plus grande souffrance qu'il y avait ressentie, était la privation de la vue de Dieu.
2° L'autre peine de ces pauvres âmes, c'est la douleur du sens, c'est-à-dire du feu. Les saints Pères nous assu-rent que c'est un feu matériel, ou plutôt que c'est le même que celui qui brûle les malheureux damnés. Ce feu est si violent, qu'une heure semble à ceux qui l'en-durent, des millions de siècles. Oui, nous disent-ils, si l'on pouvait comprendre la grandeur de leurs supplices, nuit et jour nous crierions miséricorde pour elles. Un autre saint va encore plus loin, en nous disant que leurs souffrances surpassent même celles que Jésus-Christ a endurées pendant sa cruelle et douloureuse passion ; et cependant, si les souffrances que Jésus-Christ a endurées eussent été partagées entre tous les hommes, nul mortel n'eût pu les soutenir . Ah ! pauvres âmes, qui pourra donc jamais raconter la grandeur de vos peines ! Nous lisons dans l'histoire ecclésiastique, qu'un saint resta six jours en purgatoire avant d'entrer dans le ciel. Il apparut ensuite à un de ses amis en lui disant qu'il avait enduré des souffrances si grandes, qu'elles surpassaient toutes celles qu'ont endurées et qu'endureront jusqu'à la fin des siècles, tous les martyrs réunis ensemble. O mon Dieu, que votre justice est redoutable pour le pécheur !... Cependant, M.F., qui peut entendre sans frémir le récit de ce qu'ont enduré les martyrs chacun en particulier. Les uns sont plongés dans des chaudières d'huile bouil-lante, d'autres sciés avec des scies de bois, celui-ci étendu sur un chevalet, déchiré avec des crochets de fer lui arrachant les entrailles, d'autres que l'on foule aux pieds. Celui-là étendu sur des brasiers ardents, auquel il ne restait que ses os tout noircis et brûlés ; enfin, d'au-tres ont été mis sur des tables armées de lames tran-chantes, et qui perçaient de part en part ces innocentes victimes. Peut-on bien penser à tout cela sans se sentir pénétré de douleur jusqu'au fond de l'âme ? Ah ! si une âme en purgatoire souffre encore plus que tous les mar-tyrs ensemble, qui pourra donc y tenir ?... Mon Dieu, mon Dieu, ayez pitié de ces pauvres âmes !...
Mais pour nous en convaincre encore d'une manière plus sensible, écoutons : sainte Brigitte, à qui Dieu fit connaître les douleurs qu'endurent ces pauvres âmes, assure que leurs peines sont si grandes et leurs dou-leurs si violentes, que jamais l'homme ne pourra s'en former la moindre idée. Dieu lui en fit voir qui étaient condamnées à y rester jusqu'à la fin du monde. Le pape Innocent III apparut après sa mort à sainte Lutgarde sous une forme sensible. Effrayée d'une telle vision, elle se jeta la face contre terre, demandant au bon Dieu de lui dire ce que cela pouvait être. Le mort lui répon-dit qu'il était le pape décédé récemment. « Mon Dieu, s'écria-t-elle en pleurant amèrement, si un pape qui a été un modèle de vertu souffre de tels maux, malheur à moi 1 » Le pape lui dit que, sans la sainte Vierge pour qui il avait fait bâtir une église, il était damné et con-damné à brûler dans les enfers ; mais avant de mourir la sainte Vierge avait prié son Fils pour lui obtenir une véritable contrition de ses péchés. « Je resterai dans les flammes jusqu'à la fin du monde, ajouta-t-il, je viens réclamer le secours de vos prières, » et il disparut en s'écriant : « Ah ! que je souffre ! arrachez-moi des flammes qui me dévorent. » Saint Vincent Ferrier nous dit que Dieu lui fit voir une âme condamnée à un an de purga-toire pour un seul péché véniel. Écoutez encore ce que nous dit saint Louis, de l'ordre de Saint Dominique. Son père lui apparut sous une forme sensible, poussant des cris épouvantables et de profonds gémissements. Il ve-nait implorer le secours de ses prières. Aussitôt saint Louis se livra aux larmes et à la pénitence, aux macéra-tions les plus affreuses ; il célébra tous les jours pour lui la sainte Messe, et ne resta pas un jour sans implorer le secours de la sainte Vierge. Malgré cela, chaque matin son père apparaissait, en jetant les mêmes cris et les mêmes sanglots : « Ah ! que je souffre ! mon fils, ayez pitié de moi ! » Saint Louis ne cessait de demander jour et nuit, miséricorde pour son père. « Mon Dieu, mon Dieu, s'écriait-il, ne vous laisserez-vous pas toucher par mes prières et mes larmes ? » Sept ans après seulement, Dieu lui fit connaître que son père était délivré. – Mais, me direz-vous peut-être, que pouvait donc avoir fait ce malheureux père pour tant souffrir ? – Oh ! mon ami, si vous connaissiez bien ce que c'est que le péché, je n'oserais vous le dire, de peur de vous jeter dans le désespoir. Saint Louis rapporte que son père avait fait peu de chose : une personne lui avait rendu de grands services, et il cherchait à lui en témoigner sa reconnais-sance, ne pensant pas assez peut-être que c'était Dieu qu'il devait remercier de ses bienfaits…
Que d'années de purgatoire, M.F., pour nous, qui commettons ces sortes de fautes si souvent et avec si peu de scrupule ! Que de mensonges pour éviter une petite humiliation ou pour servir de divertissement ! Que de petites médisances ! Que de bonnes inspirations aux-quelles nous n'avons pas répondu ! Que de distractions volontaires dans nos prières ! Que de fois le bon Dieu ne nous a-t-il pas donné la pensée de lui élever notre cœur, à notre réveil, pendant le jour, et nous ne l'avons pas fait ! ou si nous l'avons fait, avec quelle peine et quelle négligence ? Que de fois n'avons-nous pas eu la pensée de faire quelque mortification dans nos repas, dans notre démangeaison de parler ? Que de fois nous aurions pu aller à la Messe, tandis que, par paresse ou par crainte de perdre un moment, nous n'y sommes pas allés ! Que de fois le bon Dieu nous a donné la pensée de ne plus rester dans le péché, d'aller promptement nous con-fesser ! Que de fois nous avons eu la pensée de nous corriger, pour avoir le bonheur de nous approcher plus souvent du sacrement adorable de l'Eucharistie ! Que de bonnes œuvres, de pénitences nous aurions pu faire, et que nous n'avons pas faites ! O mon Dieu, que d'années, ou plutôt que de siècles il faudra souffrir dans ces flam-mes ! Mon Dieu, que nous sommes aveugles !...
Nous lisons dans l'histoire qu'une personne, après avoir vécu chrétiennement, apparut à une de ses amies, toute environnée de flammes, et souffrant cruellement, pour avoir négligé de fréquenter les sacrements. Dieu, en effet, lui avait souvent donné sur la terre, le désir de se corriger de ses petites fautes vénielles, et de recevoir plus souvent le sacrement de son amour ; aussi avait-il permis qu'elle apparût à son amie pour l'exhorter à faire ce qu'elle n'avait point fait elle-même, à mener une vie plus pure et plus sainte ; à offrir ses communions pour elle, et qu'ainsi Dieu lui ferait miséricorde. En effet, après plusieurs communions, elle lui apparut encore, mais toute rayonnante de gloire, et la remercia des com-munions qu'elle avait offertes pour sa délivrance. Un jour viendra, M.F., que nous regretterons de n'avoir pas mené une vie assez pure et assez chrétienne, pour nous procurer le bonheur de venir plus souvent nous asseoir à la table des anges, ce qui abrégerait bien les peines du purgatoire.
Mais revenons à nos pauvres prisonnières, qui, du mi-lieu des flammes, nous tendent leurs mains suppliantes, et nous conjurent de ne pas les laisser souffrir plus longtemps. Qui sont ces pauvres âmes, sur lesquelles la jus-tice de Dieu s'appesantit ? Hélas ! ce sont peut-être nos parents, qu'une mort cruelle a séparés de nous il n'y a que quelques jours. Ce sont des amis chéris, qui vien-nent de descendre dans le tombeau où nous les suivrons bientôt. Ces pauvres âmes sont détenues dans des tor-rents de flammes qui les inondent et les dévorent ; la main du Seigneur les poursuit, les frappe et les châtie rigoureusement. « O vous, nos amis, nous crient-elles, soyez sensibles aux maux que nous souffrons ! «  Voyez--vous, entendez-vous ces pauvres âmes ? Chacune s'a-dresse à ceux qu'elle a aimés et protégés pendant sa vie, pour les porter à avoir pitié d'elle. Entendez-vous cette épouse qui lève les yeux et tend ses mains suppliantes vers son époux : « Ah ! si vous pouviez, dit-elle, com-prendre mes souffrances, pourriez-vous oublier une épouse qui vous aimait si tendrement ! Avez-vous oublié mes derniers adieux, quand, vous serrant entre mes bras, je vous donnais les dernières preuves de ma ten-dresse ? Vous m'aviez promis de ne jamais m'oublier ; seriez-vous insensible aux tourments que j'endure ? Ah ! de grâce, arrachez-moi de ce feu qui me dévore, vous le pouvez... ah ! que je souffre ! » Écoutez les cris déchi-rants de cette pauvre mère à son fils : « Mon enfant, pourquoi me laissez-vous endurer des tourments si af-freux ? avez-vous déjà oublié tout ce que j'ai fait pour vous ? moi qui ai eu tant de peine à mourir, craignant que, séparé de moi, vous fussiez malheureux ! Vous m'abandonnez dans un lieu où je souffre cruellement. De grâce, délivrez-moi, délivrez celle qui a tant versé de larmes pour vous, qui a si souvent demandé à Dieu de la faire souffrir à votre place ! Mon fils, ayez pitié de votre pauvre mère qui vous a tant aimé, et qui est digne d'être payée de retour !... » Écoutez cette pauvre enfant, dont la séparation vous fit tant verser de larmes : « Ah ! ma mère, vous crie-t-elle , avez-vous oublié nos derniers adieux, avez-vous oublié ce moment où nous mêlions nos larmes ensemble, quand la mort nous forçait de nous séparer ? me laisserez-vous dans ces flammes qui me dévorent, tandis qu'il vous serait facile de me déli-vrer ! Oh ! de grâce, ne m'abandonnez pas ! Lorsque votre tour viendra et que vous serez jugée, je ne vous oublierai pas, j'irai moi-même me jeter aux pieds de votre juge, dont je serai alors l'amie et l'enfant bien--aimée. Si je ne suis pas moi-même assez puissante, j'appellerai toute la cour céleste à mon secours, afin de demander votre grâce. »
Mais à qui vont s'adresser ces pauvres âmes qui n'ont ni parents, ni amis pour penser à elles ? Il me semble que je les entends crier : « Pasteur charitable, dites à tous les chrétiens, combien nos souffrances sort longues et cruelles, non, il n'y a que Dieu pour connaître la rigueur des supplices que nous endurons ; ah ! dites-leur bien que nous ne serons pas des ingrates. » Hélas ! ces pauvres âmes sont dans les flammes comme des pri-sonnières, qui, depuis un grand nombre d'années, gé-missent au fond de cachots ténébreux, soupirant après le moment de leur délivrance. Mais c'est en vain, on les abandonne, elles subissent de point en point l'arrêt de leur condamnation ; elles voient venir des âmes beau-coup plus coupables qu'elles, et qui sont plutôt déli-vrées, parce qu'elles ont des amis pour satisfaire à la justice de Dieu. « Mon Dieu, s'écrient-elles à chaque instant, n'aurons-nous donc personne pour nous déli-vrer ? »
Combien dureront les peines de ces pauvres âmes ?- Hélas ! M.F., quand de tels supplices ne dureraient qu'un jour, qu'une heure, qu'une demi-heure, cela leur paraîtrait infiniment plus long, que des millions de siè-cles dans les supplices les plus rigoureux que l'on puisse souffrir en ce monde. – Et pourquoi cela : – Mon ami, le voici. Quand Dieu punit quelqu'un en ce monde, ce n'est que sous le règne de sa miséricorde et de sa bonté car, si Dieu nous envoie une infirmité, une perte de biens ou d'autres misères, tout cela ne nous est donné que pour nous faire éviter les peines du purgatoire, ou pour nous faire sortir du péché. En effet, si le Seigneur a traité le saint homme Job si durement sur cette terre, n'est-ce pas parce qu'il l'aimait d'une manière particu-lière ? Ce saint homme ne dit-il pas lui-même que « le bout du doigt du Seigneur l'a touché ?  » L'ange ne dit-il pas aussi à Tobie, que si Dieu l'avait affligé, ce n'était que parce qu'il lui était agréable  ? Ainsi donc, si dans ce monde Dieu nous fait souffrir, ce n'est que par amour et par charité. Dans l'autre, au contraire, Dieu n'est conduit que par sa justice et sa vengeance ; nous avons péché, nous avons passé le temps de sa mi-séricorde ; il nous avait mille fois menacés, il faut que sa justice soit accomplie et sa vengeance satisfaite. Oh ! qu'il est terrible de tomber entre les mains d'un Dieu vengeur !
Mais ce qui devrait nous porter à ne rien négliger pour délivrer ces pauvres âmes, c'est que nous sommes la cause du malheur de la plupart d'entre elles. En voici la raison. Cette épouse sera dans les flammes, parce qu'elle a eu pour son époux trop de faiblesse, peut-être même des complaisances contraires à la loi du Seigneur. Ce pauvre père, cette pauvre mère souffrent dans le purga-toire, parce qu'ils n'ont pas assez corrigé leurs enfants, et leur ont permis ce qu'ils n'auraient jamais dû leur permettre. Cet ami ou ce voisin souffre aussi parce qu'étant en votre compagnie, il n'a pas osé vous reprendre, lorsque vous avez médit du prochain ou que vous avez dit des paroles peu décentes. Enfin, une mul-titude d'autres brûlent dans ces brasiers, parce que vous leur avez donné mauvais exemple, ce qui les a portés à pécher. Ah ! pauvres âmes, c'est nous qui sommes cause de vos tourments, et nous vous laissons, nous vous abandonnons !... Ingrats, un jour viendra que nous pleu-rerons notre insensibilité pour ces pauvres âmes souf-frantes ! Quoi ! nous les laissons brûler, pouvant si faci-lement les conduire au ciel ! Ah ! M.F., laissons-nous toucher, puisque Dieu a mis leur délivrance entre nos mains .

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1er novembre - Fête de la Toussaint

1 Novembre 2022, 15:50pm

Publié par Véronique

 

 

 1er  NOVEMBRE
FÊTE DE TOUS LES SAINTS

(PREMIER SERMON)

Sur la Sainteté

Sancti estote, quia ego Sanctus sum.
Soyez saints, parce que je suis saint.
(Lévit., XIXx, 2.)

Soyez saints, parce que je suis saint, nous dit le Sei-gneur. Pourquoi, M.F., Dieu nous fait-il un commande-ment semblable ? C'est que nous sommes ses enfants, et, si le Père est saint, les enfants le doivent être aussi. Il n'y a que les saints qui peuvent espérer le bonheur d'aller jouir de la présence de Dieu qui est la sainteté même. En effet, être chrétien, et vivre dans le péché, c'est une contradiction monstrueuse. Un chrétien doit être un saint. Oui, M.F., voilà la vérité que l'Élise ne cesse de nous répéter, et, afin de la graver dans nos cœurs, elle nous représente un Dieu infiniment saint, sanctifiant une multitude infinie de saints qui semblent nous dire : « Souvenez-vous, chrétiens, que vous êtes destinés à voir Dieu et à le posséder ; mais vous n'aurez ce bonheur qu'autant que vous aurez retracé en vous, pendant votre vie mortelle, son image, ses perfections, et particulièrement sa sainteté, sans laquelle nul ne le verra. » Mais, M.F., si la sainteté de Dieu parait au--dessus de nos forces, considérons ces âmes bienheu-reuses, cette multitude de créatures de tout âge, de tout sexe et de toute condition, qui ont été assujetties aux mêmes misères que nous, exposées aux mêmes dangers, sujettes aux mêmes péchés, attaquées par les mêmes ennemis, environnées des mêmes obstacles. Ce qu'elles ont pu faire, nous le pouvons aussi, nous n'avons au-cune excuse pour nous dispenser de travailler à notre salut, c'est-à-dire à devenir saints. Je n'ai donc pas autre chose à vous prouver, que l'indispensable obli-gation où nous sommes de devenir des saints ; et pour cela, je vais vous montrer  !° en quoi consiste la sain-teté ; 2° que nous pouvons l'acquérir aussi bien que les saints, ayant comme eux les mêmes difficultés et les mêmes secours.

I. – Les mondains, pour se dispenser de travailler à acquérir la sainteté, ce qui, sans doute, les gênerait trop dans leur manière de vivre, veulent vous faire croire que, pour être des saints, il faut faire des actions éclatantes, s'appliquer à des pratiques de dévotion extraordinaires, embrasser de grandes austérités, faire beaucoup de jeûnes, quitter le monde pour s'enfoncer dans les déserts, afin d'y passer les jours et les nuits en prières. Sans doute cela est très bon, c'est bien la route que beaucoup de saints ont suivie ; mais ce n'est pas ce que Dieu demande de tous. Non, M.F., ce n'est pas ce qu'exige de nous notre sainte religion ; au contraire, elle nous dit : « Levez les yeux au Ciel, et voyez si tous ceux qui en remplissent les premières places ont fait des choses merveilleuses. Où sont les miracles de la sainte Vierge, de saint Jean-Baptiste, de saint Joseph ? » Écoulez, M.F. : Jésus-Christ lui-même dit  que plusieurs, au jour du jugement, s'écrieront : « Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé en votre nom ; n'avons-nous pas chassé les démons et fait des miracles ? » « Retirez--vous de moi, ouvriers d'iniquité, leur répondra le juste Juge ; quoi ! vous avez commandé à la mer, et vous n'avez pas su commander à vos passions ? Vous avez délivré les possédés du démon, et vous en avez été les esclaves ? Vous avez fait des miracles, et vous n'avez pas observé mes commandements ?... Allez, misérables, au feu éternel ; vous avez fait de grandes choses, et vous n'avez rien fait pour vous sauver et mériter mon amour. » Vous voyez donc, M.F., que la sainteté ne consiste pas à faire de grandes choses, mais à garder fidèlement les commandements de Dieu, et à remplir ses devoirs dans l'état où le bon Dieu nous a placés.
Nous voyons souvent une personne du monde, qui remplit fidèlement les petits devoirs de son état, être plus agréable à Dieu que les solitaires dans leurs dé-serts. Voici un exemple qui vous en convaincra : Il y avait dans le désert deux solitaires...
Voilà, M.F., ce que c'est que la sainteté, et ce qu'est un saint, aux yeux de la religion. Dites-moi, est-ce bien difficile de se sanctifier dans l'état où le bon Dieu vous a placés ? Pères et mères, imitez ces deux saints ; voilà vos modèles : suivez-les et vous deviendrez aussi saints. Faites comme eux ; en tout, tâchez de plaire à Dieu, de faire tout pour son amour, et vous serez des prédestinés. Voulez-vous encore savoir ce qu'est un saint aux yeux de la religion ? C'est un homme qui craint Dieu, qui l'aime sincèrement et qui le sert avec fidélité ; c'est un homme qui ne se laisse point enfler par l'orgueil, ni dominer par l'amour-propre, qui est vraiment humble et petit à ses propres yeux ; qui, étant dépourvu des biens de ce monde, ne les désire pas, ou qui, les possédant, n'y attache pas son cœur ; c'est un homme qui est ennemi de toute acquisition injuste ; c'est un homme qui, pos-sédant son âme dans la patience et la justice, ne s'offense pas d'une injure qu'on lui fait. Il aime son ennemi, il ne cherche pas à se venger. II rend tous les services qu'il peut à son prochain, il partage volontiers son bien avec les pauvres ; il ne cherche que Dieu seul, méprise les biens et les honneurs de ce monde. N'aspirant qu'aux biens du ciel, il se dégoûte des plaisirs de la vie et ne trouve son bonheur que dans le service de Dieu. C'est un homme qui est assidu aux offices divins, qui fré-quente les sacrements, et qui s'occupe sérieusement de son salut ; c'est un homme qui, ayant horreur de toute impureté, fuit les mauvaises compagnies autant qu'il peut, pour conserver purs son corps et son âme. C'est un homme qui se soumet en tout à la volonté de Dieu, dans toutes les croix et les traverses qui lui arrivent ; qui n'accuse ni l'un ni l'autre, mais qui reconnaît que la justice divine s'appesantit sur lui à cause de ses pé-chés. C'est un bon père qui ne cherche que le salut de ses enfants, en leur donnant l'exemple lui-même, et ne faisant jamais rien qui puisse les scandaliser. C'est un maître charitable, qui aime ses domestiques comme ses frères et ses sœurs. C'est un fils qui respecte son père et sa mère, et qui les considère comme tenant la place de Dieu même. C'est un domestique qui voit, dans la per-sonne de ses maîtres, Jésus-Christ lui-même, qui lui commande par leur bouche. Voilà, M.F., ce que vous appelez simplement un honnête homme. Mais voilà ce que Dieu appelle l'homme de miracle, le saint, le grand saint. «  Quel est celui-là ? nous dit le Sage, nous le com-blerons de louanges, non parce qu'il a fait des choses merveilleuses dans sa vie, mais parce qu'il a été éprouvé par les tribulations, et qu'il a été trouvé parfait ; sa gloire sera éternelle . »
Que doit-on entendre par une sainte fille ? Une sainte fille, c'est celle qui fuit les plaisirs et la vanité ; qui fait son bonheur de plaire à Dieu et à ses parents ; qui aime à fréquenter les offices et les sacrements ; une fille qui aime la prière ; c'est, en un mot, celle qui préfère Dieu à tout. J'oserai en citer un exemple surprenant, mais véritable, tiré de l'histoire ecclésiastique, et sur lequel toutes pourront prendre modèle. Du temps de la persécution qui sévit sur la ville de Ptolémaïde, les filles chré-tiennes brillèrent par leur vertu. Il y en avait un très grand nombre d'une naissance distinguée ; elles étaient si pures, qu'elles aimaient mieux souffrir la mort que de perdre leur chasteté ; elles se coupèrent elles-mêmes les lèvres et une partie du visage, pour paraître plus hideuses à ceux qui s'approchaient d'elles. Elles furent déchirées avec des ongles de fer et par les dents des lions. Ces filles incomparables aimèrent mieux endurer tous ces tourments, que d'exposer leur corps à la pas-sion des libertins. Oh ! que cet exemple condamnera un jour de ces filles volages, qui ne pensent qu'à paraître, à s'attirer les regards du monde, au point d'en deve-nir méprisables !... Ne leur citerais-je pas encore l'exemple de sainte Colette , cette vierge si pure et si réservée, qui craignait autant de se faire voir, que les filles de ce siècle ont de souci de se montrer. Elle enten-dit un jour dans une compagnie, des louanges qu'on donnait à sa beauté ; elle en rougit, et alla tout de suite se prosterner devant son crucifix. « Ah ! mon Dieu, s'écria-t-elle en pleurant, cette beauté que vous m'avez donnée, sera-t-elle cause de la perte de mon âme et de celle d'autres personnes ? » Dès ce moment, elle quitta le monde et alla se renfermer dans un monastère, où elle livra son corps à toutes sortes de macérations. En mourant, elle donna des marques visibles qu'elle avait conservé son âme pure, non seulement aux yeux du monde, mais encore aux yeux de Dieu. Je reconnais bien que ces deux exemples sont un peu extraordi-naires, et qu'il y en a peu qui puissent les imiter ; mais voilà celui qui vous convient parfaitement. Écoutez bien, jeunes gens et vous verrez que, si vous voulez suivre l'attrait de la grâce, vous serez bientôt désabusés des plaisirs et des vanités de ce monde qui vous éloi-gnent de Dieu.
Il est rapporté qu'une jeune demoiselle de Franche--Comté, nommée Angélique, avait beaucoup d'esprit, mais était fort mondaine. Ayant entendu un prédicateur prê-cher contre le luxe et la vanité dans les habits, elle vint se confesser à ce prédicateur. Celui-ci lui fit si bien comprendre combien elle était coupable et pouvait per-dre d'âmes, que, dès le lendemain, elle quitta toutes ses vanités, et se vêtit d'une manière très simple et chré-tienne. Sa mère qui était comme la plupart de ces pauvres aveugles, qui semblent n'avoir des enfants que pour les jeter dans les enfers en les remplissant de vanité, la reprit de ce qu'elle ne s'habillait plus comme autrefois. « Ma mère, lui répondit-elle, le prédicateur à qui j'ai été me confesser me l'a défendu. » Sa pauvre mère, aveu-glée par la colère, va trouver le confesseur, et lui demande s'il était vrai qu'il eût défendu à sa fille de s'habiller selon la belle mode. « Je ne sais point, lui dit le confesseur, ce que j'ai dit à votre fille ; mais, il vous suffit de savoir que Dieu défend de s'habiller selon la mode, lorsque cette mode n'est pas selon Dieu, lors-qu'elle est criminelle et dangereuse pour les âmes. » – « Mon Père, qu'appelez-vous donc mode criminelle et dangereuse ? » -- « C'est, par exemple, de porter des habits trop ouverts, ou qui font trop sentir la forme du corps ; de porter des vêtements trop riches et plus coûteux que nos moyens ne nous le permettent. » Il lui mon-tra ensuite tous les dangers de ces modes, et tous les mauvais exemples qu'elles donnaient. – « Mon Père, lui dit cette femme, si mon confesseur m'en avait dit autant que vous, jamais je n'aurais donné la permission à ma fille de porter toutes ces vanités, et moi-même j'aurais été plus sage ; cependant mon confesseur est un homme bien savant ; or, que m'importe qu'il soit savant, s'il me laisse vivre à ma liberté, et en danger de me perdre pour l'éternité. » Lorsqu'elle fut de retour, elle dit à sa fille : « Bénissez le bon Dieu d'avoir trouvé un tel confesseur, et suivez ses avis. » Cette jeune demoiselle eut dans la suite de terribles combats à soutenir de la part de ses autres compagnes, qui la raillaient et la tournaient en ridicule. Mais le plus rude assaut qu'elle eut à soutenir, lui vint de la part de certaines personnes qui entrepri-rent de la faire changer de sentiment. « Pourquoi, lui dirent-elles, ne vous habillez-vous pas comme les autres ? » – « Je ne suis pas obligée de faire comme les autres, répondit Angélique, je m'habille comme celles qui font bien, et non comme celles qui font mal. » – « Eh quoi ! faisons-nous mal de nous habiller comme vous voyez ? » – « Oui, sans doute, vous faites mal, parce que vous scandalisez ceux qui vous regardent. » – « Pour moi, dit l'une d'entre elles, je n'ai point de mauvaise intention ; je m'habille à ma façon, tant pis pour ceux qui s'en scandalisent. » – « Tant pis pour vous aussi, reprit Angélique, puisque vous en êtes l'occasion ; si nous devons craindre de pécher nous--mêmes, nous devons aussi craindre de faire pécher les autres. » – «Quoi qu'il en soit de vos bonnes raisons, répondit une autre, si vous ne vous habillez plus comme nous, vos amies vous quitteront, et vous n'oserez plus paraître dans les belles compagnies et dans les bals. » – « J'aime mieux, leur répondit Angélique, la compagnie de ma chère mère, de mes sœurs et de quelques filles sages, que toutes ces belles compagnies et ces bals. Je ne m'habille pas pour paraître agréable, mais pour me couvrir ; les vrais agréments d'une fille ne doivent pas consister dans les habits, mais dans la vertu. Au reste, Mesdames, si vous pensez de la sorte, vous ne pensez pas en chrétiennes, et il est honteux que, dans une religion aussi sainte qu'est la nôtre, l'on s'y permette de tels abus contre la modestie. » Après tous ces discours, une personne de la compagnie dit: « En vérité, il est honteux qu'une jeune fille de dix-huit ans nous fasse la leçon : son exemple sera un jour notre condamnation. Que nous sommes aveugles de tant faire de choses pour plaire au monde, qui, dans la suite, se moque de nous ! » Angélique persévéra toujours dans ses bons sentiments, malgré tout ce qu'on pût lui dire. Eh bien, M.F., qui vous empêcherait de faire ce que faisait cette jeune comtesse ? Elle s'est sanctifiée en vivant dans le monde, mais en ne vivant pas pour le monde. Oh ! que cet exemple sera un sujet de condamnation pour un grand nombre de chrétiens au jour du jugement !
On peut devenir saint, même dans l'état du mariage. L'Esprit-Saint, dans l'Écriture, se plait à faire le portrait de la sainte femme ; et conformément à la description qu'il en donne , je vous dirai qu'une femme sainte, est celle qui aime et respecte son mari, qui veille avec soin sur ses enfants et ses domestiques, qui est attentive à les faire instruire et à les faire approcher des sacrements, qui s'occupe de son ménage, et non de la conduite de ses voisins ; elle est réservée dans ses dis-cours, charitable dans ses oeuvres, ennemie des plaisirs du monde ; une femme de ce caractère, dis-je, est une âme juste, le Seigneur la loue, là canonise ; en un mot, c'est une sainte. Vous voyez donc, M.F., que pour être un saint, il n'est pas nécessaire de tout quitter ; mais de bien remplir les devoirs de l'état où Dieu nous a placés, et faire tout ce que nous faisons, dans la pensée de lui plaire. L'Esprit-Saint nous dit que pour être saint, il ne faut que nous éloigner du mal et faire le bien . Voilà, M.F., la sainteté qu'ont eue tous les saints et que nous devons avoir. Ce qu'ils ont fait, nous le pouvons aussi, avec la grâce de Dieu ; puisque nous avons comme eux les mêmes obstacles à notre salut, et les mêmes secours pour les surmonter.

II. – Je dis 1° que les saints ont eu les mêmes obs-tacles que nous pour parvenir à la sainteté : obstacles au dehors, obstacles au dedans. Obstacles du côté du monde : le monde était alors ce qu'il est aujourd'hui, aussi dangereux dans ses exemples, aussi corrompu dans ses maximes, aussi séduisant dans ses plaisirs, toujours ennemi de la piété et toujours prêt à la tourner en ridicule. La preuve en est que la plupart des saints ont méprisé et fui le monde avec soin ; ils ont préféré la retraite aux assemblées mondaines, et même, plu-sieurs, craignant de s'y perdre, l'ont abandonné entièrement ; les uns, pour aller passer le reste de leurs jours dans des monastères, et les autres, au fond des déserts, tels qu'un saint Paul, ermite, un saint Antoine , une sainte Marie Égyptienne  et tant d'autres.
Obstacles du côté de leur état : plusieurs étaient, comme vous, engagés dans les affaires du siècle, acca-blés des embarras d'un ménage, du soin des enfants, obligés, pour le plus grand nombre, à gagner leur vie à la sueur de leur front ; or, bien loin de penser, comme nous, qu'ils se sauveraient plus facilement dans un autre état, ils étaient persuadés qu'ils avaient plus de grâces dans celui où la Providence les avait placés. Ne voyons--nous pas que dans le tumulte du monde et au milieu des embarras d'une famille et d'un ménage, se sont sauvés le plus grand nombre de saints, tels que Abraham, Isaac, Jacob, Tobie, Zacharie, la chaste Suzanne, le saint homme Job, sainte Élisabeth : tous ces grands saints de l'Ancien Testament, n'étaient-ils pas engagés dans le monde ? Sous la nouvelle Loi, pouvez-vous compter le nombre de ceux qui se sont sanctifiés dans la vie ordi-naire ? Aussi, saint Paul nous dit que les saints jugeront les nations . N'est-ce donc pas dire, qu'il n'y aura pas un homme sur la terre, qui ne trouve quelque saint dans son état, pour être la condamnation de sa lâcheté, en lui montrant qu'il aurait pu, aussi bien que lui, faire ce qui lui a mérité le ciel ?
Si maintenant, des obstacles extérieurs nous passons à ceux du dedans, nous verrons que les saints ont eu autant de tentations et de combats que nous pouvons en avoir, et peut-être encore plus. D'abord, du côté des habitudes ; ne croyez pas, M.F., que les saints aient toujours été des saints. Combien en est-il qui ont mal commencé, et qui ont vécu longtemps dans le péché ? Voyez le saint roi David, voyez saint Augustin, sainte Madeleine. Prenons donc courage, M.F., quoique bien pécheurs, nous pouvons cependant devenir des saints. Si ce n'est pas par l'innocence, ce sera du moins par la pénitence ; car le plus grand nombre des saints s'est sanctifié de cette manière.
Mais, me direz-vous, il en coûte trop ! – Il en coûte trop, M.F. ? Croyez-vous qu'il n'en ait rien coûté aux saints ? Voyez David, qui trempe son pain de ses larmes, qui arrose son lit de ses pleurs  . Croyez-vous qu'il n'en coûtât rien à un roi comme lui ! Croyez-vous qu'il lui fut indifférent de se donner en spectacle à tout son royaume, et de servir à tous de risée ? Voyez sainte Madeleine : au milieu d'une nombreuse assemblée, elle se jette aux pieds du Sauveur, accuse publiquement ses crimes dans l'abondance de ses larmes  ; elle suit Jésus-Christ jusqu'au pied de la croix , et répare par de longues années de pénitence, quelques années de fai-blesse ; pensez-vous, M.F., que de pareils sacrifices ne lui aient coûté aucun effort ? Je ne doute pas que vous n'appeliez heureux les saints qui ont fait une pareille pénitence, et versé tant de larmes. Hélas  ! si comme ces saints, nous pouvions comprendre la grandeur de nos péchés, la bonté du Dieu que nous avons outragé ; si, comme eux, nous pensions à l'enfer que nous avons mérité, à notre âme que nous avons perdue, au sang de Jésus-Christ que nous avons profané ! Ah ! si nous avions toutes ces pensées dans nos cœurs, que de larmes nous verserions, que de pénitences nous ferions pour tâcher d'apaiser la justice de Dieu que nous avons irrité  !
Croyez-vous que les saints soient parvenus sans travail à cette simplicité, à cette douceur, qui les portaient au renoncement de leur propre volonté, toutes les fois que l'occasion s'en présentait ? Oh  ! non, M.F. ! Écoutez saint Paul: « Hélas, je fais le mal que je ne voudrais pas, et je ne fais pas le bien que je voudrais ; je sens dans mes membres une loi qui se révolte contre la loi de mon Dieu. Ah ! que je suis malheureux  ! qui me déli-vrera de ce corps de péché  ? » Quels combats n'eu-rent pas à souffrir les premiers chrétiens, en quittant une religion qui ne tendait qu'à flatter leurs passions, pour en embrasser une qui ne tendait qu'à crucifier leur chair ? Croyez-vous que saint François de Sales n'a point eu de violences à se faire, pour devenir aussi doux qu'il était ? Que de sacrifices il lui fallut faire  !... Les saints n'ont été saints qu'après bien des sacrifices et beaucoup de violences.
En 2° lieu, je dis que nous avons les mêmes grâces qu'eux. Et d'abord, le Baptême n'a-t-il pas la même vertu de nous purifier, la Confirmation de nous fortifier, la Pénitence de remettre nos péchés, l'Eucharistie d'af-faiblir en nous la concupiscence et d'augmenter la grâce en nos âmes ? Quant à la parole de Jésus-Christ, n'est--elle pas toujours la même ? N'entendons-nous pas à cha-que instant ce conseil : « Quittez tout et suivez-moi. » C'est ce qui convertit saint Antoine, saint Arsène, saint François d'Assise. Ne lisons-nous pas dans l'Évangile cet oracle : « Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il vient à perdre son âme  ? » N'est-ce pas ces paroles qui convertirent saint François Xavier, et qui, d'un am-bitieux, en firent un apôtre ? N'entendons-nous pas tous les jours : « Veillez et priez sans cesse. » « Aimez votre prochain comme vous-même. » N'est-ce pas cette doctrine qui a formé tous les saints ? Enfin, M.F., quant aux bons exemples, quelque déréglé que soit le monde, n'en avons-nous pas encore quelques-uns devant les yeux, et bien plus que nous n'en pourrions suivre ? Enfin, la grâce nous manque-t-elle plus qu'aux saints ? Ne comp-tons-nous donc pour rien ces bonnes pensées, ces salu-taires inspirations de renoncer à tel péché, de quitter telle mauvaise habitude, de pratiquer telle vertu, de faire telle bonne oeuvre ? N'est-ce pas une grâce que ces remords de conscience, ces troubles, ces inquiétudes que nous éprouvons lorsque nous avons péché ? Hélas ! M.F., combien de saints, aujourd'hui dans le ciel, ont reçu moins de grâces que nous ! Combien de païens, de chrétiens sont en enfer, qui, s'ils avaient reçu autant de grâces que nous, seraient devenus de grands saints !...
Oui, M.F., nous pouvons être des saints, et nous de-vons tous travailler à le devenir. Les saints ont été mor-tels comme nous, faibles et sujets aux passions comme nous ; nous avons les mêmes secours, les mêmes grâces, les mêmes sacrements ; mais il faut faire comme eux, renoncer aux plaisirs du monde, fuir le monde autant que nous le pourrons, être fidèles à la grâce : les pren-dre pour nos modèles ; car nous ne devons jamais per-dre de vue qu'il nous faut être ou saints ou réprouvés, vivre ou pour le ciel ou pour l'enfer : il n'y a point de milieu. Concluons, M.F., en disant que si nous le vou-lons, nous pouvons être saints, car jamais le bon Dieu ne nous refusera sa grâce pour nous aider à le devenir. Il est notre Père, notre Sauveur et notre ami. Il soupire avec ardeur de nous voir délivrés des maux de la vie. Il veut nous combler de toutes sortes de biens, après nous avoir donné, déjà dans ce monde, d'immenses consola-tions, avant-goût de celles du ciel, que je vous souhaite.

 

DEUXIÈME SERMON
POUR LA
FÊTE DE TOUS LES SAINTS

Sur le culte des Saints et des saintes Images

Mirabilis Deus in sanctis suis.
Dieu est admirable dans ses saints.
(Ps. LXVII, 36)

Quand le saint roi David contemplait le ciel, la terre et tout ce qu'ils renferment, il s'écriait avec des trans-ports d'admiration : « Oh ! que Dieu est admirable dans ses oeuvres !  » Mais quand il considérait ce que Dieu a fait pour l'homme, le chef-d’œuvre de sa puissance, de sa sagesse et de sa miséricorde, il s'écriait : « Oh  ! qu'il est bon le Dieu d'Israël  ! » Oui, M.F., Dieu est si bon pour les hommes, qu'il a donné son Fils pour nous sau-ver, et il a retracé dans les saints, toutes les vertus que Jésus-Christ a pratiquées pendant sa vie. Les saints sont comme autant de petits miroirs dans lesquels Jésus--Christ se contemple. Dans ses apôtres, il contemple son zèle et son amour pour le salut des âmes ; dans les mar-tyrs, il contemple sa patience, ses souffrances et sa mort douloureuse ; dans les solitaires, il voit sa vie obscure et cachée ; dans les vierges, il admire sa pureté sans tache, et dans tous les saints sa charité sans borne ; de sorte, M.F., qu'en admirant les vertus des saints, nous ne faisons qu'admirer les vertus de Jésus-Christ, vertus dont il nous a donné lui-même l'exemple pendant sa vie mortelle. Quel bonheur pour nous, M.F., d'avoir devant les yeux des modèles, et des protecteurs en la personne des saints du ciel  ! Ils sont toujours prêts à venir à notre secours quand nous les invoquons ; mais pour mériter ce bonheur, nous devons : 1° avoir une grande confiance en leur protection ; 2° respecter ce qui leur appartient, bien convaincus que l'honneur que nous leur rendons se rapporte tout à Dieu.

I. – Le culte que nous rendons à Dieu est bien diffé-rent de celui que nous rendons aux saints ; c'est un culte d'adoration, de dépendance ; nous honorons le bon Dieu par la foi (détail...), par l'espérance (détail) et par la charité (histoires édifiantes, p.170) . Nous honorons Dieu par un profond abaissement de notre âme devant sa majesté suprême, comme étant notre créateur et notre fin dernière ; mais le culte que nous rendons aux saints, est un sentiment de respect et de vénération pour les grâces que le bon Dieu leur a faites, pour les vertus qu'ils ont pratiquées, et pour la gloire dont Dieu les a couronnés dans le ciel. Nous nous recommandons à leurs prières, parce que Dieu leur a donné un grand pouvoir auprès de lui. Lorsque nous honorons les saints, nous ne faisons qu'adorer Jésus-Christ, c'est-à-dire que nous remercions le bon Dieu des grâces qu'il leur a faites pen-dant leur vie, et qu'il leur fait pendant toute l'éternité ; nous les reconnaissons pour les amis de Dieu et pour nos protecteurs. Nous pouvons dire que c'est pour les saints que Dieu a fait tout ce qu'il a fait. C'est pour eux que Dieu a créé le monde, qu'il le gouverne et le con-serve, c'est pour eux qu'il a sacrifié sa vie en mourant sur la croix, c'est pour eux qu'il a opéré tant de miracles, c'est pour eux qu'il a établi cette belle religion, par laquelle il nous prodigue tant de grâces. Mais pour mieux comprendre l'amour que le bon Dieu a pour eux, voyons le degré de gloire et d'honneur qu'il leur a donné dans le ciel. Jésus-Christ les associe à la compagnie des anges, il les choisit pour ses enfants, ses frères et ses amis, il les établit les cohéritiers de son royaume éternel, il les affranchit de l'esclavage du démon, il les purifie de toutes leurs souillures dans son Sang adorable, il les enrichit de sa grâce et les orne de sa gloire. Voilà bien, M.F., de quoi nous ravir d'admiration, en voyant le degré de gloire où Jésus-Christ les élève. Consolons-nous cependant, nous sommes destinés au même bonheur, si nous vou-lons imiter ce qu'ils ont fait sur la terre. Le bon Dieu veut nous sauver aussi, il nous aime autant que ses saints. Ils ont souffert quelque temps, il est vrai, mais maintenant tout est fini pour eux ; ils ont été calomniés, humiliés, mis en prison, ils se sont privés des plaisirs, ils ont renoncé à leur propre volonté, ils sont morts à eux-mêmes ; les uns ont passé leur vie dans les déserts, d'autres dans les monastères ; mais, encore une fois, qu'est-ce que tout cela en comparaison du bonheur et de la gloire dont ils jouissent dans le ciel ?...
Ce qui est pour nous une grâce bien précieuse, c'est que Dieu a voulu qu'ils fussent nos protecteurs et nos amis. Saint Bernard nous dit que le culte que nous leur rendons, est moins glorieux pour eux qu'il n'est avanta-geux pour nous, et que nous pouvons les invoquer avec une grande confiance, parce qu'ils savent combien nous sommes exposés à nous perdre sur la terre, se rappelant les dangers qu'ils ont courus eux-mêmes pendant leur vie. Pour avoir le bonheur de mériter leur protection, il faut bien remercier le bon Dieu des grâces qu'il leur a faites pendant leur vie, et s'efforcer de pratiquer leurs vertus. Nous devons honorer les patriarches et les pro-phètes, dans leur simplicité et leur ardent amour pour Dieu ; les apôtres, en imitant leur zèle pour la gloire de Dieu et le salut des âmes ; nous devons honorer les mar-tyrs en imitant leur patience dans les souffrances ; nous devons honorer les vierges en imitant leur pureté si agréable à Dieu ; nous devons faire tout ce que nous pouvons pour mériter leur amitié et leur protection.
Nous voyons qu'un grand nombre de pécheurs se sont convertis par la liaison qu'ils ont eue avec les saints ; voyez ce jeune homme que saint Jean confia à l'évêque... sans lui il était perdu selon toute apparence . Voyez le changement qui se fit en saint Augustin, par la liaison qu'il eut avec saint Ambroise  ! Voyez encore combien sainte Marie, nièce de saint Abraham, fut heureuse d'avoir pour ami un si saint oncle  !... Que nous som-mes heureux d'avoir pour amis des saints qui nous aiment ; qui, espérant sauver nos âmes, se font un devoir de nous faire connaître nos fautes pour avoir le bonheur de nous en corriger ; en voici un exemple admirable. Une jeune fille, nommée Apolline, fréquentait un jeune homme, sans penser au danger auquel elle s'exposait. Une pieuse compagne, qui voulait la ramener à Dieu, vint un jour l'avertir charitablement du mal qu'elle fai-sait par ses manières trop libres avec ce jeune homme : « Croyez-moi, ma chère amie, dit-elle, étant plus âgée que vous, je connais mieux votre fragilité. Dans les entretiens et les libertés familières avec des personnes d'un autre sexe, le démon gagne toujours plus qu'on ne peut le connaître ; l'on ne sort jamais de ces sortes de com-pagnie, sans qu'il ne laisse dans notre âme certaines impressions pernicieuses ; la pudeur peu à peu s'affai-blit, et dès que cette vertu s'est affaiblie dans une fille, elle perd bientôt la crainte de Dieu. Le goût de la vertu ne se fait plus sentir, tout ce que la religion avait de doux et de consolant pour nous, devient gênant et pénible. Les sacrements n'ont plus d'attraits, et, si nous les recevons. c'est sans fruit, quelquefois même avec sacrilège. » Apolline se montra d'abord insensible à ce discours, mais touchée par la grâce de Dieu, elle prit le parti d'aller consulter son confesseur. Celui-ci découvrit à la jeune fille tout le mal qu'elle avait fait, et le danger qu'elle avait couru. « Vous avez fait plus de mal que vous ne pensez, dit le confesseur. L'amitié de ce jeune homme pour vous, et celle que vous avez eue pour lui, vous a été plus funeste que si l'on vous avait plongé un poignard dans le cœur ; au moins on ne vous aurait fait perdre que la vie du corps, tandis que cette amitié vous a fait perdre la vie de votre âme, qui a tant coûté de souf-frances à Jésus-Christ ! Il est bien temps de vous retirer de cet abîme où vous vous êtes précipitée. Apolline, touchée du regret d'avoir offensé Dieu, fondit en larmes, remercia son amie des avis charitables qu'elle lui avait donnés, et lui demanda pardon de ses scandales. Elle passa tout le reste de sa vie dans les regrets et la pénitence. Vous voyez, M.F., que si cette jeune fille n'avait pas eu le bonheur d'avoir pour amie une sainte compagne, peut-être n'eût-elle jamais ouvert les yeux sur son état, tant elle s'était aveuglée. Mais si les saints qui sont sur la terre sont déjà si charitables, quelle cha-rité n'ont-ils pas dans le ciel où cette vertu est parfaite ?
Je dis que nous devons invoquer les saints avec une grande confiance ; ces invocations sont une suite de la communion qui unit les fidèles de la terre et les saints qui règnent dans le ciel. Le saint concile de Trente nous dit que, par la prière, nous faisons un saint commerce avec le ciel. Pour nous, qui sommes sur la terre, nous devons invoquer les saints d'une manière suppliante ; afin qu'ils emploient leur pouvoir auprès de Dieu, et qu'ils obtiennent toutes les grâces qui nous sont néces-saires pour vivre saintement sur la terre. Les saints, dans le ciel, règnent avec Jésus-Christ, et lui offrent nos prières quand nous avons recours à eux. Vous voyez donc ; M.F., que nous avons le bonheur de faire un saint commerce avec le ciel, quoique nous soyons encore sur la terre. Oui ! aimons les saints et nous mériterons leur protection. Ils nous aiment encore plus que nous ne pouvons les aimer ; la charité des saints est bien plus parfaite dans le ciel, que celle que nous pouvons avoir sur la terre. Saint Cyprien nous dit que les saints trou-vent leur bonheur à prier pour nous et à nous aider à nous sauver, parce qu'étant assurés de leur gloire, ils se rappellent combien ils ont couru de dangers pendant leur vie. Ils ont reçu de Jésus-Christ un plein pouvoir ; aussi, demandons-leur tout ce que nous voudrons. Soyons-en bien sûrs, M.F., les saints que nous invo-quons ont sans cesse les yeux sur nous : nous en avons un bel exemple dans la vie de saint Louis de Gonzague.
Un jeune homme, nommé Wolfgang, devenu aveugle, avait recouvré la vue par l'intercession de saint Louis de Gonzague. Il voulut aller à Rome pour visiter son sépul-cre, et, passant dans un lieu désert, il fut attaqué par des hommes qui le dépouillèrent de tout ce qu'il avait, et qui allaient lui ôter la vie. Le pèlerin, avant d'entrer dans ce chemin tout couvert de bois, avait imploré le secours de saint Louis de Gonzague, son saint de prédi-lection ; il entendit une voix qui lui dit : « Soyez tran-quille, ne craignez rien. » Voyant ensuite qu'on allait le maltraiter, il eut recours à son protecteur. Tout aussitôt, il entendit une voix qui lui dit de ne point craindre, et qu'il ne lui serait fait aucun mal. Au même moment appa-rut un jeune homme, vêtu en ecclésiastique ; qui lui dit « Mon ami, avez-vous besoin de quelque chose ?... Où allez-vous ? » – « Je vais à Rome, répond Wolfgang, je vais vénérer les précieux restes de saint Louis de Gon-zague, qui m'a fait recouvrer la vue. » – « Et moi aussi, je vais à Rome, dit l'inconnu. » Puis, se tournant vers les malfaiteurs, d'une seule parole, il les mit en fuite. Wolfgang ne douta plus que cet inconnu ne fût un en-voyé du ciel, et n'osa pas lui demander s'il était un ange, ou même saint Louis de Gonzague. Ils se mirent en mar-che. Arrivés à Florence, Wolfgang vit entrer dans l'ap-partement où il reposait, un personnage d'une figure extrêmement belle, et qui se mit à chanter. Notre pèlerin fut si ravi, qu'il aurait volontiers passé la nuit sans dor-mir. La vision disparut bientôt après, mais en lui lais-sant un cœur brûlant d'amour de Dieu. A Rome, l'envoyé céleste conduisit Wolfgang au tombeau même de saint Louis de Gonzague, puis se sépara de lui, en lui pro-mettant d'autres services pour l'avenir. De retour dans son pays, il raconta les grâces qu'il avait reçues par la protection de saint Louis, afin d'inspirer une tendre dévo-tion envers ce bon saint . Voyez-vous, M.F., combien les saints sont attentifs à nous secourir, quand nous avons le bonheur d'avoir recours à eux avec une grande confiance ?

II. – Nous disons que non seulement nous devons avoir une grande dévotion aux saints, parce qu'ils ont le bonheur d'être les amis de Dieu, et de jouir à jamais de sa sainte présence, mais encore, nous devons avoir un grand respect pour tout ce qui leur a appartenu. L'Église a toujours beaucoup honoré les reliques des saints, parce qu'ils sont les membres vivants de Jésus--Christ, les temples du Saint-Esprit, les instruments de toutes les bonnes oeuvres que Dieu a opérées par eux pendant leur vie et après leur mort : ce qui nous con-sole grandement, et ranime notre foi touchant la résur-rection et la récompense de l'autre vie. Oui, M.F., il est une autre vie plus heureuse que celle-ci, et qui nous est réservée, si nous sommes assez heureux pour imiter les saints qui ont vécu avant nous. Que de miracles le bon Dieu n'a-t-il pas faits par les reliques des saints ? Que de morts ressuscités, que de malades guéris. Voyez les apôtres, leur ombre seule guérissait les malades . Les vêtements qui avaient touché le corps de saint Paul, gué-rissaient les boiteux, rendaient la vue aux aveugles et la santé aux malades . Voyez la croix de Jésus-Christ, la plus précieuse des reliques ; lorsqu'on la fit toucher à un mort , celui-ci se leva comme s'il n'avait fait que dormir. Il est rapporté dans l'histoire que le bon Dieu révéla à un saint religieux, l'endroit où était la tête de saint Jean-Baptiste. Le religieux la trouva, en effet, et, passant dans un lieu où venait de se livrer une bataille, les morts se levaient, comme s'ils n'avaient fait que dor-mir. Nous devons donc nous trouver très heureux de posséder des choses qui ont appartenu aux saints. Oh  ! M.F., nous qui avons tant de reliques, que de grâces nous recevrions des saints, si nous avions le bonheur de les prier, de demander ce qui nous est nécessaire pour nous sauver ! Quelle foi, quel amour ne sentirions-nous pas en nous !
Nous devons encore avoir un grand respect pour tout ce qui les représente. Le saint concile de Trente veut que nous ayons une grande vénération pour toutes les images qui nous rappellent les saints  ; en voici la raison. Ces images nous instruisent, elles nous rappellent les mystères de notre sainte religion ; il ne faut quelquefois que la vue d'une image pour nous toucher  et nous convertir ; à la preuve de, ceci, je vous raconterai un trait frappant. Un jeune homme, nommé Dosithée, fut de bonne heure confié à un grand seigneur, pour être élevé parmi les pages de sa cour. Ayant entendu parler des saints lieux, il se rendit à Jérusalem, espérant obtenir quelques grâces. Comme il passait à Gethsémani, il aperçut un tableau où était représenté l'enfer, avec les tourments que les démons faisaient endurer aux damnés. Saisi de frayeur, il s'arrêta. Comme il cherchait le sens de ce qu'il avait sous les yeux, il demanda à une vénérable dame, qui apparemment était la sainte Vierge, quels étaient ces malheureux que l'ont faisait tant souffrir. Elle lui répondit que c'était les réprouvés, que le bon Dieu punissait, pour n'avoir pas voulu observer ses commandements et pour avoir né-gligé de se sauver. Le jeune homme, tout effrayé, demanda ce qu'il fallait faire pour se sauver et n'être pas du nombre de ces malheureux. « Mortifiez-vous, lui dit-elle, priez et jeûnez. », et dans l'instant même, elle disparaît. Le jeune Dosithée, dès ce moment, em-brassa la pénitence, il passa dorénavant une grande partie du temps à prier. Un jeune seigneur qui l'avait accompagné dans son voyage, surpris de ce changement, lui dit qu'une vie de prières et de mortifications ne con-venait qu'à un bon solitaire, et non à un jeune homme de qualité comme lui. Dosithée pensant que c'était un piège du démon, et ne voulant pas résister au mouve-ment de la grâce, demanda secrètement où il y avait des solitaires et comment ils vivaient ; on le conduisit au fameux monastère de Saint Séride, où l'abbé chargea saint Dorothée de l'examiner. Après un long entretien, Dorothée croyant voir en lui une véritable vocation : « Allez, mon ami, lui dit-il en l'embrassant tendrement, le bon Dieu qui vous a donné de si bonnes pensées, vous bénira. » Il fut reçu, et passa le reste de sa vie dans les pénitences et dans les larmes. Il mourut en saint . Eh bien ! M.F., vous voyez que la seule vue de ce tableau le toucha, le convertit, le fit vivre et mou-rir en saint. Sans ce tableau, peut-être serait-il en en-fer ?...
Les images nous instruisent des saints mystères de notre religion et frappent notre imagination. Nous lisons dans la vie de sainte Thérèse, qu'ayant vu un tableau de l’agonie de Jésus-Christ, elle en fut si touchée, qu'elle tomba presque morte. Elle y pensa pendant toute sa vie ; il lui semblait voir continuellement Jésus-Christ dans son agonie au jardin des Olives, prêt à expirer. D'ailleurs, le bon Dieu, pour nous montrer combien le respect que nous portons aux images des saints lui est agréable, s'est servi précisément d'elles pour faire quan-tité de miracles. Il est rapporté que dans la ville de Rome la peste fit une année des ravages si effroyables, qu'elle semblait ne laisser personne, malgré toutes les pénitences et toutes les bonnes oeuvres que l'on faisait. Voyant que rien ne pouvait arrêter ces ravages, le pape saint Grégoire eut la pensée de faire porter en procession une image de la sainte Vierge, qui avait été peinte, dit--on, par saint Luc. Partout où cette image passa, la peste cessa ; et Dieu, pour montrer combien cet honneur que l'on rendait à l'image de sa Mère lui était agréable, en-voya un ange qui fit entendre ces mots : « Regina coeli, laetare ; alleluia. » En même temps la peste cessa par-tout . Le respect que nous rendons aux images se rapporte donc aux saints qu'elles représentent, et l'hon-neur que les saints reçoivent se rapporte à Dieu seul.
Il est encore raconté que l'empereur Léon l'lsaurien avait une telle aversion pour les saintes images, qu'il ordonna de les faire toutes brûler. Saint Jean Damas-cène, alors patriarche d'Alexandrie, etc...  . Ce miracle vous prouve combien la sainte Vierge prend plaisir à l'honneur qu'on rend à ses saintes images ; et cet exem-ple vous enseigne le respect que nous devons avoir pour les images des saints ; aussi ne devez-vous jamais laisser vos maisons sans en avoir quelques-unes, pour attirer sur vous la protection des saints. Les images semblent quelquefois nous montrer les choses dans leur réalité, et souvent elles nous frappent presque aussi fortement que les choses mêmes qu'elles représentent. Voyez ce qui arriva à Bogoris, roi des Bulgares…. . Voyez encore ce qui arriva à sainte Marie Égyptienne, elle reçut la grâce de sa conversion en allant se présenter devant une image de la sainte Vierge.
Il est bien certain que nous ne devons pas mettre notre confiance dans les images, comme faisaient les païens, de leurs idoles ; mais nous devons savoir que l'honneur que nous leur rendons se rapporte au Sei-gneur, de sorte qu'en honorant les images, nous ne fai-sons qu'adorer Jésus-Christ et honorer les saints que les images représentent. En effet, M.F., il ne faut souvent qu'un regard sur un tableau pour nous toucher et nous rappeler les vertus qu'ils ont pratiquées pendant leur vie. Tenez, M.F., jetez vos regards sur l'image de Jésus--Christ dans son agonie au jardin des Olives ; on nous le représente pleurant nos péchés avec des larmes de sang ; pouvons-nous trouver quelque chose de plus touchant pour nous faire pleurer notre indifférence ? Combien de pécheurs se sont convertis en considérant le tableau de la flagellation de Jésus-Christ ? Quelle fut la cause des larmes de Madeleine dans son désert, sinon une croix que l'ange Gabriel plaça devant sa cellule ? Qu'est-ce qui fit tant pleurer sainte Catherine de Sienne, n'est-ce pas parce qu'elle vit Notre-Seigneur se présenter à elle comme au moment de sa flagellation ? Parcourez tous les tableaux de cette église, et vous verrez que la moindre réflexion vous touchera, et vous donnera l'heureuse pensée de mieux faire et de vous convertir ; vous verrez en même temps ce que vous avez coûté à Jésus-Christ, ce qu'il a fait pour votre salut, et combien vous êtes mal-heureux de ne pas l'aimer. Si vous regardez le tableau de saint Jean-Baptiste, tout aussitôt votre esprit se trans-porte dans son désert, où vous le voyez nourri et servi parles anges, livré à toutes sortes de pénitences. Ne vous semble-t-il pas le voir, lorsqu'on lui tranche la tête ? Ne vous semble-t-il pas voir le bourreau devant Hérode, prêt à remettre cette tête à la fille impudique ? Si vous voyez saint Laurent, ne pensez-vous pas de suite à tous ses tourments ? Ne croyez-vous pas l'entendre dire au bour-reau : « Tournez-moi de l'autre côté, je suis assez brûlé de celui-ci. » Voyez saint Sixte, notre bon patron  que vous dit son tableau ?...
Rien, M.F., n'est plus capable de nous toucher et même de nous convertir, que la vue d'un tableau, si nous voulons bien méditer les vertus du saint qu'il re-présente. Aussi devons-nous grandement respecter tout ce qui est capable de nous rappeler et les saints et leurs vertus, mais il faut honorer encore bien plus leurs reli-ques, quand nous avons le bonheur de les avoir. Nous sommes sûrs que les saints dans le ciel nous aiment, et qu'ils désirent ardemment que nous allions les rejoindre. Ils veulent que nous ayons recours à leur protection ; ils ne nous abandonneront pas pendant notre vie. Ils sont nos amis, nos frères : ayons donc pour eux une grande dévotion ; afin que leurs prières et les petits efforts que nous ferons sur la terre, nous procurent un jour le bon-heur d'aller nous unir à eux pendant toute l'éternité. C'est ce que je vous souhaite.

 

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